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Amour-propre

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Sujet: Amour-propre
Mer 13 Avr - 16:18


"- Papa...

Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle se précipita vers son père avec un immense cri de libération.
Qui mourut dans sa gorge.
Son géniteur s'écroula dans un gémissement en se tenant le coeur.

- Papa...!

Derrière elle, les deux garçons se tenaient debout avec un sourire narquois. Le Gryffondor avait les poings sur les hanches et semblait prêt à éclater de rire, tandis que le second avait la baguette dirigée droit sur la poitrine de son paternel.

- Qu... Qu'est-ce que vous faites?!

Nouveau gémissement douloureux de son père. Et à nouveau, le goût métallique d'un sang qui n'était pas le sien, noir, et qui la méprisait."

----------

- PAPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
- Eh, mais t'es pas bien ! On peut dormir là-dedans ? Ça va pas la tête qu'est-ce qui t'arrive ?!

Haletante, Ishbel ne jeta qu'un coup d'oeil désoeuvré à ses camarades de chambrée qui la fixaient, effarées. Le coeur martelant sa poitrine, elle rejeta vivement la courtepointe et fila hors du dortoir sans un mot d'excuse.

L'épisode du couloir interdit l'avait à de nombreuses reprises tourmentée depuis le début de l'année, mais jamais durant la nuit. Jusqu'à présent, cinq mois après. Cinq mois où elle avait acquis des compétences en magie. Si cette mésaventure était à revivre, ne serait-elle pas, cette fois, apte à vaincre ces maléfices d'elle-même ? L'idée se faisait tentante, et la pensée de retourner sommeiller l'alarmait à présent. Même si elle savait, depuis, que c'était une illusion, voir son père ainsi torturé... Un palpitement d'effroi la parcourut. Il fallait qu'elle y retourne, et qu'elle vainque. Alors, elle pourrait trouver le vrai repos, celui du guerrier solitaire qui a terrassé son dernier ennemi et peut enfin dormir sur ses deux oreilles. Oui, oui, il fallait qu'elle prouve qu'elle pouvait le faire. Mais pas d'inconscience : il fallait d'abord se renseigner sur ces maléfices, et le moyen de les conjurer.

Exaltée par ce désir subit, elle décida de sortir de sa salle commune. Un coup d'oeil à gauche, un autre à droite. Personne ? Bon. À petits pas de souris, elle gravit les escaliers à la lumière de sa baguette, et parvint sans trop de peine à la bibliothèque. Où commencer à chercher ? Le garçon qu'elle avait agressé lui avait dit que le maléfice était un cousin de l'épouvantard. Sans doute faudrait-il commencer par là... Dans les allées, elle se dirigea droit vers la lettre "E", et saisit au vol le premier livre qui semblait traiter du sujet, en sous-estimant son poids. Son bras se tendit sous l'épaisseur du volume, qui ne tarda pas à glisser de sa main et à s'écraser par terre dans un "BOUM" sourd et poussiéreux.

Tentant de réprimer son envie de tousser, la première année se tapit contre l'étagère et retint sa respiration : quelqu'un d'autre était là.

HJ:

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Sujet: Re: Amour-propre
Mer 20 Avr - 21:53
Ce soir-là encore, Robin sentait qu'elle ne dormirait pas de sitôt. Fichues insomnies. Fichu boulot. En fait, il lui convenait très bien en général — pas très bien du style "c'est le métier de ma vie" mais plutôt comme "ça pourrait le faire éventuellement pour quelques années, sans doute pas plus, ce qui est autant que je peux dire de mes expériences professionnelles les plus notables". Mais à cette heure de la nuit et avec cette fatigue qui lui pesait sur les paupières, Robin détestait tout : son boulot, elle-même, Poudlard, les écoles, les gens, la vie, la mort, le monde entier. Pour cesser de tout détester, elle avait plusieurs remèdes. Elle était une championne dans l'art de gérer ses propres émotions. Un journal intime d'un poids respectable était enseveli sous des papiers en désordre dans un de ses tiroirs, au milieu de dessins et de productions personnelles en tous genres. Une belle collection de pinceaux plus ou moins tachés et ébouriffés étaient prêts à l'emploi dans un pot sur son bureau, de même que des plumes d'oie et de quoi les tailler, utilisables ou non, de l'encre, des pots de peinture et des petits machins hétéroclites qui n'offraient pour la plupart qu'un intérêt hypothétique à une artiste touche-à-tout : des échantillons de matières intéressantes comme du carton ondulé, des bouts de métal, des boîtes vides, ce genre de choses. Robin contempla le désordre sur son plan de travail, éclairé par un chandelier, avec un soupir. Faudrait qu'elle range... ou au moins jette quelques trucs... un de ces quatre. Au moins, l'avantage d'être une adulte plutôt qu'une élève — l'un d'entre eux — c'était qu'elle n'avait à répondre de l'état des lieux à aucun colocataire maniaque. Elle en avait eu quelques-uns dans le genre à l'époque de ses études. Une fille, notamment, allait jusqu'à lui reprocher de ne pas faire son lit. Et ce n'était même pas comme si elle avait été préfète. Robin coula un regard aux draps chiffonnés de son lit. Elle ne voyait strictement aucun intérêt à les faire puisqu'elle ne pouvait dormir, quand elle dormait, que dans un lit complètement défait. Quand un elfe passait après elle pour rendre le lit tout beau, elle était obligée d'anéantir son travail en tirant sur la couverture pour la rendre libre. Elle avait même laissé une note polie un jour à l'attention de ces petits serviteurs consciencieux, sans se faire la moindre illusion : ils prenaient tant de fierté à leur travail qu'elle retrouvait systématiquement son lit dans le même état. Enfin, puisque, dans l'immédiat, elle ne pourrait clairement pas s'endormir de toute façon, elle décida de s'en aller étudier à la bibliothèque. Elle était encore loin d'avoir exploité tout le savoir dont Poudlard regorgeait au sujet de l'alchimie. Elle ne désespérait pas de trouver le moindre indice qui pourrait aider Aylen Nott.

Robin quitta son appartement dans la dégaine qui lui était familière lorsqu'elle sortait la nuit : tenue assez décontractée de Moldue, pour le soir, châle bleu nuit, lanterne à la main, sac, qui contenait de quoi écrire et une gourde magique de café qui le tiendrait au chaud, en bandoulière sur son épaule. À pas lents et fatigués, elle descendit deux étages. Nick Quasi-Sans-Tête passa au-dessus de sa tête en lui souhaitant courtoisement le bonsoir. Mais d'humeur peu bavarde comme elle était, elle se contenta de marmonner une politesse sans le regarder. Les fantômes de Poudlard ne l'intéressaient pas spécialement, ils étaient trop prévisibles à son goût. En parvenant à sa destination, elle songea qu'elle aurait vraiment détesté passer le reste de l'éternité dans un endroit fixe. Enfin, une éternité relative. Il devait bien venir un jour où les fantômes eux-mêmes finiraient. N'est-ce pas ? Que deviendraient-ils quand Poudlard disparaîtrait ? Et après la fin de l'humanité ? N'en sachant rien, elle commençait à se diriger vers le rayonnage consacré aux arts occultes quand elle entendit... un bruit de chute. Robin se figea. Elle était sûre de ses oreilles. La nuit était toujours peuplée de bruits étranges qui pouvaient sembler presque effrayants quand on avait un tempérament imaginatif, ce qui était son cas, et peu habitué, ce qui n'était pas son cas. Or, ce bruit-là n'était pas habituel. Elle eut bientôt la conviction qu'elle n'était pas seule dans cette bibliothèque, quelqu'un l'avait devancée. Elle fouilla les ténèbres du regard, levant sa lanterne : pas un chat.

Elle fut sur le point d'appeler, mais se contenta d'approcher à grands pas de l'endroit d'où le bruit lui semblait être venu. En elle-même, elle éprouvait un petit frisson d'excitation : un imprévu dans sa vie morose... Un peu d'action ne lui aurait pas déplu. À force de s'entraîner dans son club de duels, bien que son intérêt lorsqu'elle s'y était inscrite fût avant tout pratique et sportif, elle avait pris goût aux bagarres magiques et son imagination lui faisait voir des voleurs de livres, des comploteurs, un criminel infiltré... même si elle savait qu'il était beaucoup plus probable que ce ne fût quelque chose de tout à fait innocent, comme...


