On a secret mission

Feat. Evan Sangster

Leo était tranquillement en train de s’occuper de ses affaires… pour une fois ! Il avait fait son petit tour du Lac coutumier histoire de se donner faim, suivi d’un petit déjeuner tranquille, partagé avec quelques autres lève-tôt qui le regardaient d’un air méfiant, à moins qu’ils ne soient juste encore endormis, les pauvres. Après ça, il avait prévu d’aller faire semblant de travailler dans la salle commune, et probablement d’embêter suffisamment ses camarades pour que l’un d’entre eux le mette dehors. Ça lui donnerait toutes les excuses du monde pour traînasser quelque part et ne pas s’approcher de ses livres de cours.

Son plan machiavélique préparé, il venait donc de finir son petit déjeuner et se dirigeait vers l’escalier menant aux cachots et à sa salle commune. Il faisait un peu frisquet dans le couloir, remarqua-t-il en se frottant les bras. Franchement, c’était bien la peine de construire un château immense pour y mettre une école, si c’était pour pas l’isoler correctement du froid ! On était en Écosse, pas sur l'équateur, ça se préparait ce genre de choses ! Avisant un tableau représentant une jeune femme en robe sans manches, se balançant paresseusement sur une balançoire, il lui fit coucou de la main.

“Vous avez pas froid, vous ? C’est isolé, dans votre tableau ?” demanda-t-il en s’approchant de la peinture pour la regarder de plus près. “C’est quoi, c’est un micro-climat, là-dedans ? Genre, si on met le tableau dehors, sous la neige, il neigera pas dedans, j’imagine ?”

La jeune femme dans le tableau le regarda de travers, visiblement outrée qu’il envisage de la déplacer à des fins scientifiques et lui tourna tout simplement le dos, toute sa silhouette vibrant de désapprobation. Il y avait quand même un sacré souci du détail là-dedans, Leo était impressionné. Dommage que l’habitante des lieux ne soit pas sensible à son admiration.

“Bon, ben… Désolé de vous avoir dérangé, madame...” s’excusa-t-il en s’éloignant dans le couloir, se grattant la nuque. Il avança, regardant derrière lui, un peu penaud d’avoir vexé un tableau qui devait être certainement très sympathique au demeurant… ce qui fit qu’il ne vit absolument pas Evan, et encore moins son pied, embusqué traîtreusement… dans sa chaussure ?

Leo buta donc contre ledit pied traître et se sentit partir en avant. Avec un glapissement, il battit des bras en un mélange très peu gracieux d’un renard (pour le bruit) et d’une chouette (pour le geste). Il réussit à ne pas s’effondrer par pur miracle, avançant à cloche pieds sur un ou deux mètres sans cesser d’essayer de s’envoler, jusqu’à parvenir à se stabiliser. Il reconnut Evan sans peine, appuyé comme un frimeur contre le mur et remarqua son pied encore avancé… ça ne ressemblait pas du tout à un accident, ça.

“Est-ce que tu viens d’essayer de me tuer ?” demanda-t-il, sidéré, avant de rajouter, sans lui laisser le temps d’en placer une “Swag, je t’ai déjà dit : tu peux pas me tuer… Si tu le fais, qui t’aidera à planquer mon cadavre, vu que c’est mon boulot ?”

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Feat. Evan Sangster

Leo tira très aimablement la langue à Evan, histoire de lui faire comprendre ce qu’il pouvait faire de ses commentaires sur sa grâce… D’abord, les joueurs de Quidditch n’avaient pas à être gracieux, mais rapides, agiles et un poil inconscients, aussi. Et ça correspondait tout à fait à Leo qui avait réagi rapidement et avec agilité pour éviter la chute, alors qu’il avait inconsciemment marché sans regarder où il mettait les pieds. Voilà. Logique imparable. Il doutait qu’Evan aie réussi à comprendre l’intégralité de son raisonnement juste en lisant ses grimaces, mais bon… il était conscient qu’il n’était pas vraiment facile à suivre, par moments… Au moins, Leo était d’accord avec lui-même. Par contre, à la remarque suivante de son ami, il se sentit obligé de protester.

“Alors d’abord, je te signale que je parlais pas au mur, je parlais à un tableau, c’est carrément pas la même chose ! Pas que ça me gênerait de parler à un mur, mais c’est pas sympa pour les tableaux, ils ont du répondant, quand même !” protesta-t-il pour défendre l’honneur de tous les adorables tableaux qui l’avaient aidé à ne pas se perdre dans l’école… Les escaliers bougeaient, ok ? N’importe qui se perdrait là-dedans, et Leo avait juste trouvé une technique efficace pour éviter ce genre de problème. Evan était juste jaloux, voilà tout.

Il secoua la tête, déçu que son ami n’ait toujours pas compris l’importance de tisser des liens avec tous les membres de l’école, pas juste les vivants, mais sa demande d’un coup de main fit passer ces considérations au second plan. Glissant son propre bras sur celui du serpentard, Leo se pencha vers lui pour mieux écouter ce qu’Evan lui murmurait à l’oreille et un sourire enfantin et ravi vint éclairer son visage.

