Le week-end se terminait doucement. Il faisait déjà nuit et la plupart des élèves étaient déjà retournés dans leur salle commune. Jordan faisait partie de ceux-là. Elle avait élu domicile sur un fauteuil dans un coin de la salle, pas loin de la cheminée pour profiter de la chaleur dispensée par le feu. Sur ses genoux se trouvait un livre d'astronomie. Fait rare pour la première semaine, mais elle révisait. Ce n'était pas une séance de révision acharnée à prendre des notes, juste une simple lecture. Mais avec la rousse c'était tout autant efficace, si ce n'est plus.

Ce soir Jo' voulait finir ce livre. Oh, elle allait bien évidemment sauter les passages sur ce qu'elle connaissait déjà. Cependant, elle ne négligera pas le ciel vu de Poudlard. C'était important. Puis, elle avait le temps de finir son livre puisque les sixièmes de Serdaigle commençaient par botanique le lendemain. Jordan prévoyait déjà de dormir jusqu'à neuf heure. Il fallait toujours se laisser une marge de manœuvre. Chez elle, elle était d'une heure. Mais ce sera amplement suffisant puisqu’elle n'irait pas prendre de petit déjeuner. La rousse se fit la réflexion qu'il fallait qu'elle prévienne ses camarades de ne pas la réveiller le lendemain. La rousse devait aussi répondre à la lettre de ses parents. Mais elle n'y était pas encore. Si la demoiselle gérait bien son temps, elle pourrait le faire le lendemain matin.

Jordan se replongea donc dans sa lecture. Le bruit environnant ne la dérangeait pas pour lire. Elle ne faisait pas partie de ceux qui exigeaient le silence complet pour pouvoir travailler. Puis elle était prête à parier que les Griffondors considéreraient que la salle est relativement calme.

Pourtant sa concentration l'a fuit de nouveau quand elle songea que c'était un cours commun avec les Serpentards qu'elle avait le lendemain. Le lundi était relativement propice à travailler puisqu'elle n'avait que deux heures d'astronomie. Jordan aimait bien l'ambiance qu'il y avait en cours avec eux. Elle regrettait presque de n'avoir que deux cours en commun avec les verts et argents. La rousse avait depuis la première année été attirée par la maison des serpents. Elle s'était bien gardée de le dire, pour pas mal de monde encore la maison de Salazar avait mauvaise réputation. L'ambition, la ruse et la façon dont ils mettaient tout en œuvre pour arriver à leur fin lui plaisait. Et elle se faisait un point d'honneur de toujours faire preuve de plus d'ambition qu'eux. Un espèce de petit défi personnel.

Finalement, elle fut sortie de ses pensées par un mouvement à sa gauche. Si Jordan continuait à se laisser distraire elle n'arriverait jamais à finir son bouquin le soir même. Si tout au long de l'année elle se mettait à reproduire ce schéma, elle allait vite se retrouver larguer. Un comble pour une Serdaigle, surtout avec la mémoire dont elle bénéficiait. Et Merlin seul savait à quel point la sixième année était dure comparée aux précédentes. Certains bruits de couloir disaient même que de la première à la cinquième, c'était une promenade de santé. Ça faisait clairement peur. C'en était même effrayant.

La demoiselle secoua la tête et la posa sur le dossier de son fauteuil. Elle aimait bien se poser sur ce dernier près du feu. La chaleur et le réconfort qu'elle y trouvait lui faisait toujours un bien fou. Jordan se permit même de fermer les yeux pour profiter quelques secondes, de l'ambiance et de tout le reste.

Quelques secondes qui malheureusement ne durèrent pas longtemps puisque juste à cet instant elle se fit aborder par quelqu'un de son année. « Hé Jo', t'as fait tes devoirs de sortilèges ? » Elle releva la tête et la tourna en direction de la personne qui venait de lui parler. « On est en train de les bosser si tu veux te joindre à nous. » Elle fit non de la tête et montra son livre. « Ce soir c'est astronomie pour moi. Je ferai les sortilèges demain. Mais merci quand même. » Le travail en groupe était amusant avec les autres quand il s'agissait d'une matière pour lequel elle avait un avis neutre. Si elle aimait la matière, la rousse distançait les autres trop vite et à l'inverse elle la détestait, elle se retrouvait vite larguée par rapport aux autres. Et finalement elle laissait tomber le travail en groupe pour tenter tant bien que mal de terminer correctement.

