blue tears, green hope, black madness.

Dans mes rêves, je fais des fantômes de tous les gens qui sont venus puis partis

Le silence régnait dans la pièce, et une légèrement odeur de parchemin embaumait l'air. Tout ce qu'il y avait de plus normal dans une bibliothèque, me direz-vous, car c'est bien ici que se trouvait notre jeune vert et argent. Il ramassait les livres aux coins des tables, abandonnés ainsi, leurs pages poussiéreuse exposées aux lampes à huile qui éclairaient le fond de la pièce, celle qui n'était pas dans la ligne de mire des rayons du soleil qui pénétraient par les grandes vitres. Car elle était grande cette bibliothèque, Absolan était toujours intimidé par sa superficie, depuis sa première année à Poudlard. Il trouvait cela fascinant qu'une pièce puisse contenir autant de savoir ; savoir qu'il n'obtiendra probablement jamais puisqu'il faudrait certainement plus d'une scolarité à Poudlard pour lire tous ces bouquins. Enfin, aujourd'hui ce n'était pas vraiment le savoir qui l'intéressait à la bibliothèque. Il avait écopé d'une colle monumentale suite à son cours d'étude des Moldus. C'était une matière qu'il exécrait plus que d'autres, tout bonnement car il peinait à comprendre. Il avait été élevé loin de tout gadget ou principe Moldu, alors quand son professeur essayait de lui expliquer pourquoi un magicien était pour eux un simple homme qui joue avec des cartes et pourquoi un sorcier qui se présente comme tel est appelé un fou, autant vous dire qu'il a un peu de mal à suivre. Il était loin d'être bête, et peut-être qu'avec un peu plus de patience, son professeur obtiendrait de meilleurs résultats de sa part. Seulement, avec le temps, une certaine animosité envers le professeur et sa matière s'est développée, alors que le jeune homme était de base très intéressé par cette matière qui lui promettait de nombreux apprentissages. Bref, le jeune Lestrange terminait d'effectuer ses deux heures de colle à ranger des livres dans la bibliothèque, avec l'interdiction formelle d'utiliser la magie, ce qui rendait la tâche bien plus fastidieuse à la vue de la hauteur des étagères. Tout ça pour un mot de travers. Et encore, il fallait chercher loin pour y déceler un quelconque signe d'insolence. Le programme de cette année était bien plus difficile, car ils s'attaquaient à des questions plus complexes appartenant à la société Moldue. Là où certains excellaient, Absolan se rétamait complètement. Il peinait à suivre en cours et ses résultats en pâtissaient déjà. Il imaginait déjà sa mère le rabrouer la prochaine fois qu'il rentrera chez lui, en lui disant à quel point il était un traître à son sang, à quel point il n'était pas digne d'être un Lestrange, d'être un fils de Rabastan. Qu'ils aillent tous aux Diable, ces fanatiques qui composaient sa famille...

Absolan s'étirait de tout son long pour ranger une rangée de livre, quand le petit sablier posé sur la table non loin de lui émit un sifflement qui attira son attention avant de disparaître. Il était enfin libre. Son professeur avait beau enseigner les usages Moldu, il lui avait assigné ce sablier magique généré par un sortilège, qui lui signalera quand sa colle sera terminée. Il n'aurait même pas pu se sauver entre temps, car par il ne savait quel moyen, son professeur aurait été mit au courant de sa fugue. Il avait déjà essayé. Plusieurs fois même. Car les colles ne dataient pas de cette année.

Un long soupir à la fois de soulagement et de lassitude fit s'affaisser les épaules du jeune Lestrange, qui retrouva ses affaires sur une des tables adjacente à celle sur laquelle il avait trié les livres avant de les ranger comme il se devait. Il passa la bretelle de son sac sur son épaule nonchalamment, avant de se diriger vers la sortie. Il devait être bientôt quatorze-heure, et les cours reprendraient dans moins environ une heure, seulement c'était la fin du service et il ne restera probablement plus grand chose à manger. Tant pis. De toute façon, il n'avait pas très faim.
« Au plaisir, Lestrange. » lui envoya l'un des bibliothécaires d'un ton taquin, lui qui avait presque l'habitude de le voir se faire coller ici. Le brun lui adressa un léger sourire, à peine visible sur son visage. Il lui renvoya la pareille, d'un ton plus poli et réservé, bien qu'au fond de lui il se sente amusé par l'attitude de l'employé.

