Scorpius était perdu. Il fit un demi-tour sur lui-même, regarda autour de lui, tentant de repérer un couloir familier, un tableau qui lui dirait quelque chose, mais… rien. Nada.
Il était totalement perdu.

Pour comprendre le pourquoi du comment, sans doute est-il nécessaire de vous expliquer ce que faisait Scorpius avant de se perdre ! Cela ne devrait pas prendre plus de quelques minutes, la chose étant assez simple : Scorpius se cachait.
Ou, du moins, il avait tenté de se cacher, sans grand succès. La bibliothèque où il s’était réfugié en premier lieu n’avait été une bonne cachette que pendant cinq ou dix minutes. Les toilettes avaient été un échec également, et la statue du troisième étage avait été un endroit parfait jusqu’à ce qu’un chat vienne se frotter à ses jambes, et le force à sortir.
J’imagine que maintenant, vous vous demandez : pourquoi Scorpius avait-il besoin de se cacher ? Et bien, la réponse est plutôt simple : il se cachait des Poufsouffles.
Ses nouveaux camarades de classe, de maison, étaient pour la plupart de joyeux lurons affectueux, souriants, et bien attentionnés, cherchant à se faire de nouveaux amis, cherchant à vérifier que tout le monde était bien intégré dans leur maison. Les Poufsouffles n’avaient pas la réputation d’être l’une des maisons les plus solidaires (avec les Serpentards) pour rien : la salle commune pouvait ressembler à la tanière des bisounours, avec des élèves empilés dans les fauteuils, sur les canapés, mangeant des marshmallows devant le feu, buvant du chocolat chaud, et se racontant des histoires d’horreur jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller dormir.
Et si quelque part, Scorpius se sentait attiré par ça, cette affection simple et sans attente, la proximité avec quelqu’un d’autre, il était aussi absolument terrifié par la chose.

Scorpius n’avait pas grandit dans un foyer chaleureux : les étreintes, les baisers, les mots affectueux n’avaient jamais vraiment fait partit de son lot quotidien : oh bien sûr, il avait été très heureux, mais les Malefoy n’étaient pas une famille qui montrait son affection.
Il n’avait jamais été à l’école, et les seuls enfants autour desquels il s’était jamais trouvé étaient des cousins plus ou moins distants. Il n’avait pas grandit entouré d’enfants, il n’avait pas été à l’école, il n’avait pas joué avec les voisins, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait pas eu de voisins.
Son monde s’était soudainement élargit lorsqu’il était entré à Poudlard, et il avait été pris de panique. Il n’était pas habitué à ça. A ce qu’une pièce ne soit jamais silencieuse, à toujours croiser quelqu’un, à toujours voir des gens vouloir parler, voire pire, des gens vouloir lui parler.
Tout cela était écrasant, accablant, ça lui tombait dessus sans qu’il ne puisse rien y faire, et ça le terrorisait, quelque part.

Alors, il se cachait : s’il se cachait, ses camarades de chambre, de classe, de maison, ne pourraient pas lui adresser des signes de la tête, ne pourraient pas venir lui parler, ne pourraient pas poser leur main sur son épaule, cherchant à l’attirer dans une partie de Quidditch, d’échec, de dame, ou quoique ce soit d’autre.

Il avait conscience qu’il ne se montrait pas très accueillants, et qu’il faisait certainement honte aux Poufsouffle. Il avait déjà entendu des remarques sur son passage, clamant à fausse voix basse que les Malfoy devaient avoir été mortifiés d’apprendre que Scorpius avait été envoyé à Poufsouffle (ils ne l’avaient pas été. Son grand-père avait sans doute verdit légèrement, mais sa mère lui avait écrit une longue lettre lui disant qu’elle était fière de lui, et que n’importe qui un demi cerveau de troll pouvait voir que c’était la bonne décision - de toute façon, le choipeau ne se trompait jamais -). Des gens, qu’il ne connaissait pas, qui ne le connaissaient pas, avaient clamés qu’il devait faire honte à ses parents. Et, même s’il savait que ce n’était pas vrai (sa maman lui avait dit !), maintenant il ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils faisait honte à la réputation des Poufsouffles.