Tout en se retournant pour se réinstaller confortablement, Jo' jeta un coup d'œil à l'horloge qui se trouvait dans la salle. Vingt-et-une heure. Puis elle reprit sa lecture.

Quelques pages plus tard, Jordan se fit interrompre en plein milieu d'une phrase. Elle prit le temps de la finir avant de lever les yeux vers la demoiselle qui l'avait abordé. Elle n'en avait fondamentalement pas besoin pour la reconnaître puisqu'il y avait peu de monde ici qui l'appelait Jordy.

Elle offrit un sourire à Charlie -puisque c'était elle- avant de lui répondre. « Cha' ! Ça va et toi ? » La rousse en entendant la phrase suivante de la brune trouva un marque page quelconque – en la personne d'une plume- et ferma son livre. « Non non, tu ne me dérange pas. » Puis elle posa le livre à ses pieds pour se concentrer sur la conversation qu'allait avoir avec la septième année. « Je dirais plutôt que tu m'offres une pause bien méritée. » Oh que oui elle était méritée. Jordan venait de tomber sur un chapitre particulièrement long et barbant sur un sujet totalement inintéressant.

Les yeux bleus de la rousse se mirent à inspecter Charlie. Et lors de cette inspection la demoiselle se rendit compte que sa camarade était en septième année, avec toutes les conséquences que ça impliquait. Septième année comme dans dernière année, comme dans plus là l'année prochaine. Jordan avait parfaitement conscience que la vie à Poudlard, plus que les études, n'était pas éternelle. Mais ça faisait toujours se tordre un peu son estomac de penser que l'année prochaine se serait elle la plus grande. Surtout, qu'elle ne reverrait plus les plus âgés. Elle n'avait pas envie de perdre contact avec eux, mais elle n'était pas suffisamment naïve non plus pour espérer avoir souvent des nouvelles de tout le monde. Elle savait pertinemment qu'elle n'en donnerait pas tous les jours à toutes les personne auxquelles elle tient non plus. La rousse devait donc profiter de la présence de ses ami(e)s maintenant.

Sur cette agréable pensée elle oublia totalement son livre d'astronomie. « Alors cette première semaine, pas trop dure ? » Jo' espérait pour son amie que ce début d'année soit plus tranquille pour elle qu'il ne l'avait été pour la rousse. À ce souvenir -qui ne datait que de l'avant veille, la sixième année soupira. Elle avait connu mieux. Mais passer un moment avec Charlie était toujours super et il n'y avait pas de raison que cette dernière ne réagisse comme une Gryffondor.

En parlant de Gryffondors, Jordan en avait croisé un cette semaine -plutôt normal en soi vu la population de rouges et ors dans le château. Sauf que celui-là était tout à fait à part puisqu'il s'agissait de Louis Weasley, le frère de Victoire. En l'apercevant Jordan avait tout de suite compris que la beauté c'était dans les gènes de cette famille et qu'elle n'y pouvait rien. Mais quand elle avait vu Louis passer, elle l'avait trouvé très mignon, presque trop mignon pour son propre bien. Elle en fit d'ailleurs part à son amie. « T'as vu cette année le p'tit Weasley ? » Vu la surpopulation de cette famille dans l'établissement, la sixième année préféra préciser de qui elle parlait. Personne n'est à l’abri d'un quiproquo. « Le frère de Victoire. Il serait tout à fait mon genre ! » Oui elle adorait parler des garçons -ou des filles si la personne en face les préférait. « Dommage qu'il soit si jeune... » Jordan préférait être la plus jeune des deux. Pour pouvoir continuer de se faire traiter comme une princesse. On ne la changera pas de sitôt...

Il est vrai que Charlie était la bonne humeur et la joie de vivre incarnée. Il suffisait de la voir pour que tout sentiment négatif s'envole. C'est pour cette raison qu'il était plaisant d'échanger des paroles avec elle.

