Verba argentum nec silentia aurum (Alyson Fawley)

Verba argentum nec silentia aurum
La parole est d'argent ; le silence est d'or.

Il existe peu d'endroits que je préfère plus qu'une librairie comme Fleury & Bott. Il n'est pas seulement question de ce que l'on y trouve, bien que cela joue évidemment sur mon appréciation. Il s'agit plutôt du genre d'atmosphère qui s'y trouve, une atmosphère dont je suis familier étant donné que ma mère fut, pendant une grande partie de sa vie, vendeuse dans l'un de ces endroits. L'atmosphère de ces commerces-là est une atmosphère dévouée à la contemplation, à la découverte et au savoir, choses qui sont importantes pour celui ou celle qui désire apprendre. Je devais alors m'y rendre d'une part pour faire l'acquisition d'une pile de livres que j'allais distribuer à des élèvres de 6ème année (un livre très pratique pour la théorie et la préparation aux ASPIC) et d'autre part pour essayer de trouver un livre sympathique, une sorte de lecture personnelle. Le but de ma visite était donc double, mon plaisir aussi.

J'entrai dans le magasin rapidement, bien que je fis en sorte de faire le moins de bruit possible. Le climat était certes sec, mais il était aussi glacial ; j'étais donc ravi de me réfugier chez Fleury & Bott pour me réchauffer les mains, entre autres choses. La température savait toujours être idéale dans ce genre d'endroits, propice au repos du lecteur. Quelques visages curieux se tournèrent en ma direction, je marmonnais alors un discret "bonjour" en inclinant légèrement la tête, conciliant ainsi mon besoin social d'être poli et celui d'être relativement silencieux. Je désserrai l'étreinte de mon écharpe jaune et noire, aux couleurs des Frelons de Wimbourne, et j'avançai à pas légers vers le comptoir derrière lequel s'affairait l'un des deux libraires de l'établissement. J'inclinai à nouveau la tête et lui glissai en chuchotant que j'étais là pour une commande d'une vingtaine de livres. Elle me confirma qu'elle les avait reçus mais qu'ils étaient encore en réserve et que ça allait lui prendre un certain moment pour les trouver. Je lui signifiai qu'elle pouvait prendre son temps, à condition que je puisse flotter entre les rayons de la bibliothèque pour feuilleter quelques livres, condition qu'elle accepta sans problème. Je la vis ensuite disparaître derrière la porte menant vraisemblablement aux locaux privés de la librairie.

J'en profitai alors pour commencer mon "inquisition" envers les étalages de livres de la librairie, regardant défiler les nombreux titres d'ouvrages différents. De temps en temps, il m'arrivait de m'arrêter un bref instant, d'inspecter un livre de plus près, puis de reprendre mon petit spectacle. Après une brève minute, je trouvai un livre qui me semblait intéressant, le tirai de l'espace exigü dans lequel il se trouvait et commençai à la feuilleter avec intérêt, tout en prenant soin de jeter de temps un temps un regard furtif vers le comptoir pour m'assurer du retour ou du non-retour de la libraire.

Cela faisait maintenant quelques mois que la rentrée universitaire avait commencé pour Alyson. Une nouvelle vie s'offrait à présent à elle, une vie des plus trépidantes.... Tout du moins c'est ce qu'elle croyait. À peine les cours avaient-ils commencé, qu'elle se retrouvait avec une tonne de devoir et de bouquins à acheter.
D'où sa présence en ce jour du mois de décembre sur le chemin de Traverse, accompagnée d'une de ses plus proches amies qui était devenue depuis peu sa nouvelle colocataire. Heureusement qu'elle l'avait d'ailleurs accompagnée car il aurait été fort probable qu'elle n'aurait certainement pas eu le courage de s'y rendre seule, surtout avec cette longue liste de manuel de Potion, d'antidotes et d'ingrédients qu'elle devait acheter.
Elle avait beaucoup de chance de pouvoir encore bénéficier de la fortune de sa famille, ainsi avant de se rendre chez Fleury et Botts, Alyson s'était rendue à Gringotts pour retirer un peu d'argent dans son coffre. Comme d'habitude, elle avait un peu plus retiré que d'habitude, pour en profiter également afin de faire les boutiques avec son amie.
Le sourire aux lèvres et toujours aussi bavarde que l'an passé, Alyson discutait de tout et de rien avec son amie jusqu'à pénétrer dans la boutique de Fleury et Botts. Toujours dans sa lancée, elle ne s'arrêta pas pour autant de parler. D’innombrables personnes s'étaient pourtant retournées face à elle, mais elle ne les avait pas remarqué préférant discuter du nouveau balais de course qui était récemment sorti avec son amie.
Sur le chemin (près des étagères remplies de livres en tout genre), Alyson percuta sans faire attention un homme. D'un naturel spontanée et sans gêne, elle s'excusa, le sourire aux lèvres : « Je suis vraiment désolée de vous avoir percuté, vraiment » fit-elle tout en poursuivant : « C'est un livre fort intéressant que vous allez là si je peux me le permettre » conclua-t-elle.