Il songea à ce qu'il allait bien pouvoir faire, sans trouver quoi que ce soit qui ne l'intéresse vraiment. Il avait bien des devoirs à terminer, seulement le seul endroit propice pour travailler, surtout durant la pause déjeuner, c'était la bibliothèque puisque pour ainsi dire personne n'y venait à cette heure. Cependant, le jeune Serpentard venait d'y passer deux heures des plus ennuyeuses, et ne supportera pas une minute de plus passé dans cette pièce trop vaste, trop silencieuse, trop poussiéreuse, qui lui paraissait trop de tout, en cet instant. Il se dirigea vers la porte de sortie, soulagé de quitter cet endroit et décida de ne pas y remettre les pieds de la journée, si ce n'est de la semaine. Ces punitions abusives et à répétitions commençaient à le tirailler sur tous les plans, mais surtout mentalement. Étant pourtant d'un naturel orgueilleux, cela ne l'empêchait pas de se remettre en question constamment, surtout lorsqu'il constatait que ses résultats scolaires chutaient progressivement depuis sa deuxième année. En fait, il n'avait fait que de régresser dans ses études, sans parvenir à tenir le niveau, ou très faiblement. Il y avait bien quelques matières où il était bon, celles où les choses étaient plus techniques, moins théoriques, comme la défense contre les forces du mal et les sortilèges. Mais quand on savait qu'il aspirait à devenir auror, il y avait de quoi s'inquiéter de sa situation.

Il referma la porte derrière lui, soigneusement, sans faire de bruit. En s'orientant vers le couloir, il constata qu'il n'y avait pas un chat, seulement un chant très ténu d'oiseau qu'on entendait grâce à un petit trou dans une des grandes vitres qui amenait la lumière dans le labyrinthe pierreux. Il se mit en marche sans savoir où il allait précisément, puisqu'il n'avait actuellement envie de rien. Ni d'étudier, ni de manger, ni de parler, ni de sortir au grand air. Sa main droite tenait toujours la bretelle de son sac passée sur son épaule, et sa main libre était glissée dans sa poche de pantalon. Sa cape de sorcier tombait sur le sol, attrapant au passage la poussière qui était présente sur le sol. L'insigne de sa maison était mal agrafée sur son pullover, ce qui lui donnait un air un peu négligé, même si c'était une personne très soignée. Il ne faisait juste pas attention à ce genre de détails, trop absorbé par ses pensées. Ceci pourrait d'ailleurs lui porter préjudice. Ce qui ne tarda pas, à vrai dire. En effet, en arborant l'angle du couloir qui le conduirait vers les escalier, le jeune homme manqua de renverser une paire de bras remplis de livres. Il sauva quelques meubles, et seulement quelques uns tombèrent au sol, s'ouvrant piteusement sur les dalles de pierre, ramassant encore plus de poussières pour leurs pages jaunies. « Désolé, je t'avais pas vue. » marmonna-t-il, sans avoir vu le visage de la personne qu'il supposait être une fille étant donné son uniforme. Il se pencha pour ramasser un livre dont le titre ne lui inspirait rien du tout. Famille des Kacinafier et autres fiéropodes, par un auteur dont le nom était encore plus farfelu. « C'est ton livre de chevet ? » envoya-t-il d'un ton quelque peu sarcastique. Qui pouvait lire ce genre de livre sans s'endormir, après tout ?

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Dans mes rêves, je fais des fantômes de tous les gens qui sont venus puis partis

