La journée s’annonçait intéressante. En tout cas, c’est ce que pensait le Professeur McGonagall, directrice de l’école Poudlard, située au fin fond des landes écossaises. Aujourd’hui, malgré le week-end calme qui s’annonçait, elle avait une entrevue avec l’une de ses étudiantes. Une certaine Jordan Lawford, élève de sixième année à Serdaigle, impatiente de se décider quant à son avenir et son orientation professionnelle. Très studieuse, elle avait envoyé un hibou la veille afin de demander un entretien, son directeur de maison ayant d’autres préoccupations actuellement et ne pouvant pas l’aider dans l’immédiat. Bien entendu, il n’était pas courant de profiter du temps de la directrice de l’établissement à des fins personnelles quand celles-ci pouvaient se régler autrement et n’avaient pas de caractère urgent. Mais que voulez-vous ? Minerva, devant la requête, s’était sentie rajeunir et s’était revue au même âge. Les mêmes questions, la même impatience… et la même crainte de faire le mauvais choix. Et elle n’avait pas su retenir son enthousiasme, invitant la rouquine à la rejoindre dans son bureau dès le lendemain, au beau milieu de l’après-midi. Etre directrice avait certains avantages, celui de pouvoir arranger son planning comme bon vous semble en faisait parfois partie. Alors, pourquoi s’en priver ?

     Pour accéder au bureau directorial, il fallait se présenter à la Gargouille qui en gardait l’entrée au deuxième étage et lui présenter le mot de passe. Cependant, l’ancienne Gryffondor n’en avait pas transmis à son élève sachant que la statue la préviendrait de toute présence que ce soit devant elle. Et si elle recevait l’autorisation de la maîtresse des lieux, elle accepterait de se déplacer pour laisser l’accès à une volée de marche en pierre qu’il faudrait escalader pour atteindre le sommet de la tour. Là-haut, une porte en chêne munie d’un heurtoir en cuivre en forme de griffon finissait d’isoler la pièce. Celle-ci était connue pour sa taille impressionnante. De forme circulaire, elle comportait plusieurs fenêtres d’où émane parfois au coucher du soleil, une lumière rouge éclatante, rendant l’atmosphère des plus chaleureuses. Mais la jeune Serdaigle n’aurait pas la chance d’admirer la beauté de l’évènement, son rendez-vous étant fixée pour le milieu de l’après-midi en cette fin d’été. Bien que la décoration et le contenu puisse évoluer en fonction du directeur, certaines choses restaient identiques telles les portraits des anciens directeurs morts durant l’exercice de leurs fonctions dont faisait partie feu Albus Dumbledore, l’homme qui l’avait fait entrer à Poudlard pour y transmettre ses connaissances en matières de métamorphose à plusieurs générations de sorciers. Malheureusement, on ne pouvait pas dire qu’il fut bien bavard… Son portrait semblait plongé dans un long sommeil dont personne n’avait su l’extraire malgré les stimulations diverses et variées. Parmi tout ce beau monde se trouvait une exception : Severus Rogue, ancien directeur de la maison Serpentard et pendant quelques mois, directeur de Poudlard. Période sombre pour l’école. Cependant, bien qu’il ne soit pas mort en fonction, l’homme s’était avéré d’une loyauté sans faille envers l’école et ses élèves. Et c’est pour honorer son courage que le jeune Harry Potter à la fin de la guerre, s’était battu pour le faire reconnaître et lui obtenir une place à la hauteur de son mérite. Que de souvenirs ici…

    Plongée dans ses pensées et dans la rédaction parallèle de quelques courriers, Minerva ne se rendit pas compte de l’heure qui venait de s’écouler et c’est surprise par le temps qu’elle vit la Gargouille se présenter à elle, lui annonçant l’arrivée de Miss Lawford.

« Professeur, une jeune demoiselle portant l’écusson de Serdaigle dit avoir rendez-vous avec vous.

- Laissez-la passer, je vous prie.»