Spoiler:

Alors que je continuais à lire, le carillon doux et cristallin de la boutique sonna à nouveau et la porte s'ouvrit. Deux jeunes femmes firent alors leur entrée, et l'entrée fut bruyante tant celles-ci parlaient comme si elles se trouvaient dans un bistrot. Mes yeux se levèrent du livre pour se poser sur elles, et bien que mes oreilles tâchaient tant bien que mal de faire abstraction, je n'arrivai pas à ne pas entendre la conversation entre les deux jeunes femmes qui ne semblaient pas avoir compris, malgré leur condition de jeunes adultes, qu'une librairie était le genre de lieu où on la mettait en veilleuse. D'une manière quasi-viscérale, mes mâchoires se contractèrent sous le coup de la frustration d'avoir à écouter un dialogue dont l'intérêt me semblait absolument nul et d'être trop poli pour oser réclamer le silence. La peur de passer pour un vieux con, sans doute.

J'essayai alors tant bien que mal de me replonger dans mon bouquin, espérant cette fois que la libraire arrive en vitesse pour m'annoncer que ma commande était préparée. Néanmoins, aucune libraire encore à l'horizon, et je devais alors prendre mon mal en patience. Les deux jeunes demoiselles continuaient à converser sans aucune gêne de balais de course et d'autres sujets tous aussi inintéressants pour moi les uns que les autres. Alors que la moutarde me montait au nez, l'une des deux dames me bouscula et s'excusa illico, ajoutant comme une envie de faire la conversation avec moi que le livre que je feuilletais était d'un grand intérêt. J'étais sur le point de lui dire que je ne pouvais pas savoir puisque je ne pouvais pas le lire avec tout le boucan qu'elle faisait, mais je me retins de justesse et lâchai, avec un sourire coincé à l'extrême :

"Je vous en prie, il n'y a pas de mal."

J'espérai que cette phrase, lâchée d'une manière sèche, allait faire comprendre à la jeune demoiselle que je n'avais aucune envie de parler à l'heure actuelle et, surtout, que je n'avais pas vraiment envie de l'entendre. Mal m'en prit, puisque la façon relativement diplomatique que j'adoptai n'eut pas grand effet sur la parlotte de la jeune femme. Je soupirai, de plus en plus tenté de lançer un sortilège de mutisme à la pipelette. Je décidai alors d'entamer une sortie de crise.

"Vraiment désolé, mais je crois que le volume sonore de votre conversation est absolument inadapté au calme que l'on attend d'une librairie, mademoiselle."

Et paf ! Ah ben moi, faut pas m'énerver !

Bavarde, Alyson l'était. À tel point, qu'elle avait tendance à oublier tout ce qui l'entourait. Elle en oublia même qu'elle se trouvait dans une librairie. Sur le chemin, elle était si concentrée par sa conversation avec son amie qu'elle ne manqua pas de percuter quelqu'un. Depuis le temps, elle en avait l'habitude, raison pour laquelle, elle ne fut absolument pas gênée lorsqu'elle s'excusa auprès du jeune homme. Celui-ci semblait d'ailleurs lire un livre fort intéressant au sujet des plantes médicinales, raison pour laquelle, elle ne put s'empêcher de débuter une conversation avec lui à ce sujet.

Cependant, il fallait croire que l'homme en question n'était pas réellement disposé à vouloir en discuter. À peine s'était-elle excusée qu'il lui avait dis qu'il n'y avait pas de mal, tout en enchaînant avec le volume sonore de sa conversation. Encore un vieux grincheux pensa-t-elle. D'un naturel direct, elle ne put s'empêcher de dire « Vous n'allez pas me dire que cela ne vous est jamais arrivé ? Je suis vraiment désolée si cela vous a dérangé, mais je n'ai pas pu m'y empêcher, vous connaissez les Frelons de Wimbourne ? Il paraît que l'un de leur joueur s'est acheté le nouveau balai de course dernier cris qui est sorti, je suis un véritable passionnée de Quidditch vous comprenez ? Je n'ai donc pas réussi à me contrôler. Désolée. Mais j'étais sincère à propos de votre livre, il parle de Potion ? Et de plantes médicinales ? Je viens d'être accepté à la faculté Nobby Leach en première année de Médicomagie, je cherche donc non seulement mes manuels mais tout autre bouquin qui pourrait m'instruire et me servir » conclut-elle aisément. Encore une fois, elle avait bien trop parlé, le jeune homme devait certainement vouloir partir à tel point qu'elle pouvait être pénible lorsqu'elle commençait.

Pendant ce temps, son amie faisait mouche et ne disait plus rien, totalement gênée.

Spoiler:

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