Quand on vous parle de l’Espagne, les premières images qui vous viennent en tête sont des couleurs, chatoyants de rouge et d’or, peut-être quelque sombrero, ou un peu la corrida, les taureaux qu’on emmène à l’abattoir lentement, mais avec attention. Kostia lui n’a jamais rien connu de tout cela. Enfin dans sa plus tendre enfance, dirons-nous. Cela faisait un moment que sa famille était partie de ce pays natal qui les avait vu naitre et grandir quand il a ouvert les yeux sur le monde. Longtemps ? Oui et non. Ses parents avaient quelques vagues souvenirs de la chaleur de l’été dans les ruelles de Madrid, où on ne se promenait qu’à des heures tardives ou en longeant les murs pour se mettre à l’ombre. Trop jeune toutefois pour s’attacher à cette patrie dont le nom résonnait pourtant en échos.

Kostia lui a connu le froid hivernal de l’Angleterre, depuis le jour de sa naissance, un jour de janvier, 13 pour être exact, un chiffre qui n’avait rien de parfait dans l’impair même et qui sonnait un glas dans l’hiver. Le genre de moment où on il faisait le plus froid au monde, où les bourrasques faisaient voltiger la neige environnante. Une bourgade anglaise dans le nord-est, proche des montagnes du Pays de Galle, il se demanderait par la suite pourquoi ses parents n’avaient pas choisit de s’installer dans la capitale comme tout être civilisé. Là où il est né, ça sentait le crottin des moutins, la terre fraiche qu’on labourait et pourtant la grande demeure qui le vit grandir contrastait énormément avec les maisons au toits de chaume des environs.

Ses parents ne lui avaient jamais rien caché de ses origines espagnoles, quand bien même cela se sentait à leur accent, que l’enfant prit rapidement en mimétisme. Macher les mots, les faire résonner différemment presque mélodieusement au travers de ses phrases qu’il essayait de prononcer en tant que marmot. Chantant, c’était ainsi qu’était perçut son accent, bien loin des ambiance celtes ou scandinaves de cet endroit du Royaume-Unis. Tout était parfait dans cet univers, ses parents travaillant, arrivant toujours à trouver les petites entreprises à faire monter non sans que les contrats les fassent gagner davantage en prestige, les négociations fortes aux quatre coins de l’Europe, les faisant beaucoup voyager. Et il restait ainsi avec cette grand-mère dont la fascination d’un petit garçon était aussi semblable que l’angoisse qu’il lui portait.

Elle était de ce genre de personne, toujours parfaitement bien habillée, aucune fioriture dans ses tenues, les traits de maquillages lui donnant une impression naturel et aucune once de vernis ne s’écaillait sur les ongles. La voir faire, s’apprêter avait toujours été un moment qu’il appréciait, fasciné par cette capacité à se montrer présentable en toute circonstance, la magie aisée, les sorts répondant avec simplicité. Mais elle l’effrayait pour bien des raisons. Allez souffler des règles strictes à un petit garçon qui ne demandait qu’à s’amuser, malgré sa qualité d’aîné qui demandait qu’une chose de se part : aller vers le haut.  

« Tiens-toi droit ! », « Ne mets pas de boue sur tes vêtements. », « Montre-toi, l’allure fier, le menton relevé. », « Tu es un Montoya ne l’oublie jamais ! Sois en digne ! » entendait alors régulièrement le petit garçon qu’il était, frémissant, subissant dans une éducation stricte que lui offrait sa grand-mère. Montoya. Son nom de famille qu’il avait apprit à chérir, les liens importants, la confiance intense dans ceux qui étaient auprès de lui, un soutien pour aller vers l’avant. Mais un prénom qui lui avait valu bien des moqueries par le passé, des enfants de paysans qui ayant surement vu que le films, non lu le livre en entier, s’amusait à renchérir sur cette phrase culte. « Sois fier, Inigo » lui soufflait sa grand-mère, les lèvres pincés, le visage fermé, l’aura froide. Il haïssait ce prénom, surement vestige d’un lien de parenté dont il n’avait que faire. Et dans les yeux froids, qui entourait les mèches grises de sa grand-mère, il acquiesçait simplement.


L’Espagne, ils l’avaient quitté depuis un moment, depuis deux enfants étaient venus rejoindre la famille Montoya. Une petite fille, et un petit garçon bien plus jeune. L’enfant qu’était Kostia lui commençait doucement à comprendre, écoutant attentivement les propos de sa grand-mère qui lui parlait de ses origines, de ses landes brûlés dans les montagnes d’Espagne. Les Montoya s’étaient exilés pour ne pas faire d’affront à ceux qui se considérait comme pur, voyant d’un œil mal luné le fait que des sang-mêlé en viennent à dorer leur blason, sans avoir un quelconque héritage. Kostia le comprenait et en même temps dans un cœur d’enfant ce n’était pas si simple de percevoir autre chose que la rancœur. Ils ne faisaient rien de mal, à son sens, bien loin de comprendre que les Montaya usaient les autres pour s’élever.

« Tout se paie et tout s’achète » Lui avait un jour dit sa grand-mère, les lilas de leur pays d’origine peinant à fleurir dans le climat si froid de l’Angleterre. Et il comprendrait la leçon avec le temps, avec patience et beaucoup d’observation. Du respect pour la matriarche, Kostia en avait beaucoup, plus qu’attentif au moindre mots, son frère partis, devenant peu à peu un moule à façonné pour cette dernière. Oh, bien sûr il commençait à comprendre doucement, observant le monde qui l’entourait, se montrant arrogant parfois face à ceux qui se moquaient de lui, la magie demeurant une constante au sein de la famille. Il n’y eut guère de frasque quand lui découvrit la sienne, déjà fasciné par les potions que concoctait sa grand-mère, l’explosion contenue qui évita la mort de sa petite-sœur fut autant un moment de gloire qu’une forme de stupeur pour les Montoya.