Son attention ne fut retenue que quelques secondes supplémentaires par la quatrième de couverture du livre. Il s'agissait visiblement d'une réédition qui se faisait vieille, car les écritures commençaient à doucement s'effacer de la surface du livre. Absolan y passa son index, sentant de légers reliefs dans la matière. Les maisons d'éditions avaient tout prévu, de quoi faire revivre les lettres d'une façon ou d'une autre. Enfin soit, la douce voix de la Poufsouffle résonna soudainement à ses oreilles et il n'eut pas besoin d'une seconde de plus pour reconnaître Dominique. La surprise se lut sur le visage du jeune Serpentard, qui ne s'attendait pas à croiser son amie ici. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres rosées, et il répondit à sa bise, ceci étant une habitude qu'il n'avait prise qu'avec la jeune femme. Habituellement, il voyait les gens se saluer d'un petit signe de tête ou verbalement. La bise, ce n'était pas quelque chose de très courant pour lui. « Quel type de virus circule dans l'air pour que tu te retrouves avec des livres sur les bras ? la taquina-t-il avec malice ». En réalité il connaissait déjà la réponse, puisqu'il était lui-même concerné. Les BUSEs. C'était cette année, et c'était arrivé bien trop vite au goût du jeune homme. Il s'était lui-même plongé dans les révisions avec acharnement, mais savait pertinemment qu'il n'aura pas d'aussi bons résultats que Dominique qui avait des facilités en cours. « Cesse de t'inquiéter. Si tu n'as pas tes BUSEs, personne de les aura. » Il exagérait un peu, mais l'idée que la noire et jaune puisse être stressée pour ses examens le perturbait aussi souhaitait-il la rassurer. Si elle était nerveuse, que devrait-il ressentir, lui ?
Ses yeux d'un bleu acier riaient pour lui, pétillant d'un petit éclat joyeux. Croiser la blairelle avait le don de lui remonter le moral. De plus, elle était seule, ce qui n'était pas plus mal puisqu'il avait tout bonnement du mal à supporter la cousine de Dominique : Molly Weasley. Ses airs de petite dame fragile lui donnait du fil à retordre pour l'apprécier. Et puis dans tous les cas, il y avait des personnes qu'on ne pouvait simplement pas voir en peinture sans raisons apparentes ; c'était comme ça.

« Je vais bien, merci, lui répondit le vert et argent en feignant un air parfaitement neutre et crédible. Et toi ? » Il s'approcha de quelques pas, afin de la débarrasser de quelques livres puisqu'ils avaient l'air lourds. Il en prit la moitié, si ce n'était un peu plus, dans le but de la soulager de ce poids. Dominique évoqua Rose Weasley, une autre de ses innombrables cousines. A croire que le sexe féminin était un gène dominant dans le génotype de cette famille. Ce n'était d'ailleurs pas pour déplaire à beaucoup de garçons de Poudlard. En tout cas, c'était le cas pour plusieurs garçons de Serpentard. Régulièrement, il écoutait les conversations dans sa salle commune, qui évoquait les belles chevelures rousses des jeunes filles Weasley sans se soucier de la présence de Fred dans la pièce. De toute façon, ces garçons qui en parlaient régulièrement n'étaient que des idiots. Mais parmi eux, il avait entendu quelqu'un parler justement de Dominique, à propos de cette fameuse St-Valentin de malheur. « J'ai crus comprendre que tu avais trouvé un cavalier, pour ta part ? Saul Blavatsky, c'est ça ? Dominique Weasley a encore frappé. » Un léger rire s'échappa naturellement de ses lèvres. Le charme de la blairelle ne laissait pas indifférent bon nombre d'élèves, et même si de son côté il la trouvait d'une beauté frappante, il n'avait jamais ressentit autre chose pour elle que de l'amitié. Il mordilla discrètement le coin de sa lèvre, mais sut qu'il ne pourra pas contourner longtemps les questions de Dominique. A un moment ou à un autre il faudra bien qu'il avoue qu'il n'a trouvé personne. Il avait bien pensé à Eileen, mais il s'était ravisé, n'osant pas l'inviter à la fête. De toute façon, il savait que son amie ferait tout pour qu'il se trouve quelqu'un pour la fin de semaine. Il ne restait que quelques jours avant le jour J et la plupart des étudiants avaient déjà trouvé leur partenaire.

La St-Valetin était un événement dont il préférait ignorer la venue.

« Ça te dirait d'aller poser ces livres quelque part ? On discutera de tout ça après si tu veux. » Gagner du temps, gagner du temps ! Il se dirigea donc vers la porte de la bibliothèque, même si il s'était dit qu'il n'y reviendrait pas de si tôt. Comme quoi, les événements aimaient bien contrefaire sa volonté. Il ne savait pas vraiment par où s'orienter, mais il supposa qu'elle voudra déposer ses livres à son dortoir, chez les Poufsouffle. Il ne connaissait pas le chemin de leur salle commune, c'est pourquoi il attendit que la jeune femme se mette en action. « Je te suis, lui confirma-t-il avec un petit sourire à la fois narquois et taquin. » Il avait esquivé ses questions pour cette fois, mais il savait qu'elle reviendra bientôt à la charge.