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Miss Missing You

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Sujet: Miss Missing You
Dim 31 Jan - 21:44
Miss Missing You
Eleni Δ Olivia


La clameur des rues londoniennes enveloppait Eleni dans un manteau d’anonymat. Il lui était aisé de se déplacer dans la foule, évitant les corps et les coups, visage inconnu parmi tant d’autres. Elle aimait les foules, elle aimait s’y perdre. Elle avait toujours aimé ça.
Il faisait plutôt chaud pour un mois de janvier, ce qui déclenchait les passions et les cris des citoyens les plus concernés par l’avenir de la planète, mais il fallait bien avouer qu’il était plutôt agréable de pouvoir se promener sous le soleil londonien sans avoir besoin d’être emmitouflée dans un manteau de ski, des mouffles, un bonnet et une écharpe. Le manteau bordeaux de la blonde était ouvert sur un pull léger blanc, et une écharpe était enroulée lâchement autour de son cou. Une jupe et des collants habillaient ses jambes et, à ses pieds points de bottes fourrées, mais des bottines simples, qu’elle aurait plutôt porté habituellement en automne qu’au début d’une nouvelle année.
Il faisait bon. Il faisait beau. Et Eleni se sentait légère.

Elle avait rendez-vous avec sa mère dans leur salon de thé moldu favori, où elles prendraient une théière pour deux, et des scones aux fruits rouges, comme elles le faisaient toujours pour l’anniversaire d’Alana Hall. C’était leur tradition, instauré lorsqu’Eleni était revenue en Angleterre poursuivre ses études dans l’université moldue de Sheffield. Elle n’avait encore jamais manqué leur rendez-vous, et Alana avait toujours réussi à se libérer, au moins pour l’après-midi, en demandant à des collègues de couvrir son service à Sainte-Mangouste si elle avait la malchance d’être de garde le jour de son anniversaire.
Pour l’anniversaire de Théodoric Hall, Eleni essayait de l’emmener dans un nouvel endroit où il pourrait étudier de nouvelles créatures magiques pour ses livres. Ses voyages à travers le monde lui avaient été bien utiles pour ça. Rien ne valait les plages grecques et les sirènes qui s’y baignaient, cependant.

Le salon de thé n’était pas très loin de l’une des entrées de l’hôpital, et Eleni savait que sa mère sortirait probablement au dernier moment possible, ce qui ne l’empêcha pas d’arriver en avance. Elle s’installa à l’une des tables en terrasse, commandant un verre d’eau, informant le serveur qu’elle attendait quelqu’un.
Son regard clair se perdit dans la foule, observant la masse des gens qui se mouvait devant elle. Cherchant à deviner si les gens qu’elle voyait défiler étaient des sorciers ou des moldus. Cherchant à repérer des attributs particuliers : l’absence de technologie de toute sorte était souvent un indice ; des tenues un brin extravagantes, sortant du magazine Fashion Weetch. Une main enfoncée dans une large poche, qui pourrait agripper une baguette. Ou encore des visages familiers : des anciens de Poudlard, des gens qu’elle avait pu croiser au cours de sa scolarité, ou apercevoir sur des photos décorant la salle des trophées.

Le serveur venait juste de revenir avec son verre d’eau, lorsque son regard fut attiré un instant par une silhouette. Ses yeux se plissèrent, cherchant du regard la courbure d’une épaule qu’il lui avait semblé apercevoir, et elle se sentit se redresser dans sa chaise, visage tendu vers la foule. Ses yeux scrutèrent la masse, mais la silhouette avait disparue.
Sans doute avait-elle rêvée.
Elle remercia le serveur d’un large sourire, et porta le verre à ses lèvres, ses yeux irrémédiablement attirés à sa droite, comme cherchant quelque chose -quelqu’un- qu’elle savait pourtant ne pas être là.
Ca n’a duré qu’un instant, c’était juste ton imagination.
Et pourtant.

Elle avait à peine reposé le verre sur la table en verre qu’elle l’aperçut à nouveau, reconnaissant entre mille le profil de la jeune femme se trouvant de l’autre côté de la rue, plantée devant une vitrine à observer son contenu.
Eleni sentit son coeur bondir dans sa poitrine et, avant même qu’elle ait pu y penser à deux fois, elle avait suivit le mouvement, bondissant sur ses pieds, fendant la foule, se glissant entre les gens comme un serpent d’eau se glisserait entre les pierres.
Elle n’était qu’à quelques mètres de la jeune femme, de dos, mais elle s’arrêta, les deux pieds ancrés dans le sol, comme si une force la retenait, la faisait hésiter.
Elle ouvrit la bouche, comme pour parler, mais aucun son n’en sortit, alors elle la referma, se contentant d’observer le visage de la jeune femme à travers le reflet de la glace.
Une réflexion distordue, incorrecte, mais suffisante pour reconnaître les traits du visage de la sorcière debout devant elle.

 « Olivia. »

Le nom était sortit d’entre ses lèvres dans un souffle coupé, comme un coup porté à l’estomac.
Prise entre l’envie folle de tourner les talons, et de lui sauter au coup pour la serrer contre elle, Eleni choisit la troisième option, rester sur place, sans bouger, debout au milieu d’une foule qui n’appréciait que moyennement de devoir l’éviter à la dernière minute.
Elle sentit un corps venir se heurter au sien, la propulsant en avant de quelques pas, mais ce fut suffisant pour que l’odeur du parfum de la sorcière lui parvienne, et elle se sentit… déphasée. Déséquilibrée, un instant. Un peu euphorique, un peu paniquée.
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Sujet: Re: Miss Missing You
Dim 31 Jan - 23:47
« Olivia, tu t’en vas bientôt ? Pourrais-tu t’occuper de faire une copie et de l’amener au département des Affaires moldues en partant ? »

La jeune sorcière s’arrêta net au beau milieu de son mouvement et se retourna, lentement – toujours lentement – pour faire face à sa supérieure hiérarchique. Elle plaqua un sourire sur ses lèvres, pencha légèrement la tête sur la droite. Quiconque la connaissait savait qu’il s’agissait d’un acte d’hypocrisie. « Bien entendu, Sophia. Pas de problème. » Et tu veux autre chose, tant qu’on y est ? Une tasse de café bien chaude ? D’autres heures supplémentaires non-rémunérées de ma part ? Une copie de la lettre d’injures que j’ai écrite chez moi te priant de me lâcher la grappe ? Ou bien de celle que je meure d’envie d’écrire au Magenmagot afin de décrire comment tu es odieuse avec toute personne présumée sang-pure que tu rencontres ?