Jordan rit volontiers de la pitrerie de son amie. Cependant, elle avait totalement raison. Papoter avec la septième année était toujours détendant. On oublie facilement le temps qui passe et on rit aisément. Si la rousse devait qualifier son interlocutrice, elle dirait que c'est un des rares rayon de soleil de leur maison. Toujours souriante et toujours le mot pour rire.

À la question de Charlie, la sixième année prit soin de ne pas penser à ce qu'il s'était passé vendredi après les cours. Ces derniers se passaient plutôt bien et ce malgré qu'elle ait un peu flemmardé sur les devoirs à faire pour la semaine. Elle n'était pas en retard ni larguée. « Ça va. J'ai pas fait grand-chose en perm' la semaine dernière. Mais ça va le faire. » Même si sa camarade le savait elle ajouta tout de même « C'est carrément pas le même rythme que la cinquième. ». Mais ça le ferait, ça avait toujours été, pourquoi cette année serait différente ? Et puis il était tout à fait normal que le niveau devienne plus compliqué et les cours plus intenses au fil des années. Il n'empêche que l'évolution du travail à fournir cette année était plus grande que pour les précédentes.

Le regard curieux que lui envoya son amie quand elle parla du petit Weasley la fit sourire. « Ouais, Louis. » Elle se fit interrompre par le regard noir que la brune adressa à quelques acharnés du travail qui n'avaient pas l'air d'apprécier les bavardages des deux Serdaigles. Et alors ? Elles avaient tout à fait le droit de discuter vers leur cheminée. Oui c'était la leur de cheminée, à elles. De toute façon il ne servait à rien de leur adresser la parole puisqu'ils ne feraient que palabrer.

La réaction de Charlie quand elle fit les connexions de tout ce qu'elle venait de lui dire la fit rire. « Exactement, une bonne petite bouille. » Néanmoins, Jordan prit le temps de la réflexion. Non elle n'avait pas 'flashé' à proprement parler. Ce n'était pas le bon terme. « Pas tout à fait. » C'est vrai qu'il aurait été tout à fait à son goût s'il n'était pas si jeune. Mais Jo' savait se montrer intransigeante avec elle-même. Et s'intéresser de manière plus qu'amicale à un garçon plus jeune qu'elle ne faisait pas parti de ses principes, ni de ses exceptions. « J'en mettrais ma baguette à couper que dans quelques années il les fera toutes tomber. » Jordan regretterait presque de ne pas avoir deux ou trois ans de moins.

Mais pour répondre correctement à l'interrogation de son amie, Jo' reprit. « J'avoue que mes yeux s'attardent un peu trop. » La rousse marqua une pause avant de dévier légèrement. « Tout ce que je veux finalement, c'est quelqu'un qui ne fera pas un métier dangereux. » La jeune fille ne pu s'empêcher de rire avant d'ajouter « En dehors de tous mes critères de base bien sûr. ». Mais elle n'allait pas les étendre de nouveau.

Puis sans prévenir une question existentielle se posa à elle, chose qu'elle partagea avec son amie. « Hé mais attends, si demain tu tombes amoureuse d'un moldu, tu fais comment ? » Malgré tous les scénarios qu'elle s'était fait, Jordan n'avait jamais pris en compte la possibilité de faire sa vie avec un moldu. Et il était clairement visible sur son visage de porcelaine que l'interrogation était on ne peut plus sérieuse. Bien sûr que ça n'avait rien à voir avec les moldus en eux-même, ce serait un sacré comble, mais plutôt avec leur non-connaissance du monde magique.

La rousse se vautra un peu plus dans son fauteuil pour réfléchir elle-même à la question. C'est con de se faire une gymnastique du cerveau pour ça, mais elle voulait se préparer à toute possibilité. De la pire à la meilleure.

Jordan se sentait ridicule à ne pas savoir comment se justifier devant son amie. Pourtant ce n'est pas comme si elle venait de commettre une erreur monumentale, un acte irréparable ou qu'elle avait blessé sa camarade. Néanmoins, le cas 'Louis' lui posait quand même problème en un sens. « Il est juste trop jeune. Ça s'arrête là. Ma conscience... » Tout en disant cela, elle pointa du doigt sa tempe. « ...elle me dit non. » Puis elle ajouta avec un grand sourire « Et tu sais comment elle peut être chiante. ». C'était une chose que faisait Jo' parfois. La demoiselle matérialisait son bon sens pour lui donner plus de poids. Si certains pouvaient la trouver folle d'agir ainsi, elle-même se rassurait avec cette méthode. Cette dernière lui permettait d'ailleurs d'assumer plus facilement ses choix. Ce qui est plutôt positif.