Peut-être n’aurait-il pas dû accepter son invitation à étudier à Poudlard. Peut-être aurait-il dû continuer à apprendre à utiliser sa magie à la maison.

Mais, trêve de bavardage, revenons à notre situation actuelle.
Scorpius était perdu dans Poudlard, parce qu’à force de chercher à se cacher et échapper à de potentielles personnes qui pourraient chercher à interagir avec lui, il avait finit par se cacher si bien que même lui ne savait pas comment faire pour revenir jusqu’à sa salle commune.

Bien joué, Scorpius.

Un miaulement tira Scorpius de sa rêverie et, en baissant les yeux, il tomba nez à nez avec… un chat. Bon, ce n’était pas comme s’il ne s’y attendait pas, après tout, il avait entendu un miaulement, pas un croassement.
Le chat était… habillé. De bottes, gants, veste, chapeau… Un attirail fort étrange, il fallait le reconnaître, qui poussa Scorpius a fixer l’animal avec des yeux ronds durant de longues secondes, oubliant les règles basiques de sécurité quand il s’agissait de gérer des félins : ne pas les fixer.
Scorpius était partagé entre trouver la chose adorable, ou parfaitement suspecte. Sans doute l’un et l’autre.

Rien n’aurait pu préparer le Poufsouffle, cependant, à la vision qui le prit de surprise lorsqu’il releva la tête, tiré de sa stupeur par la voix d’un jeune garçon, appelant un certain « Maximilien ». Probablement le chat, l’esprit de Scorpius lui fournit.
Mais, non, en effet. Quand bien même Scorpius se serait préparé à une rencontre avec un être étrange, il n’aurait pas été prêt pour ça.
Le jeune garçon face à lui, plus grand d’au moins vingt bon centimètres, portait un costume de chat.
De chat.

Si Scorpius avait eu l’air surpris, en voyant le chat habillé comme un être humain miniature, ça n’avait rien de comparable au fait de se retrouver face à un humain habillé comme un chat.
Je n’vais pas vous mentir. Le Poufsouffle prit peur, l’espace d’un instant. Il recula, de deux pas, fixant le garçon, se demandant s’il serait assez rapide pour échapper au visiblement fou furieux qui se trouvait face à lui.

Tout doute sur la santé mentale de l’élève disparu de l’esprit de Scorpius lorsque le garçon ouvrit sa bouche, rassurant le Poufsouffle du fait qu’il n’était pas un félin et que son chat n’était pas un élève.
Scorpius se mordit l’intérieur de la joue, hochant lentement la tête, se demandant si le garçon pensait réellement que quiconque aurait pu le prendre pour un chat, et son chat pour un humain.

Le besoin de s’enfuir d’ici, le plus rapidement possible, ne fut surpassé par le besoin de savoir où aller que de justesse, expliquant pourquoi Scorpius hocha de nouveau la tête lorsque le garçon ô combien étrange lui demanda s’il pouvait l’aider : Scorpius aurait plus de chance de survivre à cette rencontre s’il s’enfuyait en direction de sa salle commune, plutôt qu’en courant en rond.

« Je ne sais pas comment faire pour revenir à la Grande Salle. »

Ne pas donner à l’ennemi trop d’information ! Scorpius savait comment revenir dans sa salle commune depuis la Grande Salle, et si l’étrange élève tentait de le suivre pour le liquider, il irait jusqu’à la Grande Salle, et Scorpius pourrait s’enfuir.
Et rester vivant.
Parce que le jeune Poufsouffle n’était toujours pas persuadé qu’il n’allait pas se faire assassiner et manger dans les couloirs.

Qu’est-ce qui lui avait prit de se cacher, hein ?