Sans un merci, son interlocutrice lâcha un dossier sur son bureau déjà submergé de feuilles volantes et des dossiers d’affaires liées au Moyen-Orient, et se détourna de l’ancienne Serpentard pour s’en aller. Olivia la regarda s’éloigner en silence, attraper son manteau et sortir de l’espace de travail. Ses talons claquaient sur le sol dallé du couloir. La porte grinça et le chignon noir à l’allure sévère disparut de sa vue. Aussitôt, le sourire de la sorcière se mua en une grimace exaspérée. Elle se rassit et laissa ses ongles jouer une mélodie rythmée dont eux seuls connaissaient la partition. Ses yeux tombèrent sur la pendule accrochée au mur. Il était 15 heures passées. Elle aurait dû être en train de se prélasser dans un bain moussant en lisant un roman de son club de lecture, au lieu de travailler sur l’affaire des sorciers nomades du Moyen-Orient. Tout ça pour que Taylor puisse présenter un panorama complet de la situation en début de semaine, lors de la commission hebdomadaire des affaires étrangères du Ministère.
L’histoire se résumait en quelques mots : elle était venue, elle, sur son jour de congé, pour bosser sur une affaire où elle n’aurait aucune reconnaissance à la fin, parce qu’elle n’avait pas eu le choix. Taylor lui avait demandé de prendre le relai suite à un incident qui avait demandé son attention urgente. De mauvaise grâce, Liv s’était déplacée ce matin, mais elle eut l’affreuse surprise de voir Sophia débarquer quelques heures après, soit-disant pour lui donner un coup de main. Or, l’air revêche de la mégère déconcentrait plus l’ancienne Serpentard qu’autre chose. Et elle se permettait de partir en lui laissant d’autres tâches à effectuer. Ravaler sa bile devenait de plus en plus difficile face à une collègue qui passait son temps à soupirer devant la pile monstrueuse de travail à effectuer. Trois pauvres dossiers traînaient sur son bureau. Olivia se pinça les lèvres et compara avec le sien, l’air sombre. Inspirer, expirer. Inspirer.
Blank expression. Expirer.
Inspirer. Blank canvas. Blank space. Expirer.
Blank mind.


Elle referma le dossier sur le Moyen-Orient, attrapa celui laissé par sa bien-aimée collègue qui ne détruirait pas complètement son humeur – elle venait de le décider – et se releva pour aller chercher ses affaires. Elle éteignit la lumière d’un coup de baguette et se dirigea d’un pas sûr vers la sortie. Ses talons claquèrent contre les dalles du couloir, la porte grinça alors qu’elle la poussa d’un geste vif. La journée était belle, le soleil filtrait par la fenêtre. Elle n’allait pas rester ici toute la journée.

*

Quelques minutes plus tard, elle empruntait l’un des passages pour sortir dans Londres. Aujourd’hui, elle avait choisi celui qui débouchait près de Sainte-Mangouste. Le soleil d’hiver donnait des tons chaleureux aux bâtiments qui l’environnaient, et la jeune Serpentard respira une bouffée d’air frais, avant de resserrer les pans de son manteau gris contre elle. Il ne faisait pas froid, et une légère brise agitait les fanons accrochés à une vitrine mitoyenne. Olivia savourait sa liberté retrouvée. Elle aimait tellement ce sentiment : celui de pouvoir se balader à sa guise, sans avoir à dire sa destination à qui que ce soit. Si elle décidait de rentrer dans une librairie, d’aller faire les boutiques, de transplaner jusqu’en Espagne… Personne n’allait l’en empêcher, tout simplement parce qu’elle n’était attendue nulle part.

Un sourire s’étira sur ses lèvres et elle s’élança à la poursuite d’un sentiment d’allégresse. A chaque pas, les soucis liés au Ministère et à ses collègues s’estompaient un peu plus. Sans doute devrait-elle aller se balader dans le parc, cet après-midi ? Ou bien juste faire les boutiques. Son regard s’attarda sur une jolie jupe mi-longue à carreaux présente dans la vitrine d’une boutique moldue. Elle attendait un déclic, quelque chose qui la pousserait à se décider à faire quelque chose, n’importe quoi. C’en était peut-être un ? Elle ne tarda pas à resserrer sa prise sur son sac pour s’élancer en direction de la dite-boutique examiner la vitrine plus en détail. Impulsive ? Non… Elle savait juste répondre à ses envies par l’affirmative lorsque cela était nécessaire. Et puis, elle ne blessait personne. Juste son compte en banque.

« Olivia. »
L’esprit fixé sur la glace devant elle, elle ne saisit pas tout de suite qu’on l’appelait. Ou sans doute s’était-elle déjà figée avant même de réaliser à qui appartenait cette fois. Sans doute avait-elle cru qu’il s’agissait de son imagination.
Mais, cette intonation.
Ce n’était pas celle qu’elle imaginait lors de ses retrouvailles avec Elle. Olivia imaginait un cri dans le silence – ce qui ne Lui ressemblait pas. Elle imaginait un murmure. Une voix teintée d’un sourire. Parfois un souffle arraché de larmes. Elle n’avait pas encore imaginé cet unique souffle. Pas encore.

Elle tourna la tête vers la direction du son. Et avant-même de l’avoir identifiée, elle vit une chevelure blonde. Elle reconnut des yeux bienveillants – toujours bienveillants. Elle reconnut un visage, une bouche, une attitude figée. Son cœur manqua un battement et, pour un instant, elle se retrouva figée, sa posture stupéfaite comme reflet de celle d’Eleni, quelques mètres derrière elle. Les yeux plantés dans les siens.

Eleni fut soudain bousculée par un quadragénaire moldu visiblement trop pressé et fit quelques pas en avant. Se rapprochant un peu plus. Par réflexe, Olivia fit elle aussi un pas en avant, le bras déjà tendu pour la rattraper, l’assurer. Et puis elle se ressaisit, replia sa main. Plutôt que de la toucher, elle ferma les yeux une fraction de seconde, se retourna vers le moldu. « Hey, connard, le monde ne tourne pas autour de toi, aie un peu de respect pour les autres piétons ! » Avant-même que sa phrase ne sorte de sa bouche, elle sût que ça n’irait pas. Sa voix était trop faible, elle était peu assurée. Un peu trop bouleversée.

Le moldu ne lui prêta aucune attention et continua son bout de chemin. Olivia, quant à elle, eut l’impression que sa cage thoracique était soudainement trop petite pour ses poumons. Elle ouvrit la bouche, aspira presque goulûment une bouffée d’air, ferma les yeux. Tourna sa tête à nouveau vers l’emplacement d’Eleni. Une part d’elle était persuadée qu’elle avait rêvé. Elle avait dû rêver, c’était même certain. Elle se donnait en spectacle au beau milieu de la rue, au beau milieu de la journée. Bon sang, c’était toujours au pire moment que le souvenir de son premier amour ressurgissait.  Sa main se porta à sa poitrine dans un geste protecteur au moment où elle rouvrit les yeux.

Eleni était toujours là. Olivia expira. Elle avait retenu sa respiration sans le vouloir. Tout s’était relâché en voyant celle qui l’avait interpellée. Elle laissa son regard s’attarder sur les traits de la jeune femme, juste un instant, avant d’ouvrir sa bouche et de tenter un faible « Leni ? ». Au signe de reconnaissance que la jeune femme lui adressa, Liv souffla à nouveau. « Oh mon dieu, c’est bien toi. » Elle avança d’un pas, de deux, de trois. Jusqu’à se retrouver face à la jeune femme. Le besoin irrépressible de la toucher la saisit d’un coup, et elle leva sa main pour frôler sa joue – força sa main changer de direction au dernier moment pour agripper le haut de son bras. Elle n’avait pas réfléchi, une fois de plus… Mais après tout ce qui s’était passé, Olivia n’avait sans doute plus le droit de la toucher de cette manière.
Le contact du manteau de Leni sous ses doigts la fit trembler. Olivia prit une longue inspiration, releva les yeux pour accrocher ceux de la jeune femme. Elle ouvrit la bouche. Ne sut que dire. La referma. Elle sourit juste, sans pouvoir dire un mot.
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Sujet: Re: Miss Missing You
Lun 1 Fév - 9:51
Miss Missing You
Eleni Δ Olivia


