Dix ans auparavant
Assise face à sa fenêtre, une petite fille brune dessinait tranquillement, une panoplie d’objets autour d’elle. Ceux-ci se trouvaient être éparpillés de part et d’autre de sa chambre. Ce que sa mère qualifiait tout simplement de « bordel ». Raison pour laquelle elle se trouvait en ce moment-même enfermée dans sa chambre. L’ultimatum était simple et toujours le même : chambre mal rangée et manquement à la discipline équivalait à une durée plus ou moins longue de séjour dans sa chambre, sans pouvoir sortir. En l’occurrence, dans ce cas-là, elle devait simplement tout ranger pour sortir.
Ce qu’elle ne faisait pas bien entendu.
Elle savait que sa sœur, Luma, revenait de l’école aujourd’hui et passerait la soirée à la maison. Afin de compenser les longs mois d’absence, elle lui faisait un dessin comme « cadeau de retour ». La blonde avait beau ne pas être véritablement sa sœur –car elles n’avaient que leur père en commun- les deux filles étaient vraiment proche, comme si aucune ne pouvait vivre sans l’autre. Enfin, c’était ainsi que cela sonnait dans la tête de la petite. Une vision certainement trop idéaliste mais qui plaisait à la petite brune.
Il lui suffit de terminer de colorier une partie de l’herbe pour terminer son œuvre. Elle la prit en main et la leva face à elle, l’admirant sous tous les angles. Mine de rien, elle était fière de ses coups de crayon sur la feuille et, en le reposant sur une partie libre du sol, elle posa un regard sur sa montre. Quinze heures quarante. D’ici deux heures sa sœur sera là et elle voulait à tout prix être là pour l’accueillir. Elle se leva donc le plus vite possible et s’activa à remettre sa chambre en ordre, rangeant tout au bon endroit et le mieux possible afin que sa maman n’ait rien à redire et ne la force pas à ranger une énième fois.
Terminant de ranger dans les temps, elle sentit une sorte de malaise face au vide de sa chambre crée par ses affaires misent dans ses caisses et autre meubles. Elle fut tentée de ressortir quelques jouets, mais se retint. Elle allait se faire gronder sinon.
«
Maman ! »
Une voix bougonnant lui répondit :
«
Oui ? »
-
J’ai fini de ranger ma chambre ! -
J’arrive je vais voir. »
Le grincement léger d’une chaise se fit entendre suivit de bruit de pas. Lorsqu’ils arrivèrent jusqu’à la porte, la serrure de celle-ci pivota sur la droite dans un léger
clac qui indiquait sa libération. L’entrée s’ouvrit, lui permettant de s’enfuir en ayant remercié la femme au passage. En se précipitant dans le jardin, Jake, leur setter irlandais, releva la tête et se leva pour la suivre en glissant sur le parquet. Tous deux arrivèrent à l’extérieur et Larys s’amusa à lui lancer sa balle qu’il lui rapportait toujours fièrement, pour faire plaisir à sa jeune maîtresse.
L’animal cessa le jeu sans prévenir dès lors qu’il entendit un sifflement inaudible pour la gamine qui comprit cependant ce qui se passait. Luma arrivait. En effet, il ne lui fallut pas longtemps pour voir la blonde marcher le long de l’allée qui menait jusqu’à chez-elle. La petite sautillait sur place en la voyant arriver, d’une démarche rapide mais fière. Celle-ci parvint à la barrière, posa sa main dessus et, d’une impulsion rapide et réfléchie, passa par-dessus en un saut. Il n’en fallut pas plus à la jeune fille pour venir se jeter dans les bras de l’adolescente qui s’accroupit pour la prendre contre elle. Elles défirent leur étreinte et Luma calma la joie de sa petite sœur par une main sur sa tête.
«
Alors, ça y est t’es en vacances ? Quoi de nouveau depuis ?-
J’ai plein plein plein plein de trucs à te raconter ! Tu restes jusqu’à quand ?«
Je reste jusqu’à ce que tu ailles te coucher ! » Sa voix devint d’un seul coup moins joyeuse, plus plate, tandis que son visage s’assombri. «
On en reparle ce soir après le repas, d’accord ? »
«
Ouais ! »
Larys n’eut pas besoin de se retourner pour comprendre que sa maman était venue dehors pour accueillir l’invitée à qui elle adressa un bonjour froid et poli. Elle n’avait jamais compris pourquoi elles étaient comme ça, la petite fille ne les avait jamais vu avoir une autre relation. Parfois même elles criaient, sortaient des gros mots que la gamine n’aurait jamais eu l’idée de prononcer. Elle n’aimait pas quand il y avait cela.
