bouh !

LIBRE

A la lumière des flammes des torches qui éclairaient les sombres corridors, une ombre se mouvait, d'un pas décidé, manifestement sûre de sa destination. Le lieu ténébreux revêtait un incroyable silence, lui qui d'habitude grouillaient d'élèves. Quoi de plus normal, la nuit était tombée, et aucun élève ne devait normalement grouiller dans la nuit, encore moins dans les cachots, endroit qui suscitait le fantasme de la majorité des jeunes têtes écervelées dans cette école.

Jeffrey était de garde. Du moins, il le pensait. Peut-être que ce n'était pas son jour de ronde, mais peu lui importait, il était désireux de se promener. S'il se faisait pincer, il pourrait toujours prétexter s'être planté dans ses horaires, et il savait qu'il s'en tirerait à bon compte. L'envie de vaquer dans une solitude empreinte de la mysticité de ces lieux marqués par l'Histoire était trop forte. Après tout, il était venu à Poudlard pour la première fois depuis longtemps il y avait peu de temps... Beaucoup de choses l'avaient manqué. Et les cachots en faisaient partie. Evidemment, quelques souvenirs atroces s'étaient déroulés en ces lieux que certains jugeraient malsains. Jeffrey les portait en lui ces souvenirs, mais les redécouvrir ne le dérangeait pas plus que tant.

En passant à l'endroit-même où s'était déroulée son altercation avec un jeune élève de Serdaigle il y avait fort longtemps, Jeffrey sentit son rythme cardiaque s'intensifier. Passer en ce lieu eut le don de lui faire contracter son épiderme et d'accélérer sa respiration. Le bruit de l'os de son nez se fracturant lui revint alors en tête et le professeur soupira, de contentement.

Puis, il se retrouva là. Pile à l'endroit où tout s'était produit. A l'endroit où avait gis un corps pâle et effrayé ne se trouvait désormais plus rien. Souriant avec un brin de nostalgie, le jeune homme se retourna alors vivement, lui semblant entendre des pas au loin.

Il resta un instant muet, silencieux, à l'écoute.

Mais... rien. Sans doute son imagination.

Un dernier regard s'abattit là où Allister fut à deux doigts de perdre sa vie, sans l'intervention des professeurs d'époque, et Jeffrey accéléra sa cadence, ayant alors entendu des pas, cette fois devant lui.

Et là, ce n'était plus son imagination.

Allant à vive allures, persuadé de croiser un élève traînassant hors de son lit, il tourna au croisement du couloir principal et tomba nez-à-nez avec une... silhouette. Elle lui faisait dos. S'avançant lentement, à la lueur de sa baguette qui éclairait faiblement, Jeffrey retint sa respiration.

Il n'avait pas peur, non. Si ce n'était pas un élève, c'était un professeur. Ce qu'il ressentait, c'était l'adrénaline, l'excitation, à peu près de la même sorte lorsqu'il effectuait des matchs importants... un peu semblable à l'excitation ressentie ce funeste jour, où il eut envie de commettre l'irréparable...

Le jeune homme était désormais proche, la personne devait avoir senti sa présence, ou sinon, elle devait être grandement concentrée... Prudemment, il leva sa main, la rapprochant au maximum de cet(te) inconnu(e), prêt à retourner le malheureux ou la malheureuse qui osait s'aventurer dans les cachots à une heure tardive...

Et....

BOUH !"

D'un geste ferme, il retourna la personne, la baguette levée, prêt à découvrir son faciès.

bouh !

LIBRE

Il ne put aucunement camoufler le sourire satisfait qui dévisageait ses traits à la lumière de sa baguette, en voyant que sa farce avait eu de l'effet. Il ne s'attendait à vrai dire pas trop à trouver sa chère et éminente collègue, Madame Benji. Encore moins de la surprendre la bouche pleine de chaussons aux pommes qui, il devait se l'avouer, avaient l'air délicieux. Malheureusement, il devinait que la professeur d'études des moldus ne serait pas assez clémente pour lui en offrir, surtout après l'épisode de peur traversé. Tant pis pour lui, peut-être oserait-il en dérober un, s'il se montrait assez agile, dans les ténèbres des cachots ?

« Alors ? Que faites-vous ici ? Pour vous répondre déjà, je n’arrivais pas à dormir alors j’ai un peu cuisinier pour que la fin m’engourdisse. Quant à vous… Si vous me dites que vous passiez simplement par là, je ne vous croirais pas.  

Le professeur, prit de cours par cette question, resta un instant sans voix. Il observait de ses yeux bleus et détaillait la tenue de robe de chambre de la quadragénaire, avec un sourire quelque peu salace. Le blanc lui allait à ravir, c'était peu dire. Et derrière les traits fermes et sérieux qui l'observaient, il pouvait dissimuler une once de ... peur ?

D'un coup, elle le poussa, alors qu'il lui semblait également entendre des petits pas. Il éteignit la lumière gisant au bout de sa baguette par sortilège et attendit dans l'obscurité la plus total de voir ce qui allait venir à eux, normalement, à moins que ce soit leur paranoïa commune qui les pousse à entendre des bruits...

Dans cette attente, d'une main discrète et fugace, il déroba un bout de chaussons aux pommes et l'ingurgeta sans plus de manières. Immédiatement, le bon goût du sucré mêlé à de la pâte feuilletée sut lui procurer une certaine extase gustative, d'autant plus que sonnait l'heure de la fringale nocturne. Aussi, sans vraiment faire plus exprès que tant, Jeffrey ne sut retenir un "MMmmmmmh" sincère qui témoignait bien des bons savoirs culinaires de sa collègue. Son mari en avait, de la chance. Bien sûr, le bonus était qu'il serait marrant de voir qui était le courageux s'aventurant dans les couloirs, qui entendraient ces drôles de soupires et viendrait à découvrir deux profs de sexe différents en pleine nuit....
Là se trouvait tout le fun....