C'était une chaude journée de mois d'août, mais pas étouffante. La température avoisinait les vingt-cinq degrés Celsius, le ciel était clair et dégagé, tournant aux teintes orangées comme le soir commençait à tomber.
À peine sorti de l'hôpital (il ne connaissait pas de vacances), Sam avait foncé sur son balai jusqu'au Chemin de Traverse. Une commande importante devait lui être livrée dans certain magasin, une commande dont dépendait tout le souper de ce soir. Triomphant, il attacha solidement ses paquets emballés de papier kraft à l'arrière de son balai à l'aide d'un sort et prit derechef la direction de la maison. À mi-chemin du trajet, dans les airs, certains desdits paquets commencèrent à s'agiter étrangement.

— Hé ! protesta-t-il en leur jetant un coup d’œil.

Nom de Merlin, le marchand lui avait garanti qu'ils se tiendraient tranquilles pendant minimum deux heures ! Il le retiendrait, celui-là. Vacillant dangereusement sur son balai, Sam parvint à leur lancer adroitement un sortilège pour les immobiliser pour de bon. Il ne faudrait pas tarder à les préparer quand il serait rentré.
À peine arrivé, il salua distraitement mari et jumeaux, les bras chargés de paquets, les cheveux encore tout ébouriffés par le vol et se rua dans la douche. L'hygiène, comme l'alimentation, était fort importante pour lui. Trop de médicomages, à son agacement, négligeaient de se laver après avoir passé des heures à l'hôpital. Avec tous les microbes, virus et bactéries qui traînaient là-bas ! À ses yeux, ils risquaient de se contaminer non seulement eux-mêmes, mais aussi les autres. Il se lava donc, s'habilla et s'engouffra comme une fourmi affairée dans son domaine, la cuisine, en fermant la porte derrière lui. Les siens connaissaient la règle : personne ne devait le déranger pendant qu'il se livrait à une nouvelle expérimentation délicate. Si par aventure l'un d'eux s'y risquait quand même, Sam ne faisait que tourner vaguement la tête dans sa direction, répondait par monosyllabes et se hâtait de chasser l'intrus d'un geste.
Il avait mis la main sur des ingrédients exceptionnels dont il avait bien l'intention de faire une soupe audacieuse, jamais expérimentée chez lui auparavant : une soupe de Bulbes sauteurs et de champignons bondissants. D'après lui, la valeur gustative et nutritive des Bulbes était bien trop ignorée. Oh, certes, mal préparés, ils risquaient de provoquer des effets un peu bizarres, notamment rendre la peau orange ou faire pousser une tige de potiron sur la tête (ou pire, ailleurs), mais franchement, il n'y avait que quelques précautions à prendre. Le tout était de savoir y faire. Pour une fois que cette plante ferait autre chose que lui amener des patients victimes d'une potion Potiron mal préparée dans son service... De plus, Sam avait lu un article sur les propriétés supposées des Bulbes sur le cerveau qui lui avait paru du plus grand intérêt. Toujours inquiet de ses proches et surtout de ses fils, il cherchait à mitonner des plats qui risquaient d'après lui d'influer sur leur santé.

Il se mit aussitôt au travail. Un travail plus soutenu qu'il en avait l'habitude, mais enfin, ça allait. Et si les effets bénéfiques des Bulbes sur le cerveau n'étaient pas encore prouvés, il connaissait très bien ceux d'un travail manuel sur son moral après une rude journée. Pendant qu'il hachait menu sans pitié un pauvre petit Bulbe, surveillant du coin de l’œil le paquet de champignons bondissants qui ne manquait pas de ressort, il se vidait la tête de cette vieille Mme Jakowski qui n'avait plus toute la sienne, de ce petit Andreas Moore qui avait pleuré durant son examen, du regard noir de la guérisseuse Gilmore dont il avait critiqué le manque de rigueur, de la fatigue, des consultations, des insatisfactions, de la tristesse et des petites colères venues des autres ou de lui-même qui émaillaient sa vie à l'hôpital. C'était comme un atterrissage en douceur (si on pouvait parler de douceur en se bagarrant avec des petits Bulbes sauteurs débordant de vitalité, qui venaient de casser un vase) dans le milieu paisible et confortable de sa petite maison. Le temps que le contenu de la marmite soit juste assez cuit et qu'il arrose sa concoction d'extraits de fleurs géantes, il était un peu plus fatigué physiquement, mais presque totalement apaisé. Il ne lui restait plus qu'un repas agréable et délicieux avec les siens pour être heureux. De fait, les senteurs qui émanaient de la marmite étaient irrésistibles, évoquant vaguement le potiron, mais beaucoup plus douces que cela et mêlées d'un on-ne-savait-quoi exotique, laissant à présager d'une réussite complète. Ignorant tout ce qui avait pu se passer dans le reste de la maison entre-temps (il aurait tout aussi bien pu y avoir une explosion qu'il ne l'aurait pas remarquée), il ouvrit la porte de la cuisine, ce qui pour tous les Dennis-Crivey constituait un signal suffisant à lui tout seul, et lança non sans une pointe de fierté et de retenue modeste en même temps :