    Replaçant ses lunettes qui avaient tendance à glisser le long de l’arête de son nez pendant qu’elle usait sa plume, la directrice profita du peu de temps qui lui restait pour conclure sa rédaction. Quelle synchronisation parfaite entre elle et son élève ! A peine avait-elle apposé sa signature au bas du parchemin qu’elle entendit le bruit discret du poing de la bleu et argent contre le bois massif de la porte. L’invitant à entrer tout en restant assise à son bureau, le professeur leva les yeux dans la direction d’où provenait le mouvement. La carrure svelte de son élève évolua dans sa direction et se stoppa à quelques pas de la porte à peine.

« Bonjour Mademoiselle Lawford. Ne soyez pas gênée, approchez ! »

     Tout en répondant à la salutation de la jeune femme, Minerva s’était légèrement redressée et lui indiquait le siège face à elle pour l’inviter à la rejoindre. La mine de l’étudiante affichait une déception qu’elle ne prenait pas la peine de cacher, faisant sourciller la directrice. Etait-ce le bureau qui lui provoquait cette émotion ou bien l’idée de s’entretenir avec elle finalement ? Après tout, autant ne pas tourner autour du pot. Si c’était l’idée de leur rencontre qui décevait la Serdaigle, autant lui offrir une porte de sortie. Après tout, c’était déjà bien de s’être déplacée pour honorer leur rendez-vous si finalement elle avait changé d’avis.

« Vous semblez déçue, Mademoiselle. Serait-ce notre rencontre qui ne vous convient finalement plus ou est-ce autre chose que je pourrais peut-être résoudre ? »

    Son regard survola la pièce à la recherche de l’origine du changement brutal dans le faciès de Jordan. Etait-elle déçue par l’agencement ? La décoration ? S’était-elle imaginer quelque chose de grandiose au point de trouver le bureau de la directrice décevant ?  Ce n’était pas partout pourtant dans le château que l’on pouvait trouver tant d’illustres personnages, une cheminée raccordée au réseau, des objets d’une grande valeur et aussi puissant que pouvait l’être la pensine, le choixpeau et l’épée de Gryffondor en personne. Et il ne devait pas y avoir de bibliothèque plus fournie en documents concernant les secrets du château, son histoire et… la métamorphose en général. Après tout, c’était bien sa matière de prédilection et bien qu’elle n’enseigna plus, Minerva n’en était pas moins passionnée qu’auparavant.

En entendant la question de la directrice, la jeune Jordan se décomposa encore plus si cela était possible. C’est le rouge aux joues qu’elle s’empressa de détromper la femme qui lui faisait face. Son semblant de déception n’était pas dû à leur entretien. Soit, mais n’en sachant pas plus, il était bien difficile de comprendre l’expression qu’elle avait plus tôt affichée. Bon, passons à autre chose, il aurait été inconvenant d’insister davantage.

    Prête à prendre la parole pour mettre en place l’échange au sujet des ambitions de son étudiante, le professeur McGonagall stoppa net son geste, cette dernière la devançant. Ce n’était cependant pas pour discourir au sujet de son courrier ou de tout autre chose s’y rapportant mais pour finalement justifier les faits abordés à son arrivée. Selon elle, son dépit était le fruit de sa rencontre avec la Gargouille qui gardait les lieux. Regardant la Serdaigle par-dessus les lunettes, une moue peu convaincue, Minerva préféra toutefois ne pas relever ce qui paraissait à ses yeux comme une excuse peu plausible. D’autant plus qu’il n’y avait aucune raison pour la Gargouille de discuter avec une élève. Ce n’était pas elle qui recevait les entretiens mais bien la personne qu’elle cachait au reste du château. En tout cas, on ne pouvait pas lui reprocher son originalité dans sa réflexion. C’était bien une digne héritière de Rowena qui était assise face à elle.

    Ne prenant pas la peine de répondre à son étudiante  qui ne s’attendait sûrement pas non plus à ce qu’elle le fasse, l’ancien professeur de métamorphose se contenta de l’observer, un sourire naissant au creux de ses lèvres. Rien de mieux que le silence pour faire retomber le coup de pression qu’avait subi Jordan qui s’était lancé dans l’observation des objets l’entourant. Son regard s’était arrêté sur les portraits disposés tout autour de la salle en hauteur et plus précisément sur l’ancien mentor de la personne à qui appartenait ce bureau. Plongée dans ses pensées, l’étudiante ne semblait pas voir le temps passer et malgré sa curiosité, la directrice la laissa profiter de cet instant. La première fois dans cet endroit si secret et chargé d’histoire faisait toujours sensation d’une façon ou d’une autre.

