C'est bon, j'ai fait assez d'efforts pour aujourd'hui, j'ai complété les énormes trous dans mes notes sur l’Étude des Moldus, et c'est déjà un exploit important ! J'ai passé au moins quatre heures à galoper dans la bibliothèque à la recherche de tous les livres nécessaires pour ne pas trop rater l'examen de cette matière quand même, papa ne serait pas content. Pour ça, j'ai pris plusieurs livres sur la tête, je me suis attirée les regards mécontents de beaucoup d'élèves et les foudres de la bibliothécaire. Elle m'a encore virée d'abord ! Pourtant j'ai essayé d'être sage, mais je suis faite pour faire du bruit, c'est presque une maladie chronique chez moi, et elle a craqué quand j'ai renversé une étagère entière en essayant d'attraper un livre trop haut pour moi.
Bref, mon passage à la bibliothèque a frôlé le fiasco, alors je suis bien d'humeur à faire des bêtises. Beaucoup de bêtises ! Et quoi de mieux que de faire des bêtises dans la salle des trophées ? Il n'y a jamais personne, à part Peeves et parfois le concierge, mais j'ai appris à les éviter. Aujourd'hui, je veux ensorceler mon miroir de poche pour qu'il puisse parler. Papa a ensorcelé celui de la maison, alors j'aime bien discuter avec les miroirs, c'est plus sympa. J'ai déjà essayé de l'ensorceler, mais je n'y arriver pas encore, alors j'aime bien m'entraîner dans la salle des trophées. Je ne suis pas même sûre que ce soit interdit !
J'aime bien avoir Symba avec moi dans ce genre de moments, il me rassure face à cette salle vide, mais aujourd'hui il n'est pas là, je suis un peu triste. L'idée de pouvoir réussir à ensorceler mon miroir me donne quand même l'envie de descendre d'un étage depuis la bibliothèque pour me concentrer sur mon objectif jusqu'au repas.

Trottinant avec entrain jusqu'à l'étage inférieur, je traverse le couloir innocemment et regarde rapidement autour de moi. Pas de concierge pour me gronder, je pousse la porte et entre dans la pièce sombre. Le silence omniprésent prouve que Peeves n'est pas là, et c'est tant mieux. Cette saleté de fantôme aime beaucoup trop crier et pourrait beaucoup trop remettre en question mon entraînement secret.
Le plus silencieusement possible, je fais le tour de la pièce pour vérifier qu'il n'y a personne, et je ne suis pas déçue ! C'est la première fois que je vois un garçon ici, c'est trop désert d'habitude. Alors, pour ne pas qu'il me voit, je me cache derrière une étagère. Je passe ma tête à côté de l'armoire pour l'observer, j'analyse son potentiel à faire des bêtises avec moi, mais malheureusement, le médaillon que je porte au cou vient taper dans une coupe, cassant d'un bruit sourd le silence. En plus, en essayant de rattraper mon collier,  je fais tomber la coupe qui vient rouler jusqu'aux pieds du garçon. Bon, pour la discrétion, je crois que c'est raté, impossible qu'il ne m'ait pas vue ! Bon, inutile de rester cachée maintenant, sinon il risque d'avertir quelqu'un, alors autant sortir de derrière l'armoire. Je peux bien l'observer comme ça. Il a l'air plus vieux que moi, mais plus vieux ne veut pas dire qu'il est plus sage. M'approchant de lui d'un air timide, je m'accroupis à côté et lui demande, pas trop sûre de la réponse :

« T'es venu pour faire des bêtises toi aussi ? »

J'ai peur un instant que le garçon soit un préfet qui sait que j'aime fouiner ici, et qui est là juste pour me coincer. Et si Peeves l'a averti que quelqu'un venait ici régulièrement pour s'entraîner à la magie ? S'il sait déjà que je suis ici pour faire des bêtises ? Bien sûr il le sait, je viens de lui dire ! Qu'est-ce que je suis bête moi! Olala il faut vraiment que j'apprenne à tenir ma langue... Je louche un instant sur sa baguette. Il va me jeter un sort pour pas que je m'enfuis ! Je lui jette un regard effrayé et recule d'un pas. Je suis sûre qu'il m'attendait, il a déjà dû tout dire aux professeurs et Poufsouffle va (encore) perdre des points à cause de moi ! Est-ce que je fais trop de bêtises ? Il faudrait que j'y réfléchisse, mais plus tard.

« On peut dire ça, j'imagine. »

Ah... donc, il n'est pas préfet ! Ça fait trois ans que je viens ici pour marauder, ce serait triste d'être attrapée maintenant. Et c'est tant mieux qu'il vienne lui aussi pour faire des bêtises, si ça se trouve, il voudra même qu'on fasse des bêtises ensemble ! Mon sourire revient, et je fais un petit saut sur place pour montrer mon enthousiasme, et le regarde remettre les coupes à leur place. Il a l'air bien sage pour un maraudeur.

« T'es pas là pour me punir alors ? » Je demande quand même, histoire d'être sûre.

Après, il a l'air tristounet pour quelqu'un qui fait des bêtises ! Il faut être joyeux pour ça, et avoir un esprit assez stupide. Le garçon lui, a l'air timide et réservé. A sa tête, je dirais qu'il est à Serdaigle, où à Serpentard. Serdaigle ils travaillent tout le temps, et Serpentard ils tiennent beaucoup trop à leur réputation pour marauder. Aaah ! Si ça se trouve c'est un mage noir qui s'entraîne à la magie noire ! Une fois de plus, je regarde autour de moi, sauf que là, je cherche une issue. S'il est vraiment un méchant, il va se servir de moi comme d'un cobaye. Non... je secoue la tête. Aucun élève de Poudlard n'est vraiment méchant à ce point. J'ai juste trop d 'imagination.
Je désigne sa baguette d'un geste du menton, ça ne me rassure pas.