— C'est prêt, à table !

Pendant qu'ils arrivaient, il remplit quatre bols qu'il garnit de petites fleurs comestibles pour la touche finale et prépara une corbeille de pain croustillant. La soupe serait très nourrissante, quoi que le repas pouvait sembler peu de chose. Tout semblait aller pour le mieux et le sujet de la Coupe du Monde, déjà abordé sous ce toit pourtant, était bien loin de son esprit.

HRP a écrit:

J'ai mentionné le jumeau de Miles mais il peut être absent pour une raison ou une autre (Sam aura été tellement survolté qu'il ne l'aura pas remarqué), à votre guise. ^^"

   

   

"Moi, j'aime pas le Quidditch" Schtroumpf Grognon, 2018

   
   

   

   Assis à table, Dennis lisait distraitement un rapport sur l'histoire du Musée du Souvenir tout en guidant presque aléatoirement les pièces du jeu d'échec auquel il jouait avec un de ses fils. L'ambiance était conviviale et ces derniers revenaient fréquemment sur le fameux sujet de la Coupe du Monde. Coupe du Monde qui se rapprochait et où ses collègues ne cessaient eux aussi de lui demander s'ils le comptait dans l'équipe de la BIPM détachée au Québec.

Normalement. C'était ce qu'il leur avait répondu. Normalement.
Le seul hic c'était qu'il fallait convaincre monseigneur Scamander. Celui-là même qu'il chérissait plus que tout mais qui trouvait que le quidditch était un sport de barbare.
Et pourtant, quoi de mieux pour eux que d'aller découvrir le Canada ? Le Québec qui plus est !
Il n'avait jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds mais il rêvait des forêts et des grands lacs... Bon. Après c'était sur une île mais même ! Cela restait au Canada !

Grimaçant en voyant sa tour se faire fracasser, Dennis referma son dossier avant de l'envoyer d'un mouvement de baguette sur l'étagère. C'est à cet instant que son mari rentra, accueilli par un chaleureux bonjour mais sans plus.

Il fallait dire que Samwell avait ses habitudes et tous le savait. Rentrer en balais. Se laver. Cuisiner. Manger. Et là seulement, ils pourraient aborder le sujet. Il fallait juste trouver la méthode. Et ça... Dennis avait encore du mal à la trouver. Terminant sa partie (qu'il perdit haut la main), Dennis fit signe à ses enfants de venir se regrouper ''innocemment'' dans le salon.

« Bon. Vaut mieux ne plus trop tarder. Il a l'air de bonne humeur aujourd'hui. Si le plat est réussi je propose de mettre un plan en exécution. D'accord ? »

Fixant ses deux fils, Dennis ne put s'empêcher d'arracher un sourire en voyant leurs réactions. « Je sais que papa est pas fan de quidditch. Nous le savons tous mais... »

L'entendant descendre les escaliers, Dennis continua sa phrase en changeant de sujet mine de rien. « ... nous pourrons aller demain au Chemin de Traverse vous chercher ça oui... » Souriant à Samwell en le voyant passer dans le couloir non loin, Dennis attendit qu'il soit suffisamment occupé pour reprendre à voix plus faible. « Avec la BIPM on est censé encadrer le tout. Même ceux qui comme moi sont en congés actuellement. Cela peut constituer un départ... Puis ensuite si vous avez des arguments de votre côté cela me convient... Mais souvenez-vous, on y va pour la culture.... Pas pour le quidditch. »

