Enfin ! L'accomplissement de mes trois première années à Poudlard ! Tout mon machiavélique projet va prendre forme ! Pour arriver à le mettre debout, j'ai observé, espionné, stalké le professeur Benji pour savoir quand la salle d’Étude des moldus est vide pendant plus d'une heure. Sous le professeur Nightingale, cette salle était beaucoup moins déprimante, mais la salle du professeur Benji me donne encore plus envie de ne pas travailler cette matière. Alors j'ai décidé de refaire la déco en entier de la classe, et puisque je n'ai pas envie de passer des heures à brosser des murs couverts de peinture en retenue, je vais peindre mon œuvre sur des draps blancs. Pendant les grandes vacances dernières, j'ai dessiné au feutre noir les dessins que je veux peindre ; principalement du Disney j'avoue, mais ces dessins animés sont l'un des seuls atouts du monde moldu, alors je veux égayer la salle en accrochant des draps peints sur les murs.
Tous mes draps bien calés sous mon bras, et ma peinture dans mon sac, je trottine joyeusement vers la salle. Je sais qu'elle est libre depuis cinq minutes, et que le professeur ne reviendra pas avant une heure et demi. C'est court mais c'est assez pour mon œuvre ! J'ai passé trois mois à observer pour savoir ça, alors j'en suis sûre. J'ai même fait des tests, la peinture adhère mais ne transperce pas le tissu. Tant mieux, je ne tacherai pas le sol comme ça.

Une fois dans la salle de cours (heureusement elle n'est pas fermée), pas de temps à perdre ! J'étale le premier drap sur le sol, tous les pots de peinture autour de moi, et sors tous mes pinceau. Beaucoup de bleu, un peu de vert, de jaune, une bonne dose de blanc, un peu de noir et une touche de orange... Un quart d'heure plus tard, j'ai fini ma première peinture ; la reine des neiges avec son bonhomme de neige, il faut qu'elle sèche maintenant ! Je la pose à cheval sur plusieurs bureaux, puis me repenche sur un autre drap pour commencer à peindre Alice aux Pays des Merveilles, avec ses roses rouges et son Cheshire rose et violet.

« Peignons les roses en rouges ! Le plus éclatant des rouges ! »

Je ne connais pas la suite des paroles, alors je continue en sifflotant. Les pots dont je n'ai plus besoin, je les empile sur une table d'appoint à côté de la porte d'entrée.
Malgré le bruit que je fais en sifflant, j'entends un bruit de pas de l'autre côté de la porte, alors je m'arrête soudainement. Les pas ont l'air de se diriger par ici, alors je mets mon pinceau dans le pot de la même couleur, et part me cacher sous la toile de la reine des neiges, emportant mon sac avec moi, quand je remarque quelque chose de dérangeant : les pots près de la porte tiennent vraiment en un équilibre très incertain ! Si en entrant, la personne ne fait qu'effleurer la table, elle va ressembler à un arc-en-ciel de la tête aux pieds ! J'espère juste que c'est quelqu'un qui vient fermer la porte, pas Madame Benji qui revient plus tôt que ce que mes calculs ont prévus, sinon je suis bonne pour être en retenue jusqu'à ma septième année !

HS:

J'ai vraiment l'espoir que les pas ne passent pas le pas (ça fait beaucoup de pas) de la porte. Je ne crois en aucun dieu, mais là, je prie tous les dieux dont je connais le nom de détourner le chemin de la personne devant le porte. Qu'elle continue sa route et ne repasse plus jamais par ici! Pourvu que ce ne soit pas madame Benji... Il faut croire que les dieux ne m'aiment pas, ou qu'ils prennent juste plaisir à me martyriser, mais j'attends la porte s'ouvrir, et je vois une ombre passer dans la pièce. Toujours incapable de savoir qui c'est, je pense très fort : Pas la table, touche pas la table ! Mais il faut croire qu'encore une fois, j'ai la poisse la plus totale, puisque j'entends un horrible bruit de métal s'écrasant sur le sol, puis le hurlement perçant d'une voix de femme :

