Edmund Wagner, né le 06 mars à Oberammergau en Allemagne, frère de Marcus Wagner et... créature difforme aux yeux de ses parents.

Cliché, n'est-il pas ? Et pourtant c'est ainsi. Nanisme que cela s'appelle, mais cela pourrait tout aussi bien se nommer Exclusion ou bien Rejet à mon humble avis, à vous de voir ce que vous en pensez. Je ne sais toujours pas pourquoi mes imbéciles de parents n'ont pas compris en regardant les photographies des échographies... Cela devait sauter aux yeux pourtant quand on y réfléchi. Et le gynéco, alors ? Rien dit ? Impossible. J'en ai conclu que mes parents étaient tout simplement constant dans leur médiocrité, qu'ils étaient aveugles, sourds et cons. Profondément. Et plein d'autre chose encore, si vous saviez. Dieu sait de combien de crimes j'ai été accusé depuis ma naissance ! Mais non, ne parlons pas de lui, ne parlons pas de ce Dieu qui n'a jamais été foutu de se pencher sur mon berceau  alors que j'hurlais autant que mes parents à l'invoquer par des 'Mais qu'ai je fais Seigneur, qu'avons nous fait ahhhhhh'. Je vous l'ai dit, c'est cliché, mais ca me va, ce n'est pas comme si j'allais m'étendre sur le sujet non plus. Des cris, des coups de ceinture, des tirages de cheveux (ma mère s'en tirait autant qu'à moi), des accidents étranges mais 'c'est parce qu'il est maladroit' et tellement de gens qui croit ces bons prêcheurs, ces merveilleux Wagner qui doivent élever un fils hideux avec tellement de problèmes dans sa caboche qu'aucun établissement n'en veut. Heureusement qu'il y avait le fils prodige pour rattraper ce malheur, seigneur. Ave Markus. Markus était cela dit assez sympa quand j'y pense. Celui qui a eu droit à un baptême et à un second prénom. Il m'évitait. C'est tout. Je n'existais pas à ses yeux. Ou bien c'est ce qu'il voulait croire. Je l'ai entendu pleurer et râler quelques fois, pauvre frère chéri, parce qu'il n'avait pas la chance que les autres ont, il ne pouvait pas sortir sans entendre des remarques, il ne pouvait accueillir aucun de ses amis car le risque aurait été trop gros et les tentations à céder à la curiosité trop grande. Et puis tant que j'étais là, célèbre pour ma différence, il n'y en avait jamais pour lui ou si, mais l'on finissait bien par me mentionner, bigre. Lui qui voulait le centre de l'attention, moi qui voulait qu'on m'oublie, qu'on m'éclipse, c'est tout le contraire qui se passait. Etrange comme le destin se joue de nous OU Dieu, qu'importe, on a jamais ce qu'on veut.

Ou si un peu. Aux environs de mes huit ans est entré dans ma vie la magie. De façon fort curieuse et presque divine. Si si. Jugez. Cliché, attention ! Saint Markus, aussi clément soit-il, devait forcément vu ses géniteurs basculer à un moment ou un autre. Il l'a fait de façon plutôt violente, il m'arrive encore de frissonner. 'Il m'attrape par les cheveux (jamais compris pourquoi ils ne me tondaient pas vu que j'ai eu un nombre incalculable d'amis logeant sur mon crâne), me fais valser contre la vitre, qui se fend, me réagrippe des fois que, avant de me relancer, et la vitre qui cède cette fois... et moi qui tombe, sur un sol tout mou. Vraiment trop mou.' Cliché donc, toute ma vie n'est que ça à croire, mais ca se calme après, je vous assure, mais pas tout de suite. Première expérience magique sous état de choc. Markus était aussi choqué que moi. Il a hurlé comme un damné, je l'entend encore... mes oreilles en sifflent. Rien de cassé, mais les déchirures de ma peau, bon sang, ça on peut dire qu'il ne m'a pas raté. Il ne m'a plus jamais touché après ça. Jamais. Et puis quelqu'un est venu expliquer à mes parents que j'étais vraiment le diable (enfin, ca, c'est ce que mes parents en ont tiré) et ils m'ont catapulté de la maison, direction un vieux grand-père en Angleterre (sympa, lui) qui ne dura pas longtemps. 'Il a le diable au corps !' Non, on ne peut rien faire contre le temps. Atterrissage chez une bobonne, une amie du vieux, elle aussi anglaise. Qui n'a pas duré non plus, mais soit... en gros j'ai été balloté à droite à gauche, j'ai voyagé dans ce nouveau pays où j'ai eu le temps d'en apprendre la langue de Shakespeare. Vive les procédures foireuses ! Et ainsi de suite jusqu'à ma lettre pour Poudlard, étrangement. Moi qui pensais atterrir dans une école de sorcellerie allemande, voilà que je me retrouvais par la grâce du Saint Esprit à faire mes études dans un lieu lointain et fort accueillant – si on fait exception des quelques 'face de gobelin' durant ma scolarité. Maison : Serdaigle. J'avais pourtant misé sur la maison du courage vu que ce que j'avais enduré, mais bon. Les années passèrent tandis que je démontrais quelques facilités en sortilèges et enchantements. Pour au final étendre mes études en dehors du château, après avoir prêté mains fortes (ou petites mains magiques) lors de la bataille de Poudlard – Poudlard que je considérais comme ma vraie famille. La bataille en soit est aussi cliché et pourtant elle s'est faite ! Et le professeur Flitwick comme un modèle à suivre, une forme de père que je n'ai jamais eu vu qu'il m'avait pris sous son aile (entre courtes tailles on se comprend). Il n'est pas surprenant, d'ailleurs, qu'il m'ait offert un toit, qu'il m'ait, à sa façon, éduqué, qu'il m'ait enseigné à exceller et à avoir confiance en moi. Qu'il m'ait donné le goût de partager et d'enseigner, de faire comme lui, d'être un modèle ouvert d'esprit. Ni que je sois devenu professeur, retournant dans mon ancien pays à la langue qui gratte le gosier, tandis qu'il enseignait toujours à Poudlard. Il n'est pas surprenant que sa mort, une belle mort, celle qui nous cueille après qu'on ait mené une longue vie riche en expérience, m'ait anéanti quand celle de mon vrai paternel m'a laissé indifférent. Il n'est pas étonnant non plus que j'ai presque vendu mon âme pour obtenir son ancien poste au sein de Poudlard lorsqu'on ma signalé durant les dernières vacances que le poste était devenu vacant. Il n'est pas étonnant que je sois devenu professeur de sortilège (vantard, oui, j'assume !). Ni plus étonnant enfin (et après quelques regards fort appuyés et lettre de motivation de quarante-cinq pages) que je me sois retrouvé à la tête de Serdaigle. Comme lui. Mon modèle. Celui qui, plus que n'importe qui, m'a appris à m'aimer moi et à être bienveillant envers moi-même. Me voilà donc, septembre 2022, nouveau professeur de Sortilèges et Enchantements à Poudlard, ma maison.