Ils rentrèrent ainsi tous dans la maison, prenant place sur le canapé pendant que Luma racontait toute sorte de choses à son père. Donnant quelques nouvelles de sa mère avec qui elle venait de passer deux jours. Tout en restant sur un ton poli. Juste poli. Aucune chaleur, une visite pour se donner bonne conscience.
Elle profita de ce petit temps où elle n’avait rien à dire spécialement pour aller chercher son dessin. Le cachant maladroitement derrière son dos, la petite fille s’approcha de sa demi-sœur, un sourire radieux sur son visage.
«
Ferme les yeux Luma ! »
Levant les yeux au ciel de manière amusée, la concernée s’exécuta en se penchant légèrement devant la petite. Celle-ci sortit le dessin de son dos dans un froissement discret de feuille et le plaça face à la blonde.
«
Tu peux les ouvrir ! »
Ses yeux gris firent alors leur irruption et son sourire perdit son éclat l’espace d’un instant avant de se reprendre le plus vite possible. De son mieux l’adolescente garda une attitude normale et s’empara de « l’œuvre » avant de prendre Larys dans ses bras en l’embrassant sur le front.
«
Tu t’es bien améliorée ! Il est très joli merci »
Elle avait qualifié le dessin par un mot en français que la cadette reconnue facilement. Elle en savait quelques-uns vu que sa sœur lui en apprenait dès qu’elle était à la maison. Malgré tout, la gamine senti que ce n’était pas vraiment sincère, comme si elle disait cela pour cacher autre chose.
Elle accorda un dernier regard à son dessin, celui-ci représentant sa sœur tenant une baguette magique avec un long chapeau pointu.
Bien-sûr qu’elle savait.
Huit ans plus tôt
«
N'espère même pas sortir tant que tu n’auras pas réfléchis à ce que tu as fait ! »
Elle serra les dents, ne cherchant même pas à répliquer quoique ce soit afin de ne pas empirer les choses. D’un pas rapide elle se dirigea dans sa chambre où elle balança son sac à dos contre son bureau.
Pourquoi.
Pourquoi est-ce que ça lui arrivait ?
Aujourd’hui, alors qu’elle faisait tranquillement ses exercices en classe, un garçon de sa classe était venu la voir en se moquant de son attirance pour tout ce qui était « magique ». Il lui dit avait qu’elle était bête, folle et qu’elle finirait à l’asile. Elle n’avait pas eu le temps de se retourner complètement qu’elle avait constaté avec horreur que l’élève s’était retrouvé plaqué contre le sol. Son institutrice s’était vue dans l’obligation de convoquer ses parents en pensant que la brune avait usé de violence sur l’enfant. Sa mère avait rejoint son avis et a été inévitablement furieuse de l’attitude de sa fille qui était sous la « mauvaise influence de cette garce ».
Ca, c’était pire que tout. Elle n’aimait pas que l’on parle en mal de sa sœur. Mais alors pas du tout.
Tout remontait. Sa rage notamment. Beaucoup.
Elle se mit en boule dans sa chambre, tentant de tout retenir, ne rien montrer.
«
Et pense encore moins voir ta sœur demain »
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.
Tout se déversa, sorti tel un ras de marrée.
Une force inexplicable s’extirpa de tout son être, lui coupant la respiration sur le moment. S’en suivit un bruit à en casser les oreilles d’objets qui tombaient de ses étagères, bureau et autres meubles. Terrifiée par ce qui venait de se produire, elle se ramassa encore plus sur elle-même en s’attendant à ce que sa mère vienne. Cependant, cela ne se passa pas exactement de cette manière. Ce fut son père qui ouvrit précipitamment la porte, Larys sentant son regard effrayé lui brûler la peau. Il laissa un long silence couler dans l’instant, finissant finalement par sortir quelques mots déterminés, comme une solution sans appel.
«
J’appelle Luma »
Sept ans auparavant
Larys se dirigeait lentement vers la salle commune, le livre qu’elle était en train de lire à la main. Cela ne faisait que quelques jours que sa rentrée en première année à Poudlard avait eu lieu et la pré-adolescente s’intéressait à un bon nombre de choses, avide de connaissance sur le monde sorcier. Et puis, de cette manière elle pouvait simplement se cacher derrière un livre pour ne pas ressentir la culpabilité de ne pas aller vers les autres. Ce n’était pourtant pas vraiment dans son habitude, juste le nouvel environnement qui la perturbait quelque peu.