Eleni sentit son coeur s’emballer, en même temps qu’il manquait un battement. C’était un sentiment unique : se sentir tomber, et soulever en même temps, flottant au dessus du sol, mais tout en perdant pied. Elle enfonça ses talons dans le sol, pour vérifier qu’elle ne lévitait pas au milieu d’une rue bondée londonienne : avec le Ministère si près, ce n’était sans doute pas très malin de se faire bêtement repérer comme ça.
Mais ce visage.
Eleni l’aurait reconnu entre mille. Elle l’aurait reconnu dans la pénombre, elle l’aurait reconnue aveugle, elle l’aurait reconnu dans sur les berges du Styx. Peut-être étais-ce les yeux, ou bien la forme délicate du nez, ou encore ces lèvres, qu’elle avait embrassé et caressé tant de fois. Ces pommettes, qu’elle avait adoré tracer du bout de ses doigts. La nuque délicate, peut-être.
Mais sa contemplation fut brusquement interrompue par un choc, et cette fois-ci, elle se sentit réellement tomber, perdant l’équilibre, vacillant un instant. Le visage d’Olivia se rapprocha dangereusement, et Eleni se sentit prise d’une bouffée de panique, d’une bouffée d’allégresse.
La blonde se demanda, une seconde, si Liv allait la rattraper, mais elle retrouva l’équilibre avant qu’elle n’ait besoin de l’assistance de la sorcière.
Elle se sentit presque déçue, l’espace d’une seconde.

Et puis, la voix de Liv résonna. Pour la défendre. Comme toujours.
Eleni aurait pu s’en énerver. Être prise d’une colère, d’une bouffée de rage. Après tout, quel droit Liv avait-elle encore d’agir de la sorte ?
Mais Eleni n’aurait pas été elle-même si elle n’avait pas senti une chaleur étrange se répandre dans son coeur, si ses traits ne s’étaient pas adoucis, et si elle n’avait pas laissé échapper un rire.
Tête renversée en arrière, yeux plissés de plaisir, le rire s’échappa de sa gorge, la prenant de court ; surprise.
Liv avait toujours été là pour la protéger, et se battre à sa place.

Les yeux d’Eleni pétillèrent lorsque son surnom se glissa hors des lèvres de la sorcière face à elle, et un sourire vint illuminer son visage. Sa poitrine se gonfla légèrement, ses épaules se faisant plus droite, comme si on venait de lui insuffler un souffle de vie, ou comme un chat se gonflant sous la caresse de sa maîtresse. Quelque chose comme de la fierté.

Lorsque Liv s’avança, Eleni répliqua le mouvement, se rapprochant de la jeune femme face à elle, comme un aimant attiré par un pôle opposé. Un reflet dans le miroir, reproduisant les mêmes mouvements. Ses lèvres étaient entrouvertes, yeux écarquillés, comme si elle ne pouvait pas croire ce qu’elle voyait. Non, en effet ; elle ne pouvait pas le croire.
Elle hésita à se pincer le bras, à demander à Liv de lui pincer le bras, mais lorsqu’elle sentit la main de la brune se poser sur son épaule, elle relâcha un soupir qu’elle n’avait pas eu conscience de retenir, et il y avait quelque chose d’humide, dans son souffle.

Les yeux de la bibliothécaire se perdirent dans ceux d’Olivia, et le sourire qu’elle lui adressait sembla l’aveugler un instant, la faisant vaciller à l’intérieur. Elle répondit par un sourire, sentant la chaleur émanant de la main posée sur son épaule.
Sa peau fourmillait, et elle sentait ses doigts la démanger, désireux de s’agripper au manteau de la sorcière face à elle. Son index tressauta, effleurant le tissu du manteau et, pour la seconde fois aujourd’hui, se sentit prise d’une pulsion incontrôlable et, avant que son cerveau ne puisse analyser et invalider l’opération, elle s’était jetée au cou de Liv.

Ses bras se refermèrent autour de cou de la jeune femme, et elle sentit sa poitrine s’écraser contre celle de son ex-petite amie. L’odeur de son shampoing, de son gel douche, de son parfum lui emplit de nez, l’enveloppant dans un manteau d’odeur qui lui firent tourner la tête de délice lorsque son nez effleura la peau de la jeune femme, reconnaissant l’odeur de Liv.
Elle se sentait fébrile dans les bras de la jeune femme, et battit des paupières, surprise de trouver des larmes accrochées à ses cils.
Elle resserra son étreinte une dernière fois, avant de lacher la jeune femme, et de reculer.
Elle n’avait sans doute pas dû faire ça.
Mais elle n’avait pas pu résister.
Elle en avait tellement eut envie.

« Je… Désolée je… »

D’une main tremblante, elle lissa les pans du manteau de Liv, et fit un pas en arrière, ses doigts s’attardant contre le tissu, avant que son bras ne retombe, inerte, le long de sa cuisse.
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Sujet: Re: Miss Missing You
Mar 2 Fév - 11:55
|| Blank Place - Ryan Adams ||



Au moment précis où le manteau de la blonde glissa sous ses doigts, Olivia prit peur. Et si elle n'appréciait pas? Elle n'avait plus aucun droit de la toucher. Elle n'aurait pas dû. La main de l'ancienne Serpentard se crispa légèrement. Sous le bout de ses doigts, les fils du manteau de la Poufsouffle étaient doux. Aussi doux que leur propriétaire. Aussi réels qu'elle. Mais si Olivia ressentait le besoin compulsif de vérifier qu'Eleni était bien là, bien réelle, c'était son problème et elle n'aurait pas dû tester ses limites - avait-elle cependant conscience que celles-ci existaient? Ses phalanges tressautèrent.

Oui. Elles avaient toujours existé. Ces limites prenaient la forme de Leni. Il s'agissait d'une ligne à ne pas franchir qui s'enveloppait autour de la jeune femme comme pour la protéger, et qu'Olivia ne saurait pas ne pas respecter. Parfois des lignes se tordaient, s'écartaient ou au contraire s'épaississaient, infranchissables, au gré des décisions et de la volonté de la sorcière blonde. Une ligne, une limite, une bordure. Une frontière.

Cette ligne n'avait jamais été aussi dense qu'à leur séparation.


Eleni sourit. Détendue.
La ligne s'estompa peu à peu. Le souffle qu'Eleni relâcha acheva la sensation de panique qui envahissait Olivia depuis le début de leur contact, et elle se laissa sentir, ressentir.

Ce sentiment. C’était indescriptible, en un sens. Comme si chacun de ses sens s’était découplé, comme si la sorcière pouvait ressentir pleinement chaque respiration, chaque frôlement. Comme si elle vivait pleinement et que son cerveau était entièrement focalisé sur chaque sensation externe et interne à cet instant précis. La chaleur du soleil hivernal. Le bruit de la rue, le son de la respiration de la sorcière en face d'elle, la matière de son manteau, la lourdeur de ses propres vêtements. Le nœud de son propre estomac. La chaleur qui se dégageait de sa nuque, qui s'étendrait bientôt jusqu'à ses joues. Le souffle court. Ses propres battements de cœur, quelque peu désordonnés. La vision des doigts de Leni qui effleuraient son manteau. A cette vision, Olivia ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais elle n’en eut pas le temps, écrasée par le poids d’Eleni tout contre elle.

A cet instant précis, elle crut qu’elle allait se liquéfier sur place. Toutes ces sensations se déversèrent en elle d’un coup et Olivia resta, pendant un moment, les bras ballants, les yeux écarquillés et le souffle coupé par la surprise.