    Le calme qui s’était installé fut à nouveau troublé par la bleue et argent à qui échappa une question bien curieuse. Elle-même semblait surprise par les mots qui lui avaient échappés mais ne pouvant plus les retenir, se confondit en excuses, provoquant chez son interlocutrice une réaction amusée. Nul doute que son mentor aurait adoré être présent à cet instant précis. Avait-il eu ce même type de réaction de la part de certains de ces élèves ? Toujours est-il qu’une question attendait toujours une réponse et qu’il aurait été déplacé pour Minerva de continuer d’ignorer son élève. En tout cas, la réaction des autres anciens directeurs ne se fit pas attendre et il leur fallut patienter un peu pour que le brouhaha provoqué s’apaise de lui-même. Certains semblaient outrés par les propos tenus par la jeune femme, d’autres étaient amusés. A nouveau au summum de la gêne, la Serdaigle chercha à s’occuper les mains et sortit un petit calepin et une plume afin de prendre des notes durant l’entretien qui n’allait plus tarder à commencer. Finalement, il fut temps pour la maîtresse des lieux de prendre la parole.

«  Un jour, peut-être. Ici sont représentés tous les directeurs de Poudlard une fois la mort les ayant arrachés à leur poste. Seuls les dirigeants morts pendant leur fonction peut espérer apparaître, exception faite par feu Severus Rogue. Je ne peux que vous conseiller d’emprunter à la bibliothèque l’Histoire de Poudlard qui vous expliquera plus en détails le fonctionnement de l’établissement et évoquera plusieurs sujets de ce type qui pourraient vous intéresser. »

    Se retenant de sourire plus largement, McGonagall observa miss Lawford prendre en note son conseil, ne prenant pas la peine de relever la tête dans sa direction, continuant à cacher son malaise. Le Choixpeau ne s’était semble-t-il finalement pas tromper sur son compte. En tout cas, c’était ce qui semblait se détacher de ces premiers échanges.

« Bien, il est temps de commencer. Donc, ici, j’ai repris l’ensemble de votre dossier scolaire ainsi que vos résultats aux BUSE. Cela pourra nous aider à trouver des pistes pour votre avenir. Mais tout d’abord, qu’attendez-vous exactement de cet entretien ? Avez-vous des questions en particulier ? Souhaitez-vous me faire part de vos réflexions dans un premier temps ? Je vous avoue avoir été surprise de recevoir votre missive hier et attends d’en savoir un peu plus de vos motivations. »

    Les entrées en matière n’étaient pas spécialement ce que préférait le professeur McGonagall mais l’expérience lui avait appris à se lancer. Il n’était pas nécessaire d’en faire des tonnes finalement ni même se montrer solennel. Il suffisait surtout de se jeter à l’eau et aller droit au but. Après tout, ça lui était bien plus familier comme façon de faire en tant qu’ancienne Gryffondor. Et dire que le Choixpeau avait longuement hésité avant de l’envoyer chez les rouges et or. Gryffondor, Serdaigle ? Et la petite Minerva qui n’y connaissait pas grand-chose et qui ne savait pas quoi lui dire pour l’aider à se décider… C’était finalement l’impatience du moment qui avait aidé le bout de tissu à se décider. Trop de tempérament ajouté à des idées de moral déjà bien développées pour son jeune âge avait fait pencher la balance. Que serait-elle devenue si elle avait demandé à rejoindre la maison Serdaigle ? Aurait-elle perdue de sa fougue pour faire de la place à toutes ses capacités intellectuelles ? Aurait-elle fait beaucoup de choix différents tout au long de sa vie ? Des questions auxquelles personne n’aurait de réponse mais qu’elle avait déjà plus d’une fois évoqué avec son ancien collègue, le professeur Flitwick. Lui aussi avait été un choixpeau flou mais il avait fait le choix de rejoindre la maison à laquelle appartenait finalement l’étudiante assise face à la directrice.