Attendant une approbation de ses garçons, Dennis écouta leurs éventuelles idées avant de les laisser vaquer à leurs occupations. Il fut interrompu quant à lui par Storm qui venait de lui pousser la jambe avec son museau. Lui renvoyant une balle magique qui se mit à tournoyer autour de lui, le policier rigola de bon cœur en voyant le chien sauter dans tous les sens pour l'attraper. Pris de pitié au bout de presque une minute, le policier ordonna à la balle de se stopper pour que son fidèle compagnon puisse s'en emparer et aller la mordiller dans son panier.

Attrapant ensuite un roman moldu, Dennis se replongea dans sa lecture dont il ne fut tirer que par le bruit reconnaissable de la porte de la cuisine et l'appel à table de son mari. A sentir l'odeur, il leur avait encore réussi un plat de qualité et le Crivey ne tarda pas à le féliciter même s'il n'avait pas encore goûté au potage.

« Hmm ça à l'air délicieux mon chéri ! Que nous a tu concocté de bon aujourd'hui ? »

Écoutant sa réponse, Dennis trempa sa cuillère dans son plat avant de le goûter non sans avoir un grand sourire. Il savourait ! C'était juste divinement bon. Samwell avait un talent incroyable pour la cuisine ! Un truc de fou !

Le policier laissa quelques minutes s'écouler avant de se racler légèrement la gorge mal à l'aise. « Hm au fait William est passé aujourd'hui... » Se mordillant la lèvre, le jeune homme continua d'une voix douce et hésitante. « Euh...Ils auraient besoin de renforts pour surveiller la Coupe du Monde... Tu sais avec les drones et youtube maintenant on se méfie fortement et ils ont besoin d'agents spécialisés sur le terrain... Puis... on pourrait tous s'y rendre... »

Il aimait déjà pas la mine que tirait Samwell, coup d’œil aux jumeaux, Dennis espérait qu'ils allaient sauter sur l'occasion pour lui parler de la merveilleuse culture canadienne, de sa flore ou de quoique ce soit d'autre... Pourvu qu'ils puissent se rendre à Anticosti.

Et c'était pas gagné.

   

- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   

Spoiler:

"Moi, j'aime pas le Quidditch" Schtroumpf Grognon

Samwell Scamander & Dennis Crivey

« Les Sombrals ont une apparence effrayante, ils sont squelettiques, de couleur noire et dotés d'ailes semblables à celles des chauve-souris. Ils préfèrent l'obscurité et ont un excellent sens de l'orientation. Ils sont carnivores et représentent le voyage vers une autre dimension.
L'origine des Sombrals est un [...] » Lisant pour la énième fois la page trente-deux de son bouquin concernant les Sombrals, il dû le quitter des yeux à l'entente du cliquetis métallique de la porte d'entrée. Une silhouette passa rapidement, suivit d'une salutation rapide de son papa. Lunette sur le nez, un air calme scotché au visage, décidément, en six-sept ans de vie commune avec ses pères, Sam avait toujours la même habitude dès qu'il rentrait. Rapide salut murmuré que seul lui avait dû entendre, il était prêt à retourner dans son bouquin, non sans jeter un vif coup d'oeil à la partie d'échec qui se jouait sous son nez. Fin sourire, il savait déjà que son père avait perdu et effectivement, quelques secondes après, son frère prononça les doux mots de "Échec et mat". Il allait enfin replonger dans son livre quand, le plus âgé de la pièce, autrement dit Daddy, leur fit signe de se rapprocher. Léger retard avec son frère, qui lui-même ne semblait pas en comprendre la raison, il se rapprocha un peu plus de Dennis.

Ils devaient mettre un plan à exécution ? Quel plan ? Est-ce qu'il parlait de la Coupe du Monde de Quidditch ? Retirant doucement ses lunettes pour les poser sur son livre, son visage prit une expression à la fois de surprise et de quelque chose qui disait "Il n'acceptera jamais, on va se faire engueuler". Écoutant quand même ce que son père avait à dire, il haussa les épaules, après tout, il pouvait quand même essayer, même si de loin, il savait que ce n'était largement pas gagné. Secouant de haut en bas la tête au fait que, papa n'aimait pas le Quidditch, il prit rapidement ses lunettes avant de les laver discrètement avec un des bords de son t-shirt tandis que le dit "papa" descendait les escaliers. Secouant une nouvelle fois la tête à la remarque de Dennis et à l'exclamation de son jumeau, il attendit comme le reste de la troupe que Sam soit assez loin pour reprendre leur discution.