Et puis, par manque d’air, elle inspira.
Elle inspira une bouffée de parfum, une odeur si familière, et même une mèche de cheveux blonds par la même occasion. Ce fut la goutte d’eau qui lui tordit le cœur. Plus que la sensation d’un corps plaqué tout contre le sien, plus que la familiarité de toutes ces odeurs qui se mélangeaient pour former celle, si familière et désormais étrangère à la fois. C’était tous les souvenirs qui l’écrasèrent soudainement. Olivia se sentait toute petite, aussi fragile que du verre, face à Eleni. Contre elle. Et finalement, ses bras se décidèrent à bouger et à se refermer autour de la taille de la sorcière blonde. Délicatement. Sans réelle assurance. En son for intérieur, cela contrastait avec ses pulsions, mais c’était sans doute, vu la situation, pour le mieux.

C’est à ce moment qu’elle sentit, tout contre son cou, le souffle léger de la Poufsouffle. Ses lèvres se tordirent sous les souvenirs. Elle ferma les yeux, chercha une force inconnue dans l’air frais de l’hiver environnant. Sa vision s’était troublée pendant un instant. Elle se força à ravaler les larmes qui piquaient le coin de ses yeux sous la réalisation de ce qui se passait. Eleni était là, si familière, et elle sentait comme la maison. Elle la faisait se sentir chez elle. Même après toutes ces années. Et cette idée, soudainement, lui faisait peur.

Lorsqu’Eleni la lâcha, Olivia la laissa partir. Malgré elle, elle respira une dernière fois l’odeur de ses cheveux, avant de détourner le regard, les lèvres pincées. Regrettant aussitôt son geste. Pouvait-on se maudire de respirer ?
Son cœur battait la chamade. Ses doigts tremblaient. La Serpentard les glissa dans ses poches et prit un air volontairement détendu en observant scrupuleusement les traces noires qui zébraient le trottoir londonien.

« Je… Désolée je… »
Une main, toujours proche, lissa les pans de son manteau au niveau de sa taille. Même à travers toutes les couches, Olivia frissonna sous la familiarité du geste, laissa ses lèvres se tordre en une ligne crispée. Il ne servait à rien de tenter de dissimuler son trouble à Eleni, de toute manière. Malheureusement, elle la connaissait trop bien. Toujours trop bien.

Olivia prit une grande inspiration, quitta du regard le trottoir pour planter à nouveau ses yeux dans ceux d’Eleni. Elle força un sourire, songeant intérieurement à tenter de qualifier les sentiments qui se bousculaient dans sa poitrine. De la gêne, du bonheur, de la nostalgie. De la peur. Olivia était heureuse, oui. Mais elle était également terrifiée des conséquences.

« Pas de problème. » De toute manière, si tu ne l’avais pas fait, ç’aurait été moi. Soyons réalistes.

Son regard s’adoucit en voyant la réaction de la jeune femme. Non. Non, ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle ne voulait pas être froide et distante. Elle ne voulait juste pas être trop… Trop gentille. Trop brisable. Il s’agissait juste de son cœur, qui était incapable de battre normalement depuis deux minutes. C’était épuisant.

« Eleni… Si tu… » Elle prit une inspiration. Se força à relâcher les épaules. Serra et desserra les poings dans ses poches. « Ca me fait très plaisir de te voir. Tu as l’air… Bien. »

Ça me fait plaisir d’avoir des nouvelles malgré tout.
De te savoir en vie. De te savoir bien. Tu as l’air heureuse. Epanouie.

Dans mes souvenirs, ce n’était pas toujours le cas.
Pardon de n’avoir pas su prendre de tes nouvelles de manière correcte. C’est encore dur, des fois. C’est même encore difficile de lire tes quelques lettres, par moments.


C’était tellement nul, comme truc à dire lors d'une rencontre fortuite. Mais Liv n’avait jamais été douée pour parler. Elle montrait les choses, plutôt que d’exprimer oralement ce qu’elle pensait. Mais là, montrer n’était certainement pas la solution. Et pourtant. Elle voulait savoir ce qui se passait dans la vie. Savoir où elle en était. Avoir des nouvelles, savoir où elle en était. Des questions se bousculaient dans sa bouche, mais pourtant ses lèvres restaient closes.
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Sujet: Re: Miss Missing You
Dim 7 Fév - 19:49
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Eleni Δ Olivia


Eleni se sentit… flotter. Emplie d’une bouffée d’air, lorsque les bras de Liv se refermèrent autour de sa taille, et qu’elle sentit l’étreinte de la sorcière se resserrer, la pressant un peu plus contre elle. A peine, mais suffisamment. Profitant du mouvement pour s’y engouffrer, se plaquant tout contre la jeune femme. Elle se sentait… elle se sentait heureuse.
A la fois terrifiée et en même temps euphorique.
Comme toujours, avec Liv, pour être honnête.

Elle avait un sourire, un beau sourire, un sourire doux, sur les lèvres, et Eleni regarda Liv comme si elle la redécouvrait, lui souriant comme si elle avait allumé toutes les étoiles dans le ciel.
Elle lui avait tellement manqué.
Mais, face à elle, le visage de Liv était loin d’être un miroir conforme. Etait même loin de ressembler à celui d’Eleni, et elle sentit son sourire faillir. Lèvres pincées. Traits détendus. Presque inexpressifs. Elle ouvrit la bouche, la referma, et se sentit…déphasée.
Elle toussa légèrement, se raclant la gorge,  et s’excusant. Glissant ses doigts le long du manteau de Liv, pour le remettre en place, pour la toucher, une fois encore.
La lâchant, à contre-coeur, lentement, avec empressement.

Le sourire forcé d’Olivia arracha, malgré elle, un sourire à Eleni, mais ses yeux étaient plus… ternes. Ils ne brillaient plus autant qu’à l’instant précédent, lorsqu’elle avait encore dans ses bras la belle sorcière. Ses doigts la démangeaient, et ses bras semblaient l’encombrer : elle ne savait pas quoi en faire : les croiser sous sa poitrine, sur son ventre, glisser ses mains dans ses poches, les laisser ballants, le long de son corps…

Elle ne savait pas quoi dire. Elles ne savaient pas quoi dire. Plantées là, à se regarder dans le blanc des yeux, lèvres entrouvertes au cas où quelque chose en sortirait, une phrase, un mot.
Olivia fut plus brave que Leni, rompant le bruyant silence qui s’était installé entre elles.
Bien.

« Oui, je… » Comment pouvait-elle lui dire ça ? Je vais bien. Pas toujours, mais assez. Je m’en sors. Pas tout le temps. Mais… « Aujourd’hui, ça va. »

Pas tous les jours. Mais aujourd’hui, oui. Aujourd’hui, elle était dehors, elle souriait, et elle se sentait bien. Elle se sentait heureuse. Pas toujours. Suffisamment.

« Toi aussi ! Tu es… » Ses yeux glissèrent le long de la silhouette d’Olivia, remontant vivement jusqu’à son visage lorsqu’elle se rendit compte de ce qu’elle faisait, ses joues se teintant légèrement de rose. « J’suis heureuse de te voir. » De la trouver épanouie. Grandie. A Londres.

T’es magnifique.
 
« Je- » 

« Eleni ? »

La bibliothécaire se retourna vivement, ses yeux clairs tombant sur sa mère, à la terrasse du café, l’observant et agitant la main pour attirer son regard.

« Merlin… »

La jeune femme se retourna, passant une main dans ses cheveux blonds.

« Je... J’ai rendez-vous avec ma mère. C’est… C’est son anniversaire. Je dois- »

Un geste vague de la main, en guise d’explication. Mais elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas partir, pas comme ça. La voix de sa mère résonna une fois encore derrière elle, et elle sentit son coeur se serrer, son souffle se faire plus court, les battements plus forts dans sa poitrine.
Non. Non, non.