La lettre tarda à peine à venir chez lui, l’informant que tout comme son frère, il était accepté au sein de l’école de sorcellerie Poudlard. Une évidence à son sens, alors que l’achat des fournitures en poche, un chaudron d’or dans ses bras, Kostia attendait de voir ce qu’il adviendrait de lui dans cette nouvelle partie de sa vie. Le choixpeau eu put d’hésitation en se posant sur sa tête. « SERPENTARD ! » Des clameurs avaient retenti et le sourire fier qui se dessina sur son visage ne serait pas le dernier. L’école était ce qu’elle était, envahis d’être de tout genre, d’élèves de toute horizon, les accents se fluctuant dans les conversations et les années passant sans grand soucis à déplorer. Kostia était un bon élève. Enfin … de ce qu’on pourrait insinuer comme tel. Intrigué dans un premier temps parce qu’il pouvait déceler, obtenant des Optimals dans les potions sans fournir le moindre effort, pour le reste, l’intérêt se perdit relativement vite.

Et il comprit bien vite ce qu’il avait entre ses doigts. Pas un nom ou un sang comme certains, il avait la faculté des mots et des gestes, il savait où toucher pour réussir à obtenir ce qu’il désirait, arrivant à user de ce genre de talents au fil des années pour ne pas se casser la patte sur des cours qu’il jugeait manquant d’intérêt. Chacun désirait quelque chose, Kostia le comprit rapidement et qui serait-il pour ne pas l’offrir quand ça pouvait arranger ses affaires. Deuxième année, voilà que ses devoirs étaient rédigés par d’autres, dans certaines matières, qu’il arrivait quand même à étudier et se renseigner sur ce qui le passionnait réellement, les examens passés avec aisance.  

Les potions étaient en somme la seule matière où il n’usait pas de ses talents pour faire travailler les autres. Il était doué et il aimait ça. Rejoignant le club de potion très tôt dans sa scolarité, l’ennuie-le guettait malgré tout de ne pas pouvoir essayer toutes ses idées, de la peur du professeur que ce soit trop dangereux. Mais il était bon, il était passionné, alors il continuait, devenant finalement président du club lors de sa sixième année, se vantant de pouvoir accéder à la salle quand il le désirait, pour mieux se pencher sur ses expériences peu importe la forme que ces dernières prendraient.  


Mais Kostia avait du temps à revendre et il savait ce qu’il allait en faire. Les rencontres étaient nombreuses, découvrant avec fascination les plaisirs de la chair quand ses hormones devinrent incontrôlables, mais également l’aisance avec laquelle on confiait des secrets au coin d’un oreiller. Et lui souriait, l’aura angélique, le mensonge au bord des lèvres qui embrassaient, unique dans un seul but. On pouvait obtenir tant de chose quand on donnait en retour, les envies des gens si minimes quand celle du jeune Kostia devenait à mesure du temps de plus en plus grande. Plus loin, plus haut, jusqu’à l’insolence. Cette même insolence et cette même condescendance dont il savait faire preuve à Poudlard qui lui valut bien plus de remontrance de la part de sa grand-mère qu’il n’aurait aimé l’avouer.

Il avait suffi d’une fille sans importance, qu’il avait ramener chez lui pour que dans son comportement la matriarche ne tolère l’irrespect dont il faisait preuve. Mais elle n’était rien cette fille. Elle n’était que là parce qu’il avait joué, parce qu’il l’avait désiré, alors ne pouvait-il pas en faire ce que bon lui souhaitait. Il se souvenait du regard sombre que sa grand-mère lui avait lancé. L’horreur avait percer le cœur aux multiples barrières de Kostia, le visage pourtant fermé par habitude. « L’irrespect ne te conduira pas loin, Inigo. » lui avait-elle dit par la suite. Tout ce qu’il avait compris était de ne plus amener de fille au sein de la demeure familiale. Malgré tout, la leçon était toutefois retenue : parfois le respect pouvait amener plus loin en occultant les plus sombres pensées qui se trouvaient en nous.

Comme ses sang-purs, qui se jugeaient élites et qu’il avait observer depuis quelques temps, celles-là même qui frétillaient dans un couloir, les jupes aux plis parfaits et les mentons relevé d’une supériorité qu’elles n’avaient jamais réellement eu. Kostia les connaissait, il avait regardé Arya, Freyja et Queenie du coin de l’œil, attentif. Et puis il avait vu Scylla. Différentes sur bien des points, la même aura glaciale et malgré tout une lueur tout autre dans le regard. L’irrespect ne conduisait pas loin, mais le respect et les faux semblants bien plus. C’est ainsi qu’il avait couché avec Arya en échange d’une bonne recommandation pour devenir préfet-en-chef, le prix moindre pour tout ce qu’il pourrait en faire.

Un pouvoir simple obtenu, une manière comme une autre de débuté son ascension qui ne cessait de grandir, les marches visibles uniquement par lui-même. Et puis il y avait Scylla. Connue et rencontré dans des conversations simples, discrètes, l’aura trop différentes des autres. Une forme d’intrigue pour lui dont il n’avait su se défaire jusqu’à obtenir toutes les informations. La soif de vengeance, le goût raffiné pour les poisons dont il pourrait aisément aider. Et l’intuition subite qu’elle pourrait lui offrir autant qu’il avait à lui donner. Remonter son nom dans les négociations en jouant les couples auprès des familles de sang-purs, briser des fiançailles pour la demoiselle, s’attirer quelques foudres au passage, mais Kostia savait avoir tout à gagner dans ce pacte, surement quelques plumes à perdre, mais tout avait un prix.