Hear my thoughts in every note

la musique fait danser dans les consciences

Samedi était enfin arrivé. La semaine avait été très longue. Les devoirs les plus importants commençaient à tomber et les divers professeurs avaient mis la barre beaucoup plus haute pour préparer leurs étudiants aux BUSEs imminentes. Absolan avait passé une semaine terrible, tous les cinquième année étaient sur les nerfs, dont lui-même. Il avait l’impression que ses révision avec Eileen n’avançaient pas. Forcément, si il passait plus de temps concentré sur son visage que sur leurs notes ! Enfin, cette pensée le fit sourire, tandis qu’il quittait la Grande Salle où il avait pris son déjeuner. Yulrick n’avait pas été trop insupportable aujourd’hui, comparé au reste de la semaine. C’était sûrement le week-end qui allégait son humeur de chien. Il était à peu près tranquille en ce tout début d’après-midi.

Le jeune Lestrange espérait ne pas arriver trop en retard pour son rendez-vous du samedi. Quand il s’approcha du croisement menant au couloir où il se posait d’habitude, il entendit quelques notes résonner contre les parois pierreuses du château. Et déjà, oui déjà, il en avait des frissons. Il s’agissait d’une chanson qu’il ne connait absolument pas. Peut-être encore une ces chansons moldues que China – il avait appris son nom par hasard dans la Grande Salle il y a quelques semaines – jouait régulièrement. Etant donc légèrement en retard, il s’installa derrière une statue qui lui permettait selon lui, de ne pas être vu et de profiter pleinement du son produit par la lionne. Il sortit une pomme de sa poche et croqua dans cette dernière, les yeux dans le vague. Il se laissait bercer par les notes qui se dégageaient de la guitare et de la gorge de la jeune femme. Parfois, une vague de frissons lui hérissait le duvet de la nuque, une sensation à laquelle il avait particulièrement pris goût. Avant China, il avait déjà entendu certains personnes jouer de la guitare, mais aucune n’en jouait aussi bien. En tout cas, personne ne lui faisait passer de telles émotions. C’était comme une conversation sourde avec son instrument, avec elle. Il était tantôt transcendé par de l’énergie à revendre, parfois par une grande triste, en passant par la mélancolie, la joie, la bonne humeur, la candeur. Les yeux fermés, il laissait son visage s’agiter doucement au rythme de la musique qu’elle produisait, médusé.

« Franchement... Tu sais qu'à force d'observer les gens comme ça on va te prendre pour un psychopathe ? » Il fronça automatiquement les sourcils. China ne chantait plus. Elle parlait. Et il se sentait étrangement concerné. Etait-ce bien à lui qu’elle parlait ? C’était impossible, il était resté discret et invisible tout ce temps ! «Tu peux sortir de ta cachette, tu sais ? Ca fait un moment que je te vois, alors j'aimerai bien savoir qui m'écoute dans l'ombre ? Derrière une statue, toute la journée. » Damn. Il ne manquait plus que ça. Comment devait-il réagir ? Se comporter ?
L’adolescent pensa à prendre la fuite, à faire comme si il n’avait rien entendu. Et si elle avait déjà compris qu’il venait chaque samedi – ou presque - pour l’écouter ? Et si elle ne revenait plus jamais jouer à cause de lui ? Doucement, le vert et argent jeta un coup d’œil vers la jeune fille, qui regardait droit dans sa direction. Pinçant légèrement les lèvres, le Serpentard eut un dernier moment d’hésitation avant de finalement se lever et sortir de sa cachette. Il se leva donc, laissant le trognon de sa pomme derrière la statue. Il se dirigea vers la Gryffondor qui attendait visiblement qu’il s’avance. Elle l’observait avec curiosité, et lui d’un air réservé. Cela lui faisait bizarre d’être en contact avec elle. C’était comme si on rencontrait quelqu’un que l’on avait vu que de loin toute sa vie, comme si on rencontrait sa star préférée. Ses iris d’un bleu-gris acier se plongèrent dans celle de la jeune fille d’un an sa cadette.

« Je.. J’faisais que passer. » lança-t-il en passant une main contre sa nuque, comme à son habitude quand il était plutôt gêné. Il se sentait ridicule dans cette posture, à ne pas savoir quoi dire, pris la main dans le sac. Désagréable impression de s’enfoncer soi-même. Il dévia ensuite son regard vers le motifs sur la guitare. Il l’avait imaginé exactement comme ça.