« Une heure ! »

Les mots franchirent ses lèvres sans que son cerveau ne puisse les analyser, les valider, ou les empêcher d’être prononcés.

« Donne moi une heure. S’il te plaît. » Ses grands yeux clairs, fixés sur le visage d’Olivia. « Je… Tu m’as manqué. » Admis dans un souffle, mise à nue.  Eleni ! Encore. « Je t’attendrais. »

Et elle détourna les talons, sans attendre la réponse, fendant la foule dans l’autre sens pour rejoindre sa mère. Elle n’avait pas eu le courage d’attendre, et de lire la réponse de Liv dans les yeux de la sorcière.
Elle préférait attendre en vain, pendant des heures, plutôt que voir la rejection dans le regard de la jeune femme.
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Sujet: Re: Miss Missing You
Mar 16 Fév - 23:26
|| Our own house - Masterwives <3 ||



« Aujourd’hui, ça va. »


Oh, Eleni. Oh, dear, dear Leni. Le regard de l’ancienne Serpentard s’adoucit instantanément malgré la tempête sous son crâne. Après tout, parmi toutes les questions qu’elle rêvait de poser à son interlocutrice, c’était bien la plus importante. Comment vas-tu ? Olivia connaissait Eleni. Elle avait vu la Poufsouffle dans ses meilleurs jours, mais elle avait été également présente lors de ses crises de larmes, elle était là ces matins où la jeune femme était renfermée sur elle-même, répugnante à laisser quelqu’un s’approcher d’elle. Laisser quelqu’un, fut-il Olivia, s’occuper d’elle. Ces journées mornes, où la seule solution possible était de s’enrouler sous un plaid, et de caresser les cheveux couleur de blé pendant des heures. Ces soirées où Olivia avait été une épaule réconfortante, présente mais silencieuse, jusqu’à ce qu’Eleni s’endorme d’un sommeil agité contre elle.
Alors savoir que la Poufsouffle allait bien – même si ce n’était qu’aujourd’hui – c’était bien. C’était très bien. Olivia ravala ce sentiment insidieux qui étreignait sa poitrine. Celui de savoir comment ça se passait, pendant les autres jours. Si elle avait quelqu’un sur qui compter ? Quelqu’un qui ne trouverait pas la tâche trop difficile. Pour Olivia, ça n’avait jamais été fastidieux. Pesant, parfois, le fait de voir la jeune femme se détruire à petit feu sans pouvoir l’aider pour de bon. Mais ce qui lui pesait réellement, c’était de ne pas avoir la solution miracle aux problèmes de la sorcière. Si seulement elle connaissant une formule magique, un talisman pour enlever la tristesse.. ? Elle en avait vu, en Australie, dans une tribu sorcière aborigène. C’était juste après le départ d’Eleni. Mais elle restait intimement persuadée qu’un tel talisman, s’il avait la force de chasser toute cette tristesse pesante des mauvais jours, aurait également des conséquences désastreuses, des effets secondaires inattendus. Olivia s’était renseignée, mais ce que les aborigènes lui avaient dit sur la forme de magie utilisée l’avait intriguée, mais… Ce n’était pas la solution. Le but n’était pas de changer Eleni. Duh.


La jeune femme contempla le sourire de la Poufsouffle. Elle paraissait heureuse. Elle avait toujours les coins de ses yeux qui souriaient lorsqu’elle était heureuse, sincèrement heureuse. Eleni avait un sourire magnifique. Il s’étendait sur tout son visage, il s’étendait à tout son corps. Il était un temps où le sourire de la sorcière manquait de faire tomber Olivia à la renverse – ou de tenter de l’agripper pour l’embrasser, là tout de suite. Comme un sentiment d’urgence, une pulsion, celle de saisir l’instant. D’en profiter un maximum.

« Toi aussi, tu es… J’suis heureuse de te voir. »
Eleni heureuse. C’était un véritable don du ciel. Un don du ciel qui se rappelait à ses yeux alors que la jeune femme l’observait de haut en bas. C’était tellement inattendu, mais d’une familiarité extrême qui lui fit penser à ces moments spéciaux – ceux où elle se préparait pendant plus de deux heures avant de la rejoindre, juste pour entendre le souffle de sa Poufsouffle se faire irrégulier pendant un moment. Olivia déglutit, tenta de remettre ses pensées en ordre. Ca faisait un long moment qu’Eleni n’était plus sa quelque chose.

Il fallait qu’elle recommence à réfléchir. Elle se concentra sur sa respiration et ouvrit la bouche pour dire quelque chose ; n’importe quoi, quand une voix interrompit leur échange. La jeune femme se retourna vivement avant de s’excuser promptement. Bien sûr. Pendant un moment, Olivia avait oublié là où elles étaient. Sur un trottoir londonien, une journée ensoleillée. Elle voulut rire, mais sa gorge venait de décider de faire trois nœuds sur elle-même. Un simple son étranglé sortit de la bouche de la Serpentard. Bon sang. Ce n’était tellement pas elle. Elle se maudissait de son manque d’assurance. De ne pas savoir comment réagir face à une telle situation ; certes, c’était la première fois qu’elle vivait un tel moment, mais quand même. Elle avait habitué ceux qui la connaissaient à plus d’aplomb. Elle s’était elle-même habituée à plus d’assurance. Crispée, elle referma la bouche au moment où Eneli souffla quelques mots qu’elle crut ne pas comprendre de prime abord.

…une heure.
Tu m’as manqué.
… t’attendrai…


Un blanc.
Un blanc total dans son esprit.

Olivia cligna des yeux.
Et puis, soudainement, plus rien. Plus de grands yeux clairs fixés sur son visage. Plus de contact, plus de souffle court, plus de conversation – aussi pénible fut-elle. Plus rien. Juste une masse de cheveux blonds qui s’éloignaient d’elle, en direction d’un salon de thé qu’Olivia n’avait même pas remarqué en premier lieu.


Les dernières paroles d’Eleni commençaient à prendre sens dans son esprit.

Elle voulut lui dire, crier dans la rue ensoleillée que… Mais, que quoi ? La blonde était déjà rentrée dans le café. Elle s’était déjà enfuie. Pour le moment, souffla une petite voix dans sa tête.

Une heure.

Qu’était-elle censée faire, dans une heure ? Qu’était-elle censée faire d’ici-là ? Car dans l’esprit d’Olivia, il était clair qu’elle suivrait ce qu’Eleni voulait. Elle n’arrivait pas à s’imaginer ne pas acquiescer. Une heure. Elle croisa son reflet dans la vitrine du magasin, la jupe à carreaux dans la vitrine toujours présente. Et, par-dessus, le regard encore sous le choc qu’elle arborait.
Et, petit à petit, un sourire se dessina sur ses lèvres.

En effet, comment pouvait-elle ne pas sourire ? Ce n’était même pas de l’espoir. C’était une reprise de contact. Un moyen d’avoir des nouvelles. Car une partie de son esprit avait toujours été préoccupée par le fait de ne pas savoir où en était Eleni. Olivia ne savait pas ce qu’elle faisait, où elle était. Pas précisément, ou peu. Et surtout, elle ne savait pas comment la jeune femme se sentait – ce qui pour elle était le plus important. Indépendamment de ses propres sentiments, elle voulait que la Poufsouffle soit heureuse. Autant qu’il lui était possible de l’être. Et cela même si Olivia ne faisait pas partie de sa vie.