Bientôt, ce ne fut pas l’environnement qui la perturba. En effet, la jeune fille fut coupée dans ses pensées par des pas heurtant violement et rapidement le sol derrière elle, avançant à une allure folle. La première année n’eut pas le temps de se retourner qu’une furie passa devant elle, ne prenant pas la peine de tourner la tête.
«
Cours ! »
Le mot se distinguait difficilement derrière un accent assez prononcé qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre. Du tout. C’est en entendant quelque chose derrière elle se déplacer à une vitesse à en faire peur que Larys ne chercha même pas à voir ce qu’était la chose en question. Et se mit à suivre la brune qui se trouvait devant elle, courant assez maladroitement au début puis se reprenant après quelques foulées.
Mais dans quoi s’était-elle fourrée ?
Entre deux respirations, elle parvint à articuler suffisamment fort pour que cela parvienne aux oreilles de la jeune fille devant elle.
«
On fuit quoi ? »
«
Cognard ! »
…Un quoi ?
Ah oui, l’un des ballons du quiddicth dont lui avait parlé sa sœur.
Minute.
Un cognard.
Mais comment l’autre première année s’était retrouvée dans cette situation ?
Forte heureusement pour elles, une porte ouverte se présenta et elles tournèrent d’un seul coup. Encore perdue, la dissidente dû rapidement attraper le bras de la née-moldu pour la faire se baisser in extrémis.
«
Sors, vite! »
Elle ne se fit en effet pas prier et s’échappa de la pièce en laissant l’autre fermer la porte, reprenant son souffle, les yeux écarquillés de surprise. Soudain, le ballon tambourina la porte, provoquant un sursaut suivi d’un cri étouffé de la part de la plus petite. Il n’en fallut pas plus pour qu’un rire n’éclate du côté de la casse-cou face à la situation.
«
Yeah ! Ca c’était une aventure ! »
Aventure ?
Plutôt la peur de sa vie oui !
Le rire est cependant contagieux et bien vite, elle se joignit à elle dans un rire plus discret.
Une voix adulte, cassante rompit cet élan de joie.
«
Je ne vous dérange pas j’espère »
Silence.
«
Euh… pardon on va partir »
Avant même que le professeur ne se prononce, elle se redressa et attendit que Larys fasse de même pour la tirer avec elle plus loin, à un étage supérieur.
Comment une telle calamitée pouvait donc bien exister ?
«
On l’a échappé belle ! »
Voyant que la petite se contenta de lever les yeux au ciel de manière amusée, l’inconnue continua, pleine d’entrain.
«
Tu t'appelles... MacLogan c'est ça ?-
Larys. Tu peux m'appeler Larys.-
Si tu m'appelles Lexie. »
C’est à ce moment que son regard se posa sur l’uniforme de la fameuse Lexie.
C’est vrai qu’en fait elles étaient appartenait à la même maison.
Trois ans auparavant
Un calme certain régnait dans la pièce, la pénombre permettait seulement d’apercevoir les visages endormis des jeunes filles du dortoir qui n’avaient pas tiré leur rideau. Il avait cependant une forme d’agitation vers un lit, une élève au visage crispé, une respiration anormale qui se mouvait étrangement dans sa couche.
Un cri qu’elle n’aimait jamais entendre mit fin à son sommeil de plomb et Larys ouvrit immédiatement les yeux, cherchant à tâtons sa baguette avant d’exécuter un faible Lumos. La vision de sa meilleure amie lui fit froid dans le dos, jamais elle ne s’y habituerait. Celle-ci se trouvait assise, les yeux écarquillés à continuer d’hurler. La petite brune dit à l’attention des colocataires de ne pas faire attention ni même de tenter quoique ce soit. Afin qu’elle-même puisse intervenir en conséquence.
A ces mots, elle se jeta hors de sa couette et s’approcha sans geste brusque vers Lexie. C’était la deuxième fois cette semaine et cela inquiétait la née-moldu qui ne laissait rien paraître. Dans un réflexe, elle voulu poser sa main sur l’épaule de l’adolescente qui eut un mouvement de recul. C’est vrai qu’elle ne pouvait pas la toucher dans ses moments-là. Afin de tenter de la calmer au plus vite, la plus petite s’approcha assez près pour pouvoir lui parler. D’abord d’une voix tremblante et sans sûreté, elle devint progressivement douce, chaleureuse et même rassurante. A vrai dire, elle ne faisait même pas attention à ce qu’elle prononçait, elle savait bien que le plus important n’était autre que le ton employé. C’était une véritable épreuve pour elle d’agir aussi calmement alors qu’elle aurait simplement voulu pleurer, taper dans quelque chose pour ne plus sentir cette sensation de ne pouvoir aider que temporairement son amie. S’ôter cette frustration qui l’emplissait à chacune de ces crises.
Le temps lui sembla infini mais Lexie sembla s’apaiser petit à petit, lui autorisant désormais son contact. Ce dont Larys ne se fit pas prier. Elle posa doucement sa main sur l’épaule de son amie, continuant de lui murmurer des mots rassurant. Lentement, en déplaçant sa main sur le haut de sa poitrine et en plaçant l’autre sur le bas du dos, elle la fit basculer doucement en arrière pour la faire se recoucher.
«
Rendors-toi Lexie, je suis là, je vais rester avec toi »
La brune se glissa sous la couette, la remontant aussi du côté de son amie avant de venir se coller contre elle, passant son bras sur le haut de son ventre comme pour lui faire un câlin. Sa tête vint se caler vers son épaule, sentant ses cheveux ondulés lui chatouiller le visage. Lexie bougea encore légèrement avant de vraiment retourner dans son sommeil sous les encouragements de la petite qui fit de son mieux pour la renvoyer dans son sommeil.
De longues minutes passèrent où elle ne parvint pas à faire de même, encore perturbée par ce qui venait de se produire. En songeant furtivement à la proximité physique de leur deux corps, l’adolescente sentit son cœur s’emballer, frapper plus fort sa cage thoracique comme pour lui indiquer quelque chose. Elle ne comprenait pas. Ca devait être simplement de l’inquiétude. Juste ça.
Quelques semaines auparavant
S’affalant sur la chaise de la terrasse du glacier Floran Fortarôme, les nombreux sacs glissèrent de ses bras pour venir se poser au pied de la table. Luma, elle, prit le temps de s’assoir un peu plus dignement en redressant son dos de manière fière. Larys avait tant de choses à lui envier.
Avant même qu’elle ne puisse en placer un, un serveur vint prendre leur commande. Comme à son habitude, la blonde se prit de quoi nourrir un régiment tandis que la cadette se contenta d’une crêpe à la crème de marron et d’un verre de cidre.
«
Tu la sens comment ta rentrée pour ta dernière année ?
-
Franchement ? Trop bien ! Je compte bien profiter un maximum avant de quitter Poudlard. »
Un sourire se forma sur le visage de la blonde qui répondit :
«
Tu fais bien de vouloir profiter. N’oublie pas d’étudier aussi ! »
Levant les yeux au ciel de manière amusée, elle répliqua
«
Comme si j’allais oublier une telle chose. Je te rappelle que je veux devenir Auror. J’ai donc tout intérêt à bien suivre en cours ne pas être à la ramasse.-
Tu es toujours sûre de vouloir faire ça ?
-
Plus sûre que jamais ! »
Comme toute réponse, l’ainée fit un faible sourire et reporta son attention sur la jolie serveuse qui vint leur apporter leur commande tout en récupérant l’argent tendu par la sorcière.
Alors qu’elles commençaient à manger silencieusement, Luma profita du fait que sa petite sœur mâche un morceau de sa crêpe pour lui annoncer quelque chose.
«
Je suis la nouvelle concierge de Poudlard »
Les yeux bruns de Larys s’écarquillèrent de manière presque improbable, lâchant même sa fourchette au passage. Avalant précipitamment sa bouchée, elle s’étouffa à moitié et se leva de sa chaise.
«
Attends attends. »
«
Dis-moi que c’est pas une connerie. Dis-moi que tu dis pas de la merde. Putain non mais c’est trop bien ! »
Elle laissa exploser sa joie en faisant le tour de la table afin de se jeter dans les bras de sa sœur sous le regard étonné des passants et des clients qui ne comprenaient rien à la situation. La future concierge lâcha un rire face à la réaction de la brune et lui rendit son étreinte.
«
Je pensais vraiment pas passer une aussi bonne dernière année »