— Bonsoir, Miss Allaway, dit Robin sans retenir un léger soupir.

Sa faible excitation retomba. Évidemment. Du travail supplémentaire, rien de plus. Mais malgré tout, en voyant la petite élève de première année collée contre l'étagère, ayant vainement espéré se noyer dans l'ombre, un léger sourire releva brièvement le coin de ses lèvres. Elle n'éprouvait pas de plaisir à punir des élèves — ça l'indifférait totalement — mais la situation lui semblait assez amusante.


— Eh bien, ce n'est pas la première fois que je surprends un élève là où il n'a rien à faire la nuit, mais à la bibliothèque, j'avoue que ça me surprend... J'aurais plutôt cru que la plupart des élèves cherchaient à se tenir éloignés de cet endroit.

Souriant à nouveau pour elle-même, elle se baissa pour ramasser le livre que Miss Allaway avait fait tomber. S'il n'avait pas été évident que la petite Serpentard avait cherché à prendre ce livre en particulier, elle aurait pu croire qu'elle tentait de s'infiltrer dans la Réserve. Mais pourquoi donc s'introduire à la bibliothèque en pleine nuit pour lire un livre qu'elle aurait aussi bien pu emprunter dans la journée ?

— « Épouvantards, Esprits frappeurs et autres nuisances à combattre »... lut-elle en dépoussiérant la couverture. Curieux choix pour une lecture nocturne.

Distraite par la curiosité, elle se rappela tout à coup qu'elle avait un devoir à remplir. Avec un nouveau soupir, elle déclara :

— Bien, j'apprécie vraiment votre curiosité intellectuelle, mais je suis tout de même contrainte d'enlever... vingt points à Serpentard.

Ceci dit, peu décidée à la renvoyer dans son dortoir, elle considéra machinalement l'ouvrage sur la table. Elle posait un œil plutôt bienveillant une excursion si étonnante chez un être si jeune. Elle appréciait l'indépendance et les libres penseurs, quelles que fussent les raisons qui les motivaient. C'était le genre de chose dont elle aurait pu être capable durant sa scolarité si elle n'avait pas été trop sage pour seulement y penser. Elle avait été une digne Serdaigle, aussi studieuse que renfermée, discrète, faisant globalement son chemin dans les clous. Mais la petite Allaway devait être d'une trempe plus audacieuse.

— Mais ma foi, puisque nous sommes là... Elle regarda l'ouvrage qu'elle tenait dans sa main, le posa sur la table avec son sac et sa lanterne et tira une chaise vers elle. Je m'en voudrais d'attiédir votre ardeur. Asseyez-vous donc et profitons de cette nuit sans sommeil pour étudier ce livre ensemble. La défense contre les Forces du Mal n'est pas ma spécialité, mais enfin...

Allaway allait-elle la haïr à tout jamais pour lui imposer une leçon particulière nocturne ? Elle n'avait pas à se plaindre, Robin faisait des heures supplémentaires pour rien après tout. Sans s'asseoir immédiatement, elle posa la question qui l'intéressait :

— Pourquoi donc vouliez-vous lire ce livre ?
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Sujet: Re: Amour-propre
Jeu 21 Avr - 17:58
~ Amour-propre
Inexorablement, les pas se rapprochaient. Ils n'étaient pas excessivement sonores ou lourds, mais rapides, décidés : incontestablement, la démarche d'une personne qui, contrairement à la Serpentard, avait tout droit de se trouver ici. Merlin.
A toute vitesse, Ishbel tenta de trouver une issue. S'enfuir en courant ? Tenter la discrétion serait dès lors peine perdue, et pour peu que le nouveau venu ait des pouvoirs plus développés que les siens - il fallait se l'avouer, c'était bien plus que probable - elle risquait de se blesser inutilement. Non, non, ça n'arrangerait rien à son cas. Ou peut-être...? Elle plongea la main droite dans sa chemise de nuit, où traînait depuis deux semaines déjà un vieux bouton décousu, mais le nouveau professeur de métamorphose se tenait déjà devant elle lorsque ses doigts vacillants rencontrèrent celui-ci.

— Bonsoir, Miss Allaway.

L'intéressée se fendit d'une petite révérence courtoise et tremblante. Inutile de se cacher plus avant.

- Bonsoir madame Feather... (pas son nom petite sotte, pas son nom !) ... professeur...

Elle inclina la tête vers le sol en guise d'obéissance, si bien qu'elle ne put voir le sourire amusé qui se profila sur les lèvres de l'enseignante. Elle savait à l'avance ce qui lui serait dit, aussi se tenait-elle coite et raide, attendant que la sentence tombe et qu'elle puisse retourner dans son dortoir, où elle ne savait que trop bien qu'elle ne pourrait pas fermer l'oeil. Curieusement cependant, si vingt points furent bel et bien enlevés à Serpentard - hors de question d'en parler à ses parents, elle frémissait à la simple anticipation de leur réaction - le professeur ne fit pas mention d'heures de colle - ou suspendait-elle la sentence par pur sadisme ? Elle n'en avait pas l'air pourtant, mais il était possible qu'elle cache bien son jeu - mais elle semblait qui plus est de relativement bonne humeur ; pour peu, son ton était, à défaut d'enjoué, intéressé.

Et voilà qu'elle s'installait à une table avec ledit livre et semblait l'inviter à l'y rejoindre ! La première année la considéra, interdite. Quelle mauvaise farce était-ce là ? Un cours particulier à vingt-trois heures, avec le professeur Feather... bref, avec un professeur dont elle était incontestablement l'une des plus piètres élèves ?! Ishbel se trémoussa sur place, n'osant pas passer de l'ombre à la lumière, jusqu'à l'injonction de son interlocutrice. La situation ne prêtait pas vraiment à une quelconque rébellion, autant filer droit autant qu'il en était encore possible. Elle tira une chaise, qui racla le sol plus bruyamment qu'elle ne l'aurait voulu, avant d'y poser avec une raideur excessive, sur son extrême bord, la moitié d'une fesse.

— Pourquoi donc vouliez-vous lire ce livre ?

Ses mains devinrent subitement moites et son estomac se tordit violemment. Naturellement, elle ne pouvait révéler la vérité, puisqu'il était connu de tous que le couloir du troisième étage était encore composé de maléfices instables et qu'il était interdit d'y aller. Mais le professeur ne la laisserait pas partir comme ça, et elle était piètre menteuse avec cela. Elle ouvrit la bouche. Eut envie de lui demander de retirer vingt autres points à sa maison pour la laisser retourner à son dortoir, mais se ravisa : beaucoup trop suspect. Que faire, que dire ? Pendant que les ébauches de réponses fusaient et s'entrechoquaient dans son esprit confus, toutes plus improbables les unes que les autres, et que son visage prenait la couleur du lait caillé, elle réalisa que que la jeune femme n'attendrait pas indéfiniment qu'elle se décide. Elle se souvint des paroles de son père : Le meilleur des mensonges est une vérité voilée. Elle leva les yeux vers le professeur.

- Halloween, articula-t-elle, la gorge sèche. Vous avez peut-être entendu parler de l'incident qui a eu lieu à Poudlard à ce moment... Le professeur de défense contre les forces du mal a caché des épouvantards un peu partout dans l'établissement et... je... je... j'ai paniqué, je me suis beaucoup ridiculisée...