“Sérieux ? Tu parles que je vais t’aider ! Est-ce que je peux voir, d’abord ?” demanda-t-il en sautillant sur place, l’air surexcité du gamin de quatre ans à qui on vient de proposer un bonbon. Il lui lança même une petite moue suppliante, histoire d’être sûr de ne pas faire remonter son âge mental. Mais vraiment, face à ce qu’Evan lui proposait, il ne pouvait pas agir raisonnablement… du moins aussi raisonnablement qu’un adolescent pouvait agir. En plus, il était évident que son ami ne lui aurait jamais demandé de l’aide à lui s’il avait eu besoin de quelqu’un de censé. Il était donc tout à fait autorisé à agir comme un gosse. Ça aussi, c’était d’une logique imparable. Décidément, se lever tôt lui réussissait !

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Feat. Evan Sangster

Leo hocha la tête plusieurs fois pour faire comprendre à Evan qu’il serait sage… et qu’il était également très impatient de pouvoir admirer enfin le trésor pour lequel ils complotaient. Il était très reconnaissant à son ami de l’avoir mis dans la confidence. Rien que pour ça, il était prêt à lui pardonner ses remarques… d’autant que c’était Evan, hein. Il montrait son amour pour les gens en leur cassant du sucre sur le dos. Il paraissait que c’était un truc de Serpentard, mais Leo n’était pas sûr. Si c’était le cas, ça voulait dire que Hope Quinn, c’était la plus grande philantrope du monde… et ça, c’était discutable.

Poussé dans le placard par Evan (et si c’était pas drôle, comme tournure de phrase, ça… c’était pas comme si Leo avait pas de base un pied dedans, mais bref !), il trébucha et entra à l’intérieur. Il fit attention où il marchait, merci bien, et choisit de s’accroupir bien vite devant ce qui les occupait, avec la tête du gamin émerveillé, toutes ses préoccupations d’orientation sexuelle bien vite oubliées face à cette merveille.

Complètement indifférent à l’intense réflexion d’Evan de l’autre côté du placard, il laissa échapper un couinement de gagatisation profonde. Il réussit in-extremis à limiter le niveau sonore de sa réaction, plus par instinct de survie vis à vis du Serpentard qui lui, utilisait son cerveau, que par réelle envie de discrétion. Il fallait dire que franchement, c’était difficile de retenir son admiration.

“Oooooh mais regarde moi ça ! Mais c’est trop beau ça, pas vrai ? Oui ? Oui, c’est trop beau ! Awwww~~!” couina-t-il à voix basse en agitant les doigts pour se retenir, toujours par instinct de survie de venir mettre ses mains partout.

Comment ? Evan était en train de lui parler ? Il tourna la tête en percevant une note interrogative dans sa voix.

“Hein ? Tu disais ?” demanda-t-il sans chercher à se faire pardonner pour son inattention. Ça ne marchait ni sur les profs, ni sur ses parents, de toute façon, pourquoi ça serait différent avec Evan ?

On a secret mission

Feat. Evan Sangster

Leo était assis sur les talons dans la pénombre, la tête penchée en arrière vers Evan pour lui prouver que oui, bien sûr qu’il s’intéressait à leur petit complot du moment, d’abord ! Ce n’était pas parce qu’il faisait mumuse qu’il ne comprenait pas l’urgence de la situation. Il se trouvait juste qu’il pouvait faire deux choses à la fois : mumuse et ne pas trouver d’idées. Des fois, il se disait qu’Evan avait une piètre opinion de lui… mais après tout, le Serpentard lui avait demandé de l’aide, et rien que ça, ça prouvait qu’il lui faisait un minimum confiance. Et il avait raison, d’ailleurs. Se remettant debout pour laisser Evan travailler, il se promit de faire tout son possible pour prendre soin de ce qu’il pointait avec sa baguette.

Il se permit un petit sifflement admiratif. Ça, c’était de la métamorphose de beau gosse, il n’y avait pas à dire. Qu’Evan réussisse à allier magie et sens de la mode, c’était carrément grave la classe !

“Swaaaaaag ! ” salua-t-il, utilisant le surnom pour son ami en guise de compliment. Encore une preuve qu’il pouvait faire deux choses à la fois.

Hochant la tête plus sérieusement, il vérifia que ses lacets n’étaient pas défaits (ça lui était arrivé une fois, et ça avait pas été très rigolo), il rajusta son sac sur son épaule et fit un petit salut aussi militaire que possible pour quelqu’un qui n’avait vu ce genre de geste qu’à de rares occasions à la télévision moldue.

“Ok, chef, taille la route, je suis derrière tes arrières, à protéger tes abattis ! Leo-parle-aux-murs couvrira ton avancée ! ”

Il glissa la tête par la porte pour s’assurer que la voie était libre, puis il fit signe à Evan de tracer, se lançant sur ses talons.

L’opération Poilu Furtif était lancée.