Minerva avait écouté son élève sans la couper dans ses réflexions. C’était le meilleur moyen pour elle ensuite de reprendre point par point l’évolution de ses pensées et se faire une idée des attentes de l’étudiante. Voyant que cette dernière venait de s’arrêter et l’observer patiemment, elle comprit qu’elle attendait un retour de sa part. Le mieux dans l’histoire était de commencer par le commencement comme on dit et c’est dans cette optique qu’elle prit le temps de démarrer son exposé par là où avait démarré Jordan, laissant pour plus tard les informations concernant les Langues de Plomb.

    - Votre questionnement concernant votre avenir est plus que sensé arrivée à un tel avancement dans vos études. Vous avez récemment reçu vos BUSE et savez donc quelles matières vous allez pouvoir présenter ou non lors des ASPIC l’an prochain. Alors déjà nous pouvons rayer la botanique de vos prétentions, vous avez du remarquer que ce cours n’était plus présent dans votre planning depuis la rentrée.

    Prenant le temps de faire une pause pour s’assurer que ses paroles s’encraient bien dans le cerveau de son élève, le professeur McGonagall en profita pour reprendre son souffle avant d’enchaîner :
    - Je ne sais pas quelles étaient vos ambitions avant de découvrir le monde sorcier. Néanmoins, vous aide douée d’aptitudes assez développées dans nombre de matière comme la défense contre les forces du mal, l’étude des moldus, les sortilèges et l’étude des runes. De plus, vous avez aussi un bon niveau dans les autres cursus vous laissant ainsi beaucoup de portes ouvertes. Parmi ces matières, y en a-t-il une ou plusieurs qui vous plaisent le plus ? Même dans celles où vous n’avez pas forcément eu optimal, j’entends.

    La question n’attendait pas de réponse de suite et la jeune Lawford semblait l’avoir compris, se contentant d’hocher la tête en signe d’acquiescement et laissant ainsi le loisir à sa directrice de reprendre son exposé. Entrant dans le vif du sujet concernant les métiers du Ministère, celle-ci essaya de lui expliquer au mieux ce qu’il en était de ceux qu’elle avait mentionnés auparavant :
    - Le Magenmagot est la grande cour de Justice du monde sorcier britannique. Il a pour mission d’établir des décrets, de juger les manquements aux lois. Son chef est nommé Président sorcier. C’est en général lui qui préside l’audience et se charge des interrogations lors des procès. C’est une grande responsabilité que d’en faire partie et il faut beaucoup d’ambition pour gravir les échelons et pouvoir prétendre à un siège. Pour cela, des connaissances en matières de Justice Magique sont plus que requise puisque c’est le but même de cette assemblée. En ce qui concerne les Langues de Plomb, nous n’en savons pas grand-chose, d’où leur appellation. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’ils travaillent au département des mystères et cherchent à comprendre la Magie dans sa globalité afin de pouvoir développer des sujets bien précis comme son influence sur le temps, les sentiments, l’espace… Il y a de fortes chances pour qu’ils soient les seuls à détenir le secret des retourneurs de temps pour être certainement à l’origine de leur existence. Leur rôle est invisible pour le commun des sorciers et pourtant l’application de leur recherche se retrouvent sûrement bien plus dans notre quotidien que ce que l’on peut penser. Je vous conseille de vous rapprocher du Professeur Collins. C’était sa profession avant d’arriver chez nous. Peut-être pourra-t-elle vous en dire même un peu plus à ce sujet. En tout cas, il me semble que leurs missions sont principalement cérébrales et donc plus en accord avec votre curiosité intellectuelle et vos attentes en matière de travail.