« Si on parle culture, on pourra dire qu'on part visité le Canada. Les animaux, leurs habitats, comment est leur monde magique à eux. En plus, il n'y aura pas que du Quidditch là-bas, y aura d'autre truc, tout n'est pas une question de sport ... Enfin, là un peu. »

Murmurant doucement, il fut repris par son frère qui lui aborda le sujet du fait que leurs amis seront là-bas. Donc qu'il pourrait faire connaissance avec leur parent, apprendre à se connaître. Acquiesçant à ses propos, il ne put que retenir un sourire. Il espérait que cela marche, au pire, il trouverait d'autre argument le temps d'aller manger, mais il se voyait déjà là-bas. Les animaux, le décor du Canada, les jeux, ses amis, il en rêvait, mais rien n'était officiel, alors il se reprit, la mine légèrement triste. Vaquant à nouveau à ses occupations, il trouva refuge à jouer avec son frère à un jeu de société sorcier, une sorte de Monopoly version sorcier. Pratiquement à la moitié du jeu, la porte de la cuisine s'ouvrit enfin, laissant entendre distinctement la voix de Sam pour signaler que le repas était prêt. Ni une, ni deux, il se mit à courir dans la salle de bain, montant les escaliers deux par deux. Se frottant énergiquement les mains à un point tel, où celle-ci étaient devenus un peu rouge, il les sécha vite-fais avant de redescendre les escaliers, un peu essoufflé, le sport n'avait jamais été sa tasse de thé.

La délicieuse odeur qui écumait de la cuisine, le laissa sans voix, si bien qu'elle le guida presque jusqu'à sa chaise, tel un pantin. Assis au côté de son double, il savourait le plat de ses yeux, attendant qu'on puisse se servir. Une fois servit, il y trempa le bout de sa cuillère avant de goûter et d'en reprendre une plus grande portion avec sa cuillère. C'était excellent, personne ne semblait le nier, remerciant son père pour le fabuleux dîner, il fut un peu surpris quand Dennis commença à parler de la Coupe du Monde. Esquivant un regard vers son frère, il se permit de faire une petite moue quand Daddy finit. Trouvant le peu de courage qu'il avait, il prit la parole.

« Juste à côté ... On pourrait aller voir leur parc national ou encore la Réserve du parc national de l'Archipel-de-Mingan, c'est juste à côté. Pas sur l'île, mais en poudre de cheminette, on peut y aller rapidement ... »

Jouant avec sa cuillère dans son bol, il évitait de regarder, mais surtout de voir la tête que pouvait faire Sam. Alors que son frère commençait déjà à débattre sur les lieux qui pouvaient être visité : Le Grand Canyon de la rivière Chicotte ou encore sa rivière, l'épave du Wilcox. Il y avait des lieux forts sympa sur cette île. Mais ce n'était pas ce qui allait faire changer d'avis en trente secondes son père.

« L'important n'est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir. » ► BERNARD WERBER

Code by AMIANTE

Spoiler:

Réagissant à son appel à la soupe, les affamés ne tardèrent pas à faire leur apparition, même le chien, bien que rien dans le fumet s'élevant de la marmite ne pouvait l'intéresser et qu'il se contenta de renifler le bas de pantalon de Sam. Sam se pencha pour le caresser : il adorait le chien de Dennis. Celui-ci lui lança :

— Hmm, ça a l'air délicieux mon chéri ! Que nous as-tu concocté de bon aujourd'hui ?

Sam rougit de plaisir. Des années après leur mariage, il s'empourprait encore au premier compliment comme s'ils venaient de se fiancer.

— Eh ben, répondit-il en ronronnant presque sous l'éloge, c'est une soupe de Bulbes sauteurs et de champignons bondissants. Oui, les Bulbes sauteurs sont aussi un ingrédient pour la cuisine, pas juste pour les potions, ils sont juste rarement utilisés mais je crois qu'ils vont gagner en popularité, ce serait une bonne chose vu leurs qualités pour la santé... Ils ne sont vraiment pas si difficiles que ça à préparer, c'est tout juste s'ils ont cassé un vase, tout à l'heure, mais je l'ai réparé et ce n'est qu'une question d'habitude. J'ai rajouté de l'essence de fleurs géantes aussi, je pense qu'on les sent bien...

Il entreprit de servir la soupe, tout émotionné, Storm dans les talons et les jumeaux déjà assis, leurs grands yeux avides lorgnant la marmite. Ils avaient l'air bien petits, bien fragiles et Sam était content de leur offrir un repas nourrissant et équilibré. Mais, comme d'habitude, il ne savait pas trop où se mettre en leur présence. Il se contenta de remplir leurs bols avec un sourire maladroit et de s'asseoir à sa place, repu de la satisfaction gustative de sa famille. Tout prenait ce tour bienheureux quand Dennis déclara, en se raclant la gorge :

— Hm, au fait, William est passé aujourd'hui...

Ce ton presque penaud n'annonçait rien de bon. Son attention aiguillonnée mais pas encore alarmée, Sam lui lança un regard de côté :

— Oui ?

Il s'abstint de reprendre une cuillerée.

— Euh... Ils auraient besoin de renforts pour surveiller la Coupe du Monde... poursuivit Dennis avec hésitation — Sam poussa un petit soupir et leva brièvement les yeux au ciel. Tu sais avec les drones et Youtube maintenant, on se méfie fortement et ils ont besoin d'agents spécialisés sur le terrain... Puis... on pourrait tous s'y rendre...

Sam lui jeta un mauvais regard, quoique sûrement pas aussi mauvais que s'il n'avait pas été adouci par le mot gentil précédent. Il avait quand même fait exprès de le coincer à table, en présence des jumeaux ! Il n'aurait d'ailleurs pas été étonné d'apprendre qu'il les avait mis au parfum avant le souper. Et c'était désormais à lui de jouer au méchant s'il voulait échapper à la Coupe, et par la même occasion l'épargner à ses fils. Avec les hordes de supporters fanatiques et hurlants qu'il y aurait là-bas, l'atmosphère forcément compétitive voire haineuse, les débordements possibles, la foule captivée par les évolutions suicidaires de treize inconscients aveuglés par la gloire. Sans parler des Cognards balancés par erreur ou volontairement dans le public et des autres accidents possibles ! Fantastique. Et c'était là-dedans que Dennis voulait jeter leurs enfants forcément impressionnables ? Ceux-ci avaient un air gêné et avant qu'il ait pu intervenir, Miles prit la parole d'une petite voix :

— Juste à côté... On pourrait aller voir leur parc national ou encore la Réserve du parc national de l'Archipel-de-Mingan, c'est juste à côté. Pas sur l'île, mais en poudre de Cheminette, on peut y aller rapidement...

Sam continuait à accuser du regard Dennis tandis que les jumeaux continuaient à énumérer les lieux propices à l'exploration. Il aurait plus de difficulté à lui tenir tête en présence des enfants : rien que la petite voix de Miles l'attendrissait déjà. Forcément, il n'était pas dupe de leur stratagème, mais ils avaient au moins raison sur un point, il y aurait des tas de choses à voir au Canada. Ça, c'était sûr. Il avait d'ailleurs lu des articles sur l'île d'Anticosti qui donnaient vraiment envie d'y aller : une île peu peuplée et sauvage, une riche faune et flore... D'accord, mais ce n'était pas tout ça qui motivait leurs garçons. Au bout d'un moment, il répondit d'un ton calme et faussement désinvolte, avec un vague soupçon de reproche à destination de son mari :

— Eh bien, tu n'as qu'à aller à la Coupe, toi, et nous autres, on ira visiter tous ces lieux dont vous venez de parler, si ça vous dit...

De quoi le faire détester à tout jamais par des jumeaux avides de Quidditch, mais il était persuadé que c'était son devoir.

— Mais... de quoi tu as parlé ? Brones ? You... je ne sais quoi ? s'enquit-il dans une tentative à peine forcée pour faire glisser le sujet de la discussion vers le monde moldu.