Scorpius avait le regard dans le vague, les yeux rivés sur les pages d’un livre de cours dont il ne lisait pas les mots. Il n’avait pas tourné une page depuis dix minutes et, quiconque faisant un peu attention à lui se serait rendu compte qu’il avait l’air un peu perdu : dans sa tête, dans les nuages, personne n’aurait pu le dire, pas même Scorpius.
Ce matin avait été le premier jour où il n’avait pas reçu de courrier de sa mère.
Oh, il savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas lui écrire tous les jours, qu’il arriverait un jour où la communication se ferait plus espacée, où il n’y aurait rien d’intéressant à lui dire, où Scorpius cesserait de lui raconter ce qu’il avait fait ou appris aujourd’hui…
Mais Scorpius, bien qu’il s’y soit attendu, avait été pris par surprise par la chose. Lorsque les hiboux étaient arrivés ce matin là, et qu’il n’avait pas aperçu le pelage familier du grand duc que ses parents réservaient pour ses envois de lettre et de paquets, il avait sentit son coeur et sa gorge se serrer, et il avait fini son petit déjeuner sans enthousiasme, se levant à peine son thé terminé, prétextant avoir oublié un manuel dans son dortoir.
Il avait senti l’air, qui venait à lui manquer, et avait arraché sa robe de sorcier, sa cravate, et sa chemise. Il s’était effondré sur son lit, Mr Fluffy miaulant en appuyant ses petites pattes contre la joue de son maître.
Il avait fallut de nombreuses minutes avant que Scorpius ne retrouve une respiration normale, et qu’il se sente prêt à aller affronter la journée qui l’attendait. Cependant, ses doigts refusèrent de se saisir de sa chemise, et il se rabattit alors sur celle de sa mère, certes trop grande pour lui, et ne respectant pas le blanc traditionnel de l’uniforme de Poudlard, à la place un rose pastel si léger qu’il pourrait presque passer pour un blanc délavé. Les manches étaient bien trop longues, et il les remonta, venant écarter les boucles blondes qui lui tombaient devant les yeux. Le reflet que lui renvoya la glace acheva de le calmer, et il se hâta de nouer sa cravate et de remettre sa robe de sorcier, descendant les escaliers en courant pour rejoindre son premier cours de la journée.
La journée passa rapidement, et nous retrouvons à présent Scorpius, dans la bibliothèque du château, le regard dans le vague, un livre sur les genoux qu’il ne lisait même pas. Son esprit était ailleurs, pensées tournées vers sa mère. Comment allait-elle, qu’avait-elle fait de sa journée, avait-elle pensé à lui ? Tant de questions qui lui tournaient dans la tête, et l’empêchait de se concentrer.
Ce n’est que lorsqu’il secoua la tête, tentant de se reconcentrer sur son travail, baissa les yeux et ne comprit pas un seul mot de ce qui était écrit, qu’il se dit qu’il était temps d’arrêter, et de chercher à se changer les idées, plutôt que de perdre son temps à la bibliothèque.
Il ramassa ses affaires, et sortit de la bibliothèque sans plus attendre.
Scorpius songea que continuer à explorer le château pourrait être une bonne chose : il n’avait pas encore fini de se perdre dans les couloirs et les escaliers, et il n’était pas certain qu’il y parviendrait un jour !
Le Poufsouffle s’approchait, désireux d’explorer le sixième étage aujourd’hui, quand un bruit sourd lui fit lever la tête, et qu’il vit, en haut de l’escalier, un jeune garçon, qu’il lui sembla reconnaître comme étant un première année, tomber dans l’escalier, son sac dévalant les marches tandis que lui, bien heureusement, se contentait de ne s’effondrer que sur une seule marche.
Scorpius s’empressa de grimper les marches, venant récupérer le sac avant qu’il ne dévale le reste des escaliers, et espérant que l’encrier ne se soit pas renversé ou brisé dans le sac : des parchemins tachés d’encre, il n’y avait rien de pire !
Le regard des deux enfants se croisa, et Scorpius vit le rouge monter aux joues du jeune Serpentard. Scorpius lui adressa un mince sourire, soulevant le sac pour lui montrer qu’il l’avait récupéré. Il acheva de grimper les escaliers et, une fois arrivé au niveau de l’autre élève, légèrement plus petit que lui, il le lui tendit.
« Tu ne t’es pas fait mal ? »© Gasmask