    Espérant ne pas avoir assommé son étudiante sous la tonne d’informations qu’elle lui avait envoyé en si peu de temps, Minerva décida de rester sur cette conclusion pour laisser le temps à Jordan de digérer ce qu’elle venait d’entendre. Ces données allaient-elle suffire à répondre à ses attentes ou finiraient-elles de lui en amener de nouvelles ? L’ancienne Gryffondor ne doutait pas de l’apprendre assez rapidement. Après tout, Miss Lawford n’était pas du genre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir. Et sa spontanéité ne manquerait pas d’achever le tableau.

Le bruit de la plume grattant le parchemin était l'un des sons qu'appréciait le professeur McGonagall. Finalement, l'étudiante semblait réellement intéressée par les propos qu'elle lui tenait à en croire les lignes et les lignes qu'elle noircissait. Cette impression fut bien vite renforcée lors de ces quelques interventions.

- Les sortilèges sont une matière complexe qui peuvent ouvrir sur bien des domaines. Mais en fonction de celui que vous choisissez, il vous faut vous spécialiser dans cette voie. Mais autant dire que ce n'est pas non plus la matière à travailler le plus si vous choisissez de devenir gratte-papier au Ministère, lança la directrice à son élève en lui faisant en clin d’œil.

    La curiosité de la jeune Jordan ne paraissait pas s'endiguer. Au contraire, elle rebondissait à chaque information qu'on lui fournissait. Cependant, les questions qui étaient posées étaient larges montrant les lacunes de la Serdaigle. Pas mal de ses interrogations n'existeraient même pas si elle avait été d'origine sorcière. Tout comme celle qu'elle venait de livrer sur les ASPIC...

- Votre question n'est pas assez détaillée. Vous pouvez très bien travailler au Ministère sans beaucoup de diplôme ou avec un niveau médiocre dans n'importe quelle matière. Tout dépend de vos ambitions personnelles et de vos aptitudes. Par exemple, pour travailler au Département des accidents et catastrophes magiques, des connaissances sur les sortilèges et les moldus sont en effet des atouts ! Alors que pour faire partie du Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, des connaissances poussées sur les créatures concernées et les lois qui existent à leur sujet sont primordiales...

    Minerva n'eut pas le temps de continuer ses explications qu'une chouette apparut derrière l'un des vitraux de son bureau. Le vent soulevait quelques unes de ses plumes, l'ébouriffant. Tapant du bec contre le verre, il observait les deux femmes, attendant qu'on vienne lui ouvrir. Ne le faisant pas tarder, l'ancienne Gryffondor se leva et alla le rejoindre. L'animal avait à la patte une bague à laquelle l'expéditeur avait accroché une note. Jetant un coup d’œil rapide à celle-ci, elle fronça les sourcils d'un air contrarié. Voilà qu'elle était demandé à l'autre bout du château pour régler quelque affaire.

- Veuillez m'excuser mademoiselle Lawford, si ça ne vous dérange pas de patienter quelques instants, je reviens au plus vite. Vous pouvez rester ici si vous le souhaiter. Mais surtout, ne touchez à rien de ce qui se trouve dans ce bureau.

    Sans plus attendre, l'animagus prit la direction de la sortie, laissant son étudiante seule dans ses quartiers...

L'entretien entre Miss Lawford et le professeur McGonagall n'avait pas beaucoup d'intérêt aux yeux du Choixpeau. Après tout, avec tous les mouvements dans le bureau durant l'année, il avait appris à ne plus y faire attention. Ce n'est pas comme si il n'avait que ça à faire de ses journées ! Il avait une mission de la plus haute importance à remplir : être prêt à réciter une énième chanson pour débuter l'année scolaire. Et pour cela, il se devait de se tenir informé des bouleversements dans la monde magique afin d'orienter au besoin les petites têtes blondes qui le revêtaient une fois dans leur vie. Et pour ça, il n'avait pas besoin d'écouter les élucubrations d'une étudiante en quête d'une voie professionnelle. C'est donc sans surprise qu'il s'était rendormi après que le calme fut revenu dans le bureau suite à une remarque de la Serdaigle.

    Le temps passa sans qu'il ne puisse dire exactement l'heure qu'il était lorsqu'il fut sorti de sa léthargie par la jeune femme qui lui adressait la parole. Se reconnectant à la réalité, il s'aperçut que la directrice n'était plus dans le coin et comprit que son interlocutrice profitait de son absence pour faire le tour du propriétaire. Et son intérêt s'était tout bonnement arrêté sur lui. Comme à chaque fois qu'un élève pouvait s'aventurer autour de lui en dehors de la cérémonie de répartitions. La curiosité des Serdaigles... Devait-il l'ignorer ou prendre la peine de lui répondre ? Après tout, il pouvait bien faire une entorse à ses habitudes ! Un nuage de poussière s'éleva dans les airs quand il s'anima et prit la parole :

- Miss Lawford... 6ème année, Serdaigle. Un choix particulièrement difficile à faire au premier abord... Il me semble que le professeur McGonagall vous a demandé de ne pas fouiner... Y a-t-il une raison particulière à ce que vous vous aventuriez à me réveiller ?

Tout en déblatérant, le légilimens sentit la déchirure qu'il portait se mouvoir, donnant l'impression qu'il s'exprimait par là. Quelle belle magie qu'avait réussi à produire les fondateurs il y a déjà fort bien longtemps... Une belle magie qui était bien rare de croiser quelle que soit les époques. Le Choixpeau était l'une des reliques les plus précieuses qui existaient. Sa perte serait terrible à bien des égards ! A lui seul, il possédait une part de quatre des plus grands sorciers de tous les temps et personne n'avait jamais réussi à reproduire ce type d'artefact. C'était un modèle unique que beaucoup observé avec émerveillement. Enfin... c'est ce qu'il aimait à croire.

Si le choixpeau avait eu des sourcils, il les aurait froncés d'un air dubitatif à la réflexion de l'étudiante. Comment pouvait-il avoir envie de "respirer l'air extérieur" ? Vous en connaissez beaucoup des chapeaux qui respirent en général ? S'imaginait-elle qu'il possédât une paire de poumon dans sa doublure en cuir ? Soupirant à cette idée, il daigna tout de même lui faire remarquer :

- Pourquoi voudrai-je sortir d'ici alors que je suis au cœur de tous les événements importants qui se déroule dans cette école ? Je peux voir et participer à toutes les réunions, à tous les échanges qui concernent le collège et j'ai par la même occasion accès à une foultitude d'informations plus ou moins confidentielles.

Pendant qu'il lui répondait, le bout de tissu pouvait voir la sorcière se reculait, un air sérieux recouvrant ses traits. Elle ne semblait qu'à moitié intéressée par ce qu'il lui disait, comme si elle était déjà en train de se noyer sous de nouvelles pensées. Ce qui devait être le cas car finit par lui jeter une question pour le moins surprenante venant d'elle. Depuis quand doutait-elle de sa répartition ? Il est pourtant connu que le Choixpeau ne se trompe JAMAIS.

- Hm... Je ne regrette aucune répartition. Et quand je vous vois dans ce bureau et les raisons qui vous ont poussées à y pénétrer, je me dis que je ne me suis pas trompé à votre sujet. Vous êtes bel et bien une Serdaigle à mon sens. Bien que je vous avoue avoir pensé à une autre maison au vue de vos aptitudes de départ mais il faut penser aux autres paramètres qui entrent en jeu comme vos attentes. Et pour moi, c'est définitivement parmi les Serdaigles que vous deviez vous trouver pour optimiser votre développement personnel. Vous êtes une intellectuelle, vous êtes de la trempe de celle qui a fondé votre maison, ça ne fait aucun doute.

Que pouvait-il ajouter de plus ? Lui dire qu'à l'origine, l'idée de l'envoyer à Serpentard lui avait traversé l'esprit à cause de la façon dont elle avait de se comporter avec les autres et de son ego surdimensionné à l'époque. Mais pouvait-on lui reprocher d'avoir été la fille à papa par excellence ? Non, indéniablement, Serdaigle avait été le bon choix et lui avait permis de s'ouvrir sur le monde et sur l'alter ego. Chose qu'à Serpentard, il y ait eu peu de chance que ça arrive même si il est vrai que depuis la chute du Lord Noir, cette maison avait réussi à redorer son blason en essayant de gommer certains de ses défauts.