Alors la jeune femme ravala cet espoir incongru, ces sensations de familiarité ; elle enfouit ses attentes en resserrant les pans de son manteau autour de sa taille. Elle expira longuement, chassa de sa tête les souvenirs pour faire place à l’aspiration d’un désintérêt personnel. Si elle faisait ça, c’était pour Leni.

Elle se remit à marcher dans la rue. La sorcière avait cependant l’impression que ses pas ne pourraient l’emmener nulle part. Devait-elle tourner en rond ? Rentrer dans un magasin ? Catégoriser son esprit, placarder ses pensées ? Penser à autre chose ?

Tu m’as manqué.
Ce simple souffle. Par Merlin… Olivia se passa une main mal assurée sur son visage. La réalisation de tout ce que cela signifiait. Parce que oui, bien sûr qu’Eleni lui avait manqué, à elle. Leur histoire s’était terminée naturellement mais la jeune femme avait toujours été pleine de regrets. Elle avait souvent souhaité pouvoir mieux parler de ce qu’elle ressentait à l’époque. Mais elle était une gamine. Elle avait été couarde. Naïve. Imbécile.
Mais le fait que Leni lui avoue qu’elle lui avait manqué, elle. C’était un choc. Olivia se força à ne pas ressentir. A compartimenter. Si Leni était partie, si elle l’avait quittée, c’était que d’une certaine façon, Eleni ne l’aimait plus comme avant, de toute manière. Chose qui de toute manière était inévitable. Olivia n’était pas la personne la plus aimable du monde, sans aucun doute. Mais ça avait fait mal, sur le coup. Donc, de fait, Olivia avait dû mal entendre. Ou bien, la sincérité de la Poufsouffle lui jouait encore un mauvais tour.


*

Le temps s’était écoulé, lentement. Olivia avait eu l’impression de sentir les grains de sable d’un sablier s’écouler, un par un, seconde par seconde, indéfiniment.
Dorénavant, elle était plantée devant la même-vitrine que tout à l’heure. Les yeux fixés sur la jupe sans la voir réellement. Elle tentait de résoudre un dilemme.

Au bout d’un moment, une vendeuse sortie sur le palier finit par lui adresser la parole. « Elle est belle ; hein ? »

Olivia secoua la tête. Puis acquiesca. Bon sang, elle se perdait elle-même. « Oui. Je me tâte. » « Oh, bah hésitez pas à rentrer l’essayer, alors ! Je vous vois qui la fixe depuis un moment… Je l’ai en rouge. » La Serpentard émit un petit rire, força un sourire en biais en direction de la vendeuse. Et derrière elle, quelques mètres plus loin… Eleni.

Elle eut une fois de plus l’impression de voir une vision prendre forme sous ses yeux. Sans doute que son inconscient était persuadé qu’elle avait rêvé ? Quoi qu’il en soit, Leni lui faisait l’effet du charme d’une Vélane. Cela faisait à peine plus d’une heure qu’elles s’étaient quittées, mais… Une infime partie d’elle croyait qu’elle avait rêvé, peut-être ? Et pourtant non. Elle s’excusa absentement auprès de la vendeuse, la contourna, et rejoignit Eleni. Les yeux fixés dans les siens.

C’était digne d’un film pour sorcière de 50 ans. Le fait de rejoindre quelqu’un dans la rue, comme ça. Si Olivia avait eu un tant soit peu de recul sur ses actions, elle aurait explosé de rire.

« Leni. » Sa voix croassa ; par Merlin pourquoi fallait-il toujours que ce soit comme ça ? Elle avait l’habitude d’avoir plus d’assurance auprès d’elle. De savoir comment se comporter. Là, elle dansait sur deux pieds gauches.

« Comment ça a été, avec ta mère ? » Olivia tenta de se reprendre. Elle joignit ses mains devant elle, agrippa ses phalanges et observa un instant la bague qui ornait son majeur droit, avant d’inspirer et de relever le regard pour croiser, instantanément, celui d’Eleni.

Elle qui pensait que ça se passerait normalement. « On pourrait aller se poser quelque part ? Sans doute pas ce salon de thé, mais… Il fait beau, sinon. » Olivia esquissa un début de sourire. Elle sentait toujours le regard d’Eleni sur elle, la chaleur du soleil hivernal sur sa peau. Elle était toujours indécise. Prompte à vouloir compartimenter. Peu encline à parler d’elle. Mais en face d’elle, c’était Eleni. Et elle brillait toujours autant à ses yeux.


Alors Olivia osa détourner son regard. Elle se détourna, invita Eleni à marcher avec elle d'un frôlement du coude. Les premiers pas furent silencieux. Et finalement, une fois n'est pas coutume, Olivia explicita son geste. « On se défoule un peu les jambes, et après on verra? »
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Sujet: Re: Miss Missing You
Jeu 18 Fév - 15:55
Miss Missing You
Eleni Δ Olivia


Eleni jouait avec sa tasse, vide depuis un moment, le regard perdu dans le vague. Sa mère était partie depuis plusieurs minutes maintenant mais, pour être tout à fait honnête, Eleni ne l’avait pas vraiment remarqué. Elle n’avait pas remarqué grand chose depuis qu’elle avait tourné le dos à Liv, pour rejoindre sa mère.
Des pensées tourbillonnaient dans son esprit : et si Liv ne venait pas ? Et si elle s’en fichait ? Et si elle avait gâché sa chance de reprendre contact avec la sorcière en rejoignant sa mère ? Qu’était-elle devenue ? Que faisait-elle en ce moment ? Et si elle avait eu quelque chose d’autre de prévu ?
Eleni ne lui avait pas laissé le temps de répondre ; elle était été bien trop froussarde pour ça (et voilà pourquoi elle n’aurait jamais pu entrer à Gryffondor).

Sa mère avait tout de suite vu que quelque chose n’allait pas : quelque chose semblait… off. Pas vraiment comme l’un de ses mauvais jours, mais comme si un voile avait été posé sur son esprit, lui embrumant les yeux. Eleni n’avait pas expliqué, Alana n’avait pas cherché à en savoir plus. Elle avait appris il y a longtemps maintenant à ne pas questionner sa fille lorsqu’elle ne voulait pas s’ouvrir.
Et pour être parfaitement honnête, Eleni n’avait même pas essayé plus que ça : elle avait laissé ses pensées vagabonder, jouant avec la tasse, la cuillère, le sucre, se contentant de hocher la tête et de formuler de courtes réponses, presque monosyllabiques, lorsque sa mère tentait d’engager la conversation.
Elle s’en voudrait sûrement plus tard, et enverrai à sa mère un superbe cadeau pour s’excuser, mais pour l’instant… elle n’était bonne à rien.
Attendre.
Attendre, que l’heure passe.
Espérer.
Espérer que Liv viendrait.

Et si elle ne venait pas ? Qu’est-ce qu’elle ferait ?
Et si elle venait ? Qu’est-ce qu’elle ferait ?
Leni n’était pas certaine de savoir quelle était la pire solution. Que devait-elle lui dire ? Comment devait-elle agir ? Est-ce qu’il y avait un code, une marche à suivre ? Une méthodologie des retrouvailles avec son ex ?

Le serveur passa devant la table de la sorcière une fois, puis une seconde fois. Lorsqu’il passa une troisième fois devant elle, la jeune femme comprit le message - tout en subtilité ces moldus - et se leva pour aller payer.
Il ne faisait pas froid mais pourtant, lorsqu’elle sortit du salon de thé, elle resserra les pans de son manteau autour d’elle. A son poignet, les aiguilles des secondes tiquaient, résonnant plus lourdement qu’elles ne l’avaient jamais fait dans ses oreilles.
Ses doigts se glissèrent dans ses cheveux, ramenant une mèche derrière son oreille, et son regard scruta la foule. Cherchant le manteau gris de la sorcière, sa silhouette élancée, son profil fier. Elle sentit ses doigts se raidir, dans ses cheveux, une mèche enroulée autour de son index, jouant nerveusement avec.
Bientôt, elle se mettrait à battre du pied sur le pavé, ou à mordiller sa lèvre. Peut-être ferait-elle les cent pas, ou alors s’appuyerait-elle contre un mur, les yeux fixés sur le ciel, défiant le soleil des yeux jusqu’à ce que des tâches noires masquent sa vision, et qu’elle se retrouve aveuglée par l’astre.

Ou bien peut-être qu’elle verrait Olivia, tout simplement. Et qu’alors elle laisserait échapper le soupir qu’elle retenait depuis qu’elle avait quitté la sorcière, et que les battements de son coeur retrouveraient un rythme plus régulier.

Et puis, soudainement, Olivia apparut devant elle.
Enfin, non, pas exactement. Elle eut le temps de la voir arriver, les yeux dans les yeux. Les battements de son coeur ne se firent pas plus lents, au contraire : elle le sentit s’emballer dans sa poitrine, le sang affluant dans ses veines, ses extrémités frémissant et fourmillant sous la sensation.
Elle aurait dû s’y attendre, à vrai dire : Liv avait toujours eu cet effet là sur elle.

Et sa voix. Oh, sa voix. Elle lui en aurait donné le tournis. C’était ridicule, bien sûr, et Eleni en aurait certainement été mortifiée, si elle n’avait pas été trop occupée à se perdre dans le regard de la sorcière, lèvres entrouvertes et souffle court.
Elle se sentait… attirée. Comme un aimant, face à un pole opposé, le besoin viscéral qu’elle ressentait de s’avancer, de la rejoindre, de tendre le bras et de la toucher. Elle avança. Un pas, puis un autre, et bientôt elle marchait en direction de la sorcière, un peu hésitante, un peu gauche. Mimant la démarche de la sorcière face à elle.
Liv non plus, n’avait pas l’air parfaitement sûre. Mais elle ne reculait pas. Et elle était là. Elle était venue. Elle était restée.
Et Eleni se sentit sourire. Plus encore lorsque la voix d’Olivia résonna, encore. Sa main droite heurta sa hanche, le contact la tirant de la torpeur dans laquelle elle semblait être depuis qu’elle avait croisé le regard de la jeune femme.

Elles avaient l’air belles, comme ça, face à face, dans une rue londonienne noire de monde, à se regarder dans le blanc des yeux. C’était… étrange, et familier à la fois.

« Très bien. » Enfin, je crois. Je ne sais pas. J’arrêtais pas de penser à toi. « Merci. » D’avoir demandé. D’être restée. D’être revenue. D’être là.

Elle était loin, la confiance de la sorcière, lorsqu’elle lui avait demandé de rester. Elle se sentait gauche, et un peu ridicule.
Carrément ridicule.
Un léger rire lui échappa, empreint de nervosité. Elle hocha la tête, peut-être trop vigoureusement, et fit un pas de plus en direction de la sorcière.

« Avec plaisir, oui. J’ai probablement bu assez de thé pour la journée de toute façon. » Le coin de ses lèvres se souleva en un sourire hésitant, et elle dû resister l’envie qui la prit de lier son bras à celui de Liv, ou de lui attraper la main, la manche, le petit doigt, comme elle en avait souvent eu l’occasion au cours de cette dernière année à Poudlard : lorsqu’elles arpentaient les couloirs, et qu’Eleni était toujours collée à elle, joues rouges d’embarras et de plaisir que Liv lui rende la pareil.

Son bras frôlait celui de la sorcière, et ce geste paraissait presque plus intime que toutes ces fois où elle avait entrelacé ses doigts avec ceux de Liv. Elle lui emboita le pas, ne sachant trop quoi faire de ses mains et de ses bras.

Elles marchèrent un moment, ni vraiment long, ni vraiment court, l’une à côté de l’autre, dans un silence qui n’était pas réellement pesant. Oh bien sûr, l’esprit d’Eleni fonctionnait à deux cents à l’heure, rouages tournant dans son cerveau, bouton d’urgence activé pour tenter de trouver quelque chose à dire. Mais c’était… plaisant. Eleni avait toujours aimé cela, chez Liv. Le fait qu’elle puisse être silencieuse, qu’elle n’ait pas toujours besoin de dire quelque chose, pas besoin de meubler les silences.

La lisière de l’un des nombreux parcs se dessina devant elles et comme d’un commun accord, muet, elles se dirigèrent vers l’entrée du parc. Des enfants jouaient sur la pelouse, des joggers suaient sur leurs chemins réservés, de vieilles personnes promenaient leurs chiens. Il y avait un groupe de jeunes assis près d’un arbre, bouteilles dans l’herbe et guitare à la main, des couples allongés sur l’herbe, des hommes et femmes d’affaire en costume installés sur les bancs, téléphone dans une main et sandwich dans l’autre. Des touristes se prenaient en photo.
La vie londonienne.

Elles trouvèrent un banc vide et propre, à l’ombre d’un grand chêne, et Leni se laissa tomber dessus, laissant son regard vagabonder sur la masse des moldus peuplant le parc.

Elle ne savait pas quoi dire.
Qu’est-ce qu’elle était supposée dire ? Lui dire combien elle lui avait manqué ? Combien de fois elle avait pensé à elle ?

« Ca fait longtemps. »

Elle se sentit grimacer. Par Merlin, c’était absolument pathétique. Elle passa une main sur son visage, laissant échapper un rire nerveux, encore.

« Désolée ! C’était… c’était vraiment nul. » Son rire résonna encore, moqueur, envers elle-même. Ses yeux croisèrent ceux de Liv, et ses lèvres s’étirèrent en un sourire plus large, son rire se faisant plus fort.

Ca dura quelques instants de plus avant qu’elle ne reprenne ses esprits, souriant, tête renversée sur le banc. Bon. Ca avait au moins brisé la glace.
© GASMASK
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Sujet: Re: Miss Missing You
Dim 13 Mar - 19:20
|| Tear in my heart - Twenty one Pilots (live) <3 ||


Les deux jeunes femmes avançaient tranquillement dans la rue ensoleillée. L’espace d’un instant, Olivia ferma ses yeux afin de mieux apprécier la sensation du soleil sur sa peau sombre. La chaleur que l’astre dégageait la faisait se sentir bien… ou alors c’était le simple fait de savoir Eleni marcher, là, juste à côté. A portée de main.

Non. A la réflexion, le soleil la faisait se sentir bien. Eleni, cependant, la faisait se sentir exceptionnellement bien. Nerveuse, également. Mais cette nervosité restait avant tout empreinte d’une familiarité qui la laissait pantoise. A la fois incapable d’imaginer où cette rencontre allait mener les deux jeunes sorcières, mais Olivia se sentait capable d’agir spontanément, elle se sentait capable d’être elle-même à 200%. Et c’était quelque chose qui lui manquait cruellement dans sa vie actuelle. Avec Leni, pourtant, Liv se sentait elle-même. Elle se sentait même plus, parfois. Du moins dans ses souvenirs. Eleni Hall avait été la première personne à réellement accepter Olivia Zabini pour la personne qu’elle était, plus encore que ses amis, tellement plus que sa famille. Alors oui : malgré cette nervosité, son cœur restait empli de souvenirs qui malgré elle remontaient à la surface. Et c’est pour cela, en partie du moins, qu’Olivia se sentait bien. Exceptionnellement bien. Elle se sentait… Juste Olivia.