« QUI A FAIT ça ??? QUI ?? »

Je mets une main devant ma bouche pour m'empêcher de lâcher un petit cri. J'aurais préféré entendre un homme, au moins je serais sûre que ce n'est pas madame Benji. Mais autant je peux reconnaître sa voix, autant je n'ai jamais étudié les cris des gens à Poudlard, et je n'ai toujours aucune idée de qui vient d'entrer dans cette pièce ! Le silence règne de nouveau un instant, puis l'ombre bouge dans ma direction, et je remarque avec horreur que mes pieds dépassent de ma toile. Je les rentre à l'abri, mais je pense que c'est trop tard.

« Je vous ai vu, sortez, vous avez 5 minutes, sinon c'est l'heure de colle, je vous préviens. »

Zut, elle a vu mes pieds ! J'hésite à sortir de sous mon drap. Peut-être qu'elle bluffe ? A cet instant, dans ma tête, il se passe un mini-remake de La cité de la peur, seulement je ne pas répondre « Tu bluffes Martoni » : non seulement il y a de forte chance  pour qu'elle ne comprenne pas la référence, mais en plus là elle saurait où je suis sans avoir besoin de bluffer. Et puis elle a dit que j'ai cinq minutes, donc j'ai de temps de voter pour savoir si elle bluffe non ?
Uhm... je finis par conclure que même si elle bluffe, elle va bien me trouver un jour donc autant sortir non ? Mais après tout, qui me dit qu'elle ne va pas me mettre une heure de colle quand même ? Je ne serais plus à ça près dans tous les cas...  J'hésite encore un instant, décide que le plus sage, c'est de sortir de là-dessous, alors je traverse le drap dans l'autre sens pour sortir du côté. On sait jamais, au cas où la fille me gifle par énervement. Mais au moins, j'ai reconnu à la voix que ce n'est pas madame Benji. Même, cette voix m'est familière, un peu trop même.

C'est Molly Weasley que j'ai couvert de peinture sans le vouloir... Enfin non ! Je rectifie : Molly Weasley s'est couverte de ma peinture, c'est pas la même chose. Et comme ça  on peut faire une remix de la chanson des roses à peindre en rouge : ça pourrait devenir « Peignons les Molly en bleu ! », mais même si j'ai très envie de chanter, je me doute qu'elle ne va pas apprécier du tout. Elle a l'air assez énervée comme ça.
En plus, elle a fait l'impasse sur suffisamment de mes bêtises comme ça, alors je lui demande:

« Tu vas quand même me coller, non ? »

Je pense qu'elle m'a trop épargnée jusque là, alors maintenant que je lui ai fait une teinture de cheveux made by me d'un bleu magnifique, je ne suis pas sûre qu'elle soit très clémente cette fois-ci.

J'aime pas du tout la tête que fait Molly là. C'est un mélange entre l'énervement ultime et la folle envie de m'étriper. Et le pire, c'est qu'elle ne hurle même plus. C'est moins vicieux quelqu'un qui hurle, parce qu'on sait ce qu'il nous réserve : une bonne raclée. Alors que Molly, son calme peut cacher n'importe quoi ! Si d'un côté, ça donne à la situation un certain suspens digne d'un mauvais film de Michael Bay, de l'autre c'est plus stressant qu'autre chose, parce que tout le monde dans une salle de ciné sait que le héros va être condamné à quelque chose d'horrible et qu'il ne pourra s'en sortir de manière épique et chevaleresque, ce qui n'est entre nous pas du tout mon style.
Dans sa tête, il doit y avoir un déclic sadique, puisque sans prévenir, le suspens prend fin dans un grand sourire de la gryffondor. Han, je préfère peut-être le silence malaisant à ce sourire vicelard. Je n'aime pas du tout les gens fiers de leurs idées, surtout en matière de punition.