Elle baissa la tête à nouveau, embarrassée. Le souvenir de ce fâcheux événement, lui, n'était pas une comédie.
avengedinchains
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Sujet: Re: Amour-propre
Mer 4 Mai - 22:51
La petite Serpentard la surprit en répondant à son bonsoir par une révérence. Robin haussa les sourcils : aurait-elle traversé par mégarde un trou de ver qui l'aurait amenée dans un autre siècle ? Quel élève saluait donc ses professeurs par une révérence en l'an de grâce 2018 ? Les elfes de maison le faisaient, mais par Merlin, elle n'en demandait pas tant ! Tremblante, redoutant manifestement la sentence, la petite Ishbel Allaway la salua, ou tenta de la saluer, en l'appelant par son nom complet. Elle se rattrapa de justesse par un "professeur". Robin se contenta de pousser un petit soupir, ayant l'habitude que les gens se butent sur son nom et en écorchent l'orthographe, dans l'administration notamment (ah, s'il avait fallu dresser une liste de toutes les manières dont des fonctionnaires avaient mal orthographié son nom, incluant les plus fantaisistes, comme un superbe "Fettersnoghopff"...) et n'avait pas tant de fierté qu'elle s'en formalisait particulièrement. Mais c'était quand même agaçant : Featherstonhaugh, ce n'était pas SI compliqué... Quatre syllabes à tout casser, il y avait pire, non ? Bon. Comme la petite semblait assez intimidée comme cela et qu'elle n'était pas cruelle de son naturel, elle continua son petit speech sans y prêter attention. En elle-même, elle s'interrogeait sur ce que cachait cette excursion pour la première année. Drôle d'escapade, en effet : les quelques élèves qu'elle avait déjà sanctionnés pour avoir violé le couvre-feu n'avaient certainement pas été motivés par l'amour de la littérature. Ils étaient plus probablement attirés par l'interdit, à moins qu'ils ne planifiaient quelque mauvais coup ou se sentaient tout simplement au-dessus des règles. Or, Allaway n'était pas la première élève à laquelle elle aurait pensé, parmi ses première année, pour illustrer le penchant des jeunes élèves pour transgresser le règlement. Elle ne se faisait pas remarquer à son cours si ce n'était par son absence évidente de prédisposition pour la métamorphose, pas plus qu'ailleurs pour ce qu'elle en savait. Alors, à nouveau : qu'est-ce qu'elle faisait là ? C'était très étrange. Il y avait quelque chose de louche là-dessous, c'était évident. Allaway ne tenta même pas de discuter sa décision excentrique et s'assit sur une chaise, très raide et plutôt piteuse. Enfin, Robin posa la question qui lui brûlait les lèvres et bien qu'elle ait adopté un ton léger, elle surveilla attentivement la réaction de la jeune fille. L'angoisse de cette dernière était palpable, elle ouvrit la bouche, la referma, rougit de manière très distincte à la lueur chatoyante de la lanterne et articula enfin quelque chose au sujet d'un incident qui se serait déroulé à Halloween.

À nouveau, Robin haussa les sourcils. Pour commencer, elle ne la croyait pas. Allaway avait paru beaucoup trop embarrassée et ça ne semblait guère plausible. Si ce n'étaient que des recherches innocentes, pourquoi les commencer au milieu de la nuit ? Bon, certes, c'était ce qu'elle faisait elle-même, mais elle ne risquait aucun ennui. Et la petite Allaway ne lui faisait pas l'effet d'être particulièrement excentrique ou irréfléchie. Au contraire, quoique piètre élève en métamorphose, elle donnait l'impression d'une fillette mature pour son âge, pas du genre à risquer de s'attirer des ennuis sans bonne raison. Bien sûr, Robin pouvait se tromper. Et cela la menait au second point : elle n'avait jamais entendu parler de cet incident à Halloween. Aussitôt, sa curiosité naturelle s'anima : elle aimait se sentir au courant de tout et aurait bien voulu plus de détails. Un prof de défense contre les Forces du Mal qui cachait des épouvantards partout ? Si c'était vrai, cela avait dû donner un joli spectacle. Son sourire amusé, cependant, avait disparu, remplacé par une expression plus neutre et un peu froide, tandis qu'elle écoutait Allaway déballer sa justification. Elle avait l'intention de la mettre un peu plus sous pression afin de tenter de connaître la vérité sur la raison de sa présence en ces lieux. Après tout, la pauvre petite n'était guère en position de force, et elle-même pouvait encore lui infliger une sanction plus sévère qu'un simple retrait de vingt points à Serpentard. S'étant assise, elle croisa les bras sur le livre fermé après un instant de silence.


— Halloween, répéta-t-elle, les sourcils légèrement froncés. Un incident qui s'est déroulé en octobre vous pousse à vous infiltrer dans la bibliothèque, de nuit et en février, pour étudier ?