« Tu veux bien baisser ta baguette s'il te plaît ? »

J'ai demandé ça gentiment, sans agressivité. S'il a sorti sa baguette, c'est qu'il doit être un peu paranoïaque, alors j'ai pas envie qu'il se sente agressé. Peut-être il a pas d'ami. Si c'est le cas, moi je veux bien être son amie ! Je veux être amie avec le monde entier de toute façon. Alors s'il est gentil, même s'il est timide et studieuse, tant qu'il n'est pas méprisant, ni agressif, ça me va. Je m'assis en tailleur sur le sol, c'est plus confortable si on doit discuter.

« Tu t'assieds avec moi ? » Je lui demande au vue de son air un peu solitaire (ou coincé, selon les interprétations, mais coincé c'est négatif, et je suis quelqu'un de très positif!). Après, je suis curieuse de savoir quelles genre de bêtises il fait. Peut-être même on pourra faire des bêtises ensemble ! Après tout, c'est plus drôle à deux. « Si tu veux, on peut faire des bêtises ensemble ! C'est plus marrant, et on peut faire des plus grosses bêtises ! Parce qu'on peut réfléchir deux fois plus pour faire deux fois pire ! Tu fais quoi comme genre de bêtise ? »

Ma curiosité reprend le dessus, et puis il faut bien le dérider ce jeune homme !

Mes peurs vis-à-vis de la possible autorité du jeune homme sont déjà envolées, mais c'est quand même rassurant de l'entendre dire de lui même qu'il n'est pas là pour me punir :

« Je suis pas un préfet, ne t'inquiète pas. »

Eheh, s'il n'est pas préfet et qu'il est là pour faire plein de bêtises, je pense même qu'on va pouvoir être amis,  j'aime bien avoir des amis, la vie est moins triste comme ça, et puisqu'il s'assit à côté de moi après avoir remis les coupes à leur place, j'en déduis qu'il est d'accord ! Tant mieux, c'est plus amusant de faire des bêtises à deux, et même de se faire attraper à deux, c'est drôle, alors que quand on est tout seul, on court juste pour échapper à la personne d'autorité qui nous attrape. Quand on est deux, c'est comme un cache-cache.
Mais puisque je ne suis  plus toute seule, plus question d'ensorceler mon miroir ! Il faut trouver quelque chose qui l'amusera aussi. Écoutons ce qu'il a à me proposer sur ce sujet :

«Oh, toute sortes de choses. Mais le meilleur, c'est de faire léviter des choses, puis tout laisser retomber lorsqu'un certain nombre de personnes entrent la pièce. On peut utiliser des bombabouses, des bombes à eau classiques, n'importe quoi, tant que ça éclate! »

Aaah ! Là je l'aime bien ! Déjà il a arrêté de me menacer avec sa baguette, ce qui n'est pas peu, mais en plus il a des idées super sympas ! Inspirée par ce qu'il vient de me dire, je marche sur les genoux jusqu'à mon sac, l'attrape par la bandoulière, et reviens devant lui avec ma trouvaille. C'est un coffre aux trésors ce sac ! Je peux mettre plein de choses dedans et ne jamais les ressortir, puisque mon sac est magique, et garde toujours le même poids. Alors je met toujours des choses que je ne ressors jamais. Pourtant, je sais qu'elles sont là. Là, j'ai plein de bouteilles d'eau, puisque j'en mets toujours une le matin et ne pense presque jamais à faire le tri, en plus, j'ai de la peinture à  l'eau moldue qui date des dernières vacances passées avec maman. Je ne savais pas à quoi cette peinture allait me servir jusqu'à maintenant, mais là, j'ai une idée magique.

« Le problème, c'est que faire léviter quelque chose, ça demande de rester concentrer ! Et surtout, une fois qu'on fait léviter quelque chose, on ne peut plus faire d'autre bêtises ! Regarde. »

Je jette un regard circulaire autour de nous, avise une énorme coupe bien plus large que les autres, presque aussi large qu'un seau. C'est trop facile, je pense un instant. Je vais chercher la coupe et sort des bouteilles de mon sac, ainsi que plusieurs tubes de gouache. La meilleure invention des moldus.

« C'est la peinture des moldus. C'est génial parce que ça se mélange trop bien avec l'eau, alors pour piéger la porte, on va y mélanger l'eau dans la coupe, et la poser sur le haut de la porte ! Bien sûr pour que ça marche, faut entrouvrir un peu la porte sinon elle tombe dessuite. En plus d'être terriblement efficace pour énerver les gens, ça fait un peu comme une sonnette d'alarme au cas où quelqu'un entrerait. »

Ce génie, c'est des années entières passées à piéger la maison de maman. Bah oui, c'est pas drôle de rester planter là comme des canards à attendre que quelqu'un débarque (si quelqu'un vient en plus!). Et puis, cette salle est tellement triste, ce serait dommage de la laisser en état...

« Tu penses pas que cette salle mériterait un coup de jeune ? Un petit renouveau dans la décoration, ça ne pourrait pas lui faire de mal, non ? » Je demande avec un air de peste.