« Cette fois-ci, je ne laisserais pas passer cela Leslie, j'en suis désolée. Non seulement tu seras collée pendant une semaine tous les soirs, mais en plus tu devras nettoyer pendant tes heures de colles cette salle de classe. D'ailleurs tu vas commencer tout de suite »

Hein ? Rien que ça ? C'est une punition de bébé ! Je m'attendais tellement à pire que je hausse un sourcil en souriant très légèrement. Les préfets ne s'amusent pas assez, ou au moins elle. Sérieux, à sa place j'aurais inventé la punition la plus mémorable de toute l'histoire de Poudlard. Son air très content d'elle-même perd tout son sens face à une si petite punition, je trouve.

« Ah oui, j'oubliais, ça sera sans magie par contre, donne moi ta baguette »

A peu de chose près je lui rirais au nez. Il n'y a que des sorciers sans contact avec le monde moldus pour penser que « sans magie » est une condition contraignante quand on fait du ménage. C'est même drôle le ménage que on y pense, et la magie enlève tout le fun à faire le ménage. Avant qu'elle ne m'interdise la magie, je n'envisageais même pas de l'utiliser pour nettoyer. Mais bon, puisque cette punition arrange tout le monde, je ne vais pas lui dire que je suis contente d'avoir à faire le ménage, il ne faudrait pas en plus lui donner des idées plus horribles.
Pour faire semblant que je suis énervée, je jette la baguette sur une table près d'elle (elle est souple, elle ne va pas casser pour ça), et je sors de la salle d'un air très vexé, sans rien dire, pour aller chercher seaux, serpillières, balais... Je sais qu'elle va regarder ce que je vais faire, alors je ne peux pas sautiller joyeusement en sifflotant, même si la chanson de Blanche-neige Siffler en travaillant me trottine dans la tête.
Je reviens rapidement, le placard à balais n'étant pas très loin, juste au détour d'un couloir, je ne tarde pas à me charger les bras d'une pyramide nécessaire au nettoyage de la salle. Uhm... ça va finir par se voir si je suis contente de ma punition, mais tant pis pour elle, elle aurait dû en choisir une autre ! Moi je nettoie et c'est tout ! Le ménage, l'repassage, le lavage ! C'est vraiment de l'esclavage ! ♫

« Et toi tu vas faire quoi en attendant ? » Je demande en prenant une serpillière pour absorber le gros de la peinture en premier lieu.

Bah oui, quitte à être là avec elle pour un bout de temps, on va pas s'empêcher de discuter, nan ?

Molly se jette un sortilège de nettoyage pour enlever le gros du carnage de ses cheveux et de son uniforme. C'est drôle, parce qu'il lui reste des mèches bleues, ça lui donne un petit côté punk rebelle très amusant qui ne lui correspond pas du tout, alors je pouffe discrètement en passant la serpillière dans la mare de peinture avant de l'essorer dans l'un des seaux. Je pense un instant à l'ensorceler pour qu'elle s'essore sur la tête de Molly, mais elle risque de ne pas être très contente, et le ménage serait encore plus long. J'ai des examens à réviser moi ! Dommage qu'il n'y ait pas d'option nettoyage à Poudlard, j'aurais que des O.

« Je vais te regarder voyons. Je ne vais pas t'aider. Allez, plus vite que ça, nettoie-moi tout cela avant que Miss Benji ne revienne. J'ai oublié de te dire, il faut que ça brille »

Le gros de la mare est épongé, j'ai les mains et les avant-bras couverts de peinture, alors au point ou j'en suis, je peux m'asseoir pour avoir moins mal au dos. Avec l'index et le majeur, je trace deux lignes bleues horizontales sur chacune de mes joues à la peinture. Je suis Pocahontas, vous pouvez pas test. Assise en tailleur au milieu d'un carreau rescapé du désastre, je prends une brosse pour frotter les sols. Elle ressemble à un bouchon dur pour les chevaux, avec des poils rigides pour bien frotter les sols.
Je reste en apparence insensible aux intimidations de Molly. Je sais qu'elle essaye de me faire peur et qu'elle se moque de moi, même si je sais que quelque part elle a raison, elle en rajoute des couches pour s'amuser un peu. C'est vrai que ça doit être vraiment embêtant d'être là, assise sur une table à rien faire et attendre que quelqu'un d'autre fasse le ménage. Je le répète : j'aurais trouver meilleure idée. Je m'amuse là, j'ai l'impression de brosser BigBang (mon poney). J'aime bien prendre mon temps quand je m'occupe de lui, mais là, je ne vais pas avoir le temps, car Molly a un peu raison (n'admettons pas qu'elle a totalement raison) : Mme Benji va bien finir par revenir. Je compte avoir un « T » en étude des moldus aux B.U.S.E.S, mais d'ici là, je dois faire semblant d'être un minimum intéressée. Tristesse.