Elle attendit une réaction sans cacher son scepticisme, un regard froid vrillé sur elle. Ce n'était pas seulement une question de curiosité ou de faire respecter son autorité en tant que professeur. Les activités de Miss Allaway semblaient bien louches, elle se sentait donc le devoir de faire toute la lumière dessus. Robin avait du respect et de l'affection pour l'institution de Poudlard : c'était un endroit remarquable où elle avait passé les meilleurs moments de sa vie et la bibliothèque en était l'un des lieux les plus précieux à ses yeux. Quoi qu'Allaway ait eu en tête, si cela allait à l'encontre de l'intérêt de Poudlard, elle aurait des ennuis.

— Si c'est un mensonge, il est peu convaincant. J'espère tout de même que ce n'est pas un dessein criminel, comme un désir de voler ou de saboter la bibliothèque, qui vous aurait amenée ici. Dans tous les cas, vous seriez bien avisée de me dire la vérité.
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Sujet: Re: Amour-propre
Lun 16 Mai - 20:51
~ Amour-propre
— Halloween. Un incident qui s'est déroulé en octobre vous pousse à vous infiltrer dans la bibliothèque, de nuit et en février, pour étudier ?

Les yeux obstinément baissés sur ses mains, qu'elle avait croisées dans son giron, Ishbel opina du chef. Elle le sentait dans le ton du professeur, celle-ci ne croyait pas un traitre mot de ce qu'elle venait de raconter. Mais sachant que l'événement problématique s'était produit en septembre, sans doute la croirait-elle encore moins, et sinon, comment justifier le fait qu'elle ait rencontré un type d'épouvantard autrement qu'au troisième étage ?
L'enseignante eut tôt fait de confirmer sa certitude, se faisant plus froide et menaçante, lorsque quelques minutes plus tôt elle se faisait presque chaleureuse. L'élève frissonna : son interlocutrice lui faisait l'effet d'un boa constrictor qui avait enroulé ses anneaux autour d'elle et resserrait lentement son étreinte pour la dévorer. Elle en eut bientôt la conviction : celle-ci ne cherchait qu'à lui administrer la pire des punitions possible. Un renvoi, peut-être ? Cette pensée, pendant un court instant, lui procura un gazouillis de plaisir au creux de l'estomac : rentrer à la maison, retrouver ses parents, les serres du jardin d'hiver, Aileen et Caitir, les alentours marécageux du Loch Lomond... Mais elle chassa vite cette brève lueur d'espoir de son esprit. Rentrer à la maison signifierait qu'elle avait failli, desservi sa famille, et elle ne serait pas accueillie les bras ouverts. Pis encore, ils s'appauvriraient davantage, et peut-être même père serait-il envoyé en prison. Cela lui déplaisait, mais il fallait rester.
La vérité, donc. La vérité ? Comment pouvait-elle dire la vérité alors que cela signifierait son renvoi illico presto de Poudlard ? Mais un autre mensonge, assurément, n'améliorerait pas son cas. Une partie de vérité, ce serait donc.
Elle leva les yeux et les plongea dans ceux, bistre, de la femme. Le regard était dur, perçant, souligné par des traits de visage anguleux, qui avaient quelque chose de masculin.

- J'ai vu mon père se faire tuer, par deux élèves. Je les ai attaqués, je croyais le défendre.

Bien qu'effrayée, elle s'astreignit cette fois-ci à soutenir son regard. Elle ne tremblait plus, et dans son estomac, tapie, la bête grondait. Si elle se moque de moi, je la tue. Tais-toi, tiens-toi tranquille, mais tais-toi te dis-je. Elle va te voir à-travers mes yeux, c'est toi qu'elle va tuer, pauvre folle. Même avec cette parcelle de vérité, elle avait toutes les chances de se faire renvoyer ; se faire passer pour une folle furieuse auprès de deux élèves de l'école ne suffisait plus, il fallait aussi que le corps enseignant en ait connaissance. Nul doute que cette mésaventure allait se répandre comme une traînée de poudre dans tout Poudlard.
Piètre menteuse, et pourtant, jamais elle n'aurait pensé devoir le faire à ce point, à son entrée à l'école. Il fallait qu'elle améliore cette compétence, c'était indéniable, pour peu qu'elle voulût survivre dans ce monde de vautours.
Le désir de vérité est toujours, quelque part, un désir de mort.
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Sujet: Re: Amour-propre
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