Le trajet se déroula en silence. Les deux femmes atteignirent la lisière d’un parc et décidèrent d’un commun accord silencieux de s’y engouffrer. Le regard d’Olivia se posa sur leurs alentours. La vie londonienne dans ce qu’il y avait de plus convivial. D’une manière générale, les gens qui fréquentaient les parcs étaient rarement de mauvaise humeur. C’était une équation qu’elle avait déjà remarqué par le passé. Même s’ils étaient seuls, les moldus et sorciers était au pire d’une humeur neutre. Mais bien souvent, ils étaient là en groupes, pour profiter du soleil, courir (quelle idée saugrenue…), ou discuter. Ou les trois à la fois. Et la corrélation entre la bonne humeur des personnes fréquentant les parcs et la présence de soleil était évidente. Surtout à Londres.

Un souvenir s’imposa à son esprit : la lumière du soleil dans les cheveux blonds de la Poufsouffle. Un sourire masqué par des mèches de cheveux. La sensation similaire à celle actuelle d’un soleil sur la peau – mais dans son souvenir, il tapait beaucoup plus fort. Le paysage n’était pas le même, la température non-plus. Il s’agissait d’un souvenir d’Australie. Une terre rougeoyante et la blondeur des cheveux d’Eleni qui ne les avait pas attachés ce jour-là.

Olivia ouvrit la bouche pour inspirer un peu d’air. Sans s’en apercevoir, elle avait tourné la tête vers le sujet de ses pensées, et la fixait sans vergogne. Impolitesse.
Mais Eleni, qui semblait ne pas s’être rendue compte de son trouble, continuait son chemin, imperturbable et non-perturbée par le silence.
Olivia se pinça brièvement l’arête du nez. Qu’elle se reprenne. Elle n’avait pas le droit aux regrets, pas le droit à ces sentiments borderlines qui tentaient d’emmener son esprit et sa raison au loin. Ce n’était pas le sujet de cette rencontre. Ce n’était pas pourquoi elle était restée aujourd’hui.

Une petite voix susurra sans sa tête (cette petite voix entêtante, celle qui posait toujours les questions qui fâchent). Et pourquoi donc ? Pourquoi rester ? Pourquoi ne pas avoir réfléchi un peu plus longtemps que deux secondes, chrono en main, à partir ? C’est un peu rapide, comme décision…

Il s’agissait de prendre des nouvelles.
Rien que ça. Juste ça. Reprendre un contact sain avec une personne qui avait énormément compté dans sa vie à une époque. Tu m’as manqué… Olivia chassa cette autre voix de son esprit. Ce devait être l’émotion qui avait fait parler Leni ainsi.

Elles trouvèrent finalement un banc sur lequel s’asseoir. (Entre-temps, Olivia avait eu le temps de croiser un couple de moldus bras-dessus bras-dessous, d’avoir eu l’envie fulgurante de saisir le bras de la sorcière à ses côtés, et le trouble qui l’avait saisie à ce moment-là eut raison de ces quelques neurones encore fonctionnels jusqu’à ce qu’elle se reprenne à nouveau. Ce n’était qu’une prise de nouvelles.)

« Ça fait longtemps. … Désolée, c’était nul. »
A la première phrase, Olivia n’eut pas le temps de réagir, ni même le temps de réaliser le sens de ses mots – premiers mots depuis le trottoir – que déjà la Poufsouffle se passait une main sur le visage. Ceci fit rire la sorcière. La Serpentard ne put que regarder les lèvres d’Eleni se tendre dans un sourire gêné, les yeux rieurs. Malgré elle, elle pensa que oui, elle avait l’air d’aller bien. Elle était gênée, embarrassée par l’étrangeté de la situation. Eleni avait toujours été du genre à suivre les règles et les manuels d’instruction, et une situation inédite n’était pas pour la mettre à l’aise. Olivia le savait bien.  Malgré elle, elle sourit, laissa échapper une sorte de gloussement compatissant pour son interlocutrice. Et bientôt elles étaient là, toutes les deux, à rire sans aucune raison apparente.

Lorsqu’elles se furent calmées, Olivia se passa une main sur le visage, souffla doucement et croisa à nouveau le regard de la jeune femme, une sincérité nouvelle dans le regard. Elle se tut un moment, observant les restes de sourire qui illuminaient le visage de la jeune femme (Olivia, subjective ? Pas du tout !). Elle se tourna un peu plus vers Eleni, son pied replié sous elle et le coude posé sur le dos du banc. Elle plaça son visage dans le creux de sa main et sourit, l’air un peu désabusé. « Tu vois, là actuellement j’ai tellement de choses à te dire et à te demander, que je ne sais plus par où commencer. » Elle voulait lui parler de sa vie, de son boulot. Elle voulait lui raconter des anecdotes sur la dernière fois où elle avait pensé à elle, elle était en train de faire ses courses, elle avait vu des pastèques, et ça lui avait fait penser à leurs escapades en Roumanie. Eleni s’était étonnée de voir des trottoirs submergés de pastèques moldues. Olivia avait fini par en acheter, cependant le lieu où elles étaient ne leur avait pas laissé le loisir de transplaner, donc elles avaient dû les trimballer partout en ville avant d’abandonner – Olivia en avait fait tomber une, c’était lourd, c’était chiant à transporter, elles n’avaient pas de sac, être moldu c’était nul de toute manière, et elle était de mauvais poil. Et Leni riait quand elle grognait. Donc. L’autre jour, en faisant les courses, Olivia avait pensé à elle.

Enfin, surtout, elle voulait savoir ce qu’il s’était passé dans la vie de la jeune femme. Surtout surtout.
« J’ai tellement de questions à te poser. Tu as l’air bien. J’en suis heureuse. Soulagée. D’ailleurs je suis désolée, je suis incapable d’envoyer une lettre convenable. Excuse-moi. »

Un jour elle saurait parler normalement, même en situation de stress. Elle avait l’impression de buter sur ses mots, de ne pas aller au bout de ses pensées. Mais ces dernières s’entrechoquaient dans son crâne et elle ne savait pas par où commencer. C’était frustrant, tellement frustrant qu’Olivia finit par se pincer (à nouveau !) l’arête du nez et de respirer longuement en détournant le regard une seconde, avant de le reposer sur Eleni. Celle-ci la regardait – l’observait, la jugeait peut-être même ? Voyait-elle son trouble ? Ce fut au tour d’Olivia de lancer un rire gêné. « J’ai plus envie de parler de toi. Rien de très intéressant s’est passé dans ma vie. Mais toi. Qu’as-tu fais ? Que fais-tu, maintenant ? Ou même plus simplement : où habites-tu ? »
C’était l’une des questions les plus simples à poser, mais mieux valait commencer par là. De quoi aurait-elle l’air, si elle commençait par « Oh, et du coup ta dépression, ça va ? ».

En face d’elle, elle avait toujours le regard d’Eleni posé sur elle. Et juste ça, ça la calma un peu. La glace était brisée entre elles. Maintenant il fallait juste qu’elles trouvent simplement le moyen de se dire tout ce qu’elles avaient à se dire. Car Olivia était sûre qu’Eleni avait énormément de choses à dire. Tout comme elle.


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Sujet: Re: Miss Missing You
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Miss Missing You

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