Reconcentrée sur ma tâche, je frotte le sol en fredonnant Siffler en travaillant, de Blanche Neige. Tu veux que ça brille Momo ? Ça va briller du feu de dieu, tu vas pas comprendre comment faire ça sans magie. Je rince la brosse en chantonnant :

 « Frotter en fredonnant, lalalalalalala ♫ »

Bah oui, ma bonne humeur transparaît forcément. Je la regarde avec le sourire et lui demande, connaissant déjà la réponse :

« Tu connais Disney Momo ? »

J'ai jamais aussi bien fait le ménage je crois. C'est beaucoup trop beau, beaucoup trop propre. Madame Benji elle aura jamais vu le sol aussi propre je crois. Je regarde autour de moi. La mare a disparu, juste quelques joints entre les carreaux du sol qui méritent d'être frottés un peu plus. Je pique une autre brosse plus adaptée à la surface. En fait, la brosse parfaite pour faire ça aurait été un cure-pied. Mais bon, Molly ne va pas faire apparaître un cure-pied, je ne sais même pas si elle sait ce que c'est, alors je marche à quatre pattes un peu partout dans l'ancienne flaque pour finir mon œuvre d'art de nettoyage. C'est presque magnifique, mais ça brille pas encore. Je prends une deuxième serpillière, la première étant ruinée par la peinture, et écoute Molly d'une oreille :

« Oui je connais Leslie, et heureusement j'ai envie de dire. D'ailleurs, ce que tu viens de fredonner, je l'ai lu dans un des livres de compte. Tu chantes une des chansons dans le livre/film de Blanche Neige. Pourquoi cette question ? »

C'est vrai, je n'y pas pensé, puisque la famille directe de Molly est uniquement sorcière, mais au sens plus large, la famille Weasley est tellement étendue que les moldus ne sont pas non plus totalement disparus dedans. Certains de ses cousins, oncles ou tantes doivent bien avoir fait partagé avec toute la famille les contes moldus. Faudrait que j'apprenne à réfléchir un peu plus quand le besoin se fait sentir. En réponse à sa question, je tapote ma tête, le point serré, pour montrer que ma question n'était pas très utile et que je suis un peu bête. Ah ! Quelle horreur ! J'ai fait n'importe quoi, doit y avoir de la peinture partout dans mes cheveux maintenant, puisque j'ai des mains de schtroumph. J'essaie de rester impassible, de ne pas montrer à Molly que ça me rend triste, sinon elle sera contente, puisque sa punition ne m'a pas dégoûtée autant qu'escompté. Me mettre du bleu dans les cheveux et une pire punition que de devoir laver le sol. J'avais passé tellement de temps à faire une jolie tresse en épis sur tout le tour le ma tête !

« Tu as oublié de la peinture là-bas »

Au point ou j'en suis, maintenant que mes cheveux ont été si lâchement maltraités, je n'ai plus rien à perdre, alors puisque ma motivation et mon sourire sont partis, je n'ai plus le courage de bouger, alors je me laisse glisser à plat ventre pour nettoyer à bout de bras la peinture restante. Voilà. C'est propre. Je peux partir maintenant ? Je lance la serpillière dans le seau et me relève en faisant bien attention à ce que mes mains ne touchent pas le sol.

« Je peux partir maintenant ? »