La demoiselle sourit devant l'expression. C'était tout à fait ça. Un bourreau des cœur.

Finalement, la mine de Charlie montra sa concentration face à l'épineux problème que lui avait posé son amie. Apparemment la question se voulait difficile pour la septième année également. Puis la réponse ne se fit pas attendre. Et étrangement elle ne surprenait absolument pas Jordan. Elle aurait presque pu dire qu'elle s'y attendait.

Néanmoins, y aller au talent c'est risqué. Et encore plus d'inventer en conséquence. Il fallait avoir le mensonge dans la peau pour que ça passe comme une lettre à la poste. -Jo' n'avait toujours pas trouvé d'équivalent sorcier pour cette expression. Le nombre de regard interrogatif qu'elle avait eu face aux personnes qui ne connaissent pas la poste moldue.- Et même si c'était le cas. Il y aurait toujours quelque chose pour les trahir. Autant les nés-moldus avaient une pourcentage nettement plus élevé de chance grâce à leurs connaissances. Autant ce n'était pas facile pour autant. En vivant dans le monde sorcier, ils se retrouvaient coupés des progrès de la technologie. Et Merlin seul savait à quel point ça allait vite.

En reprenant en main le cours de ses pensées la rousse réfléchit elle-même à son comportement dans ce genre de situation. Pour elle aussi c'était une colle qui lui était posée. Il fallait déjà savoir si le moldu en face était ouvert d'esprit ou non. Parce qu'à long terme ce n'était pas viable de cacher qu'elle était une sorcière. En plus de ça, elle ne se sentait absolument pas prête à arrêter la magie pour qui que ce soit. Vraiment, ce n'était pas facile. Puis même si il y avait ouverture d'esprit et tolérance, ça ne veut pas dire qu'elle serait acceptée. Combien de personnes chez les moldus affirment qu'ils n'ont rien contre l'homosexualité tant que ce n'est pas chez eux que ça se passe. C'était exactement la même chose. La différence.

En définitive, la sixième année chassa une mouche imaginaire. Un tic qu'elle avait souvent ces derniers temps. Puis elle reprit enfin la parole après un silence de réflexion. « Je fuis. »

Voilà qui lui ressemblait beaucoup plus. Cette année allait nettement plus la pousser à la fuite que par le passé. Elle en était persuadée. Comme une intuition. Ce n'est pas encore maintenant qu'elle ferait preuve de courage.

Sa camarade semblait surprise de la réponse qu'elle venait de lui fournir. C'était si surprenant que ça ? Quoiqu'en vu du sujet, on ne pouvait pas appliquer la logique générale. Puis Charlie lui demanda pourquoi. Bonne question. Très bonne question même. Aujourd'hui la rousse choisissait de fuir. Fuir pour se protéger. Fuir parce que c'était facile. Facile. C'était exactement le bon mot. Mais en même temps ça ne l'était pas tout à fait. La facilité lui permettait de ne pas avoir à se confronter aux différents problèmes qui ne manqueraient pas de se poser. À n'en pas douter, ce comportement tenait de la lâcheté. Mais c'était tellement plus attirant de choisir cette option en connaissant toutes les conséquences qu'elle apporterait, que de choisir le bonheur temporaire et l'incertitude qui la mènerait à n'en pas douter vers le sentier du chagrin.

Mais avant que la jeune fille puisse répondre la septième année sembla se mettre à sa place. Ou tout du moins amener des arguments en faveur de la rousse. Et son raisonnement était tellement juste qu'il ne fit que renforcer Jordan dans son choix. Le dernier commentaire fit sourire la demoiselle. Une volonté de fer elle n'en était pas sûre. Mais elle savait bien que malgré que la fuite soit considérée pour beaucoup comme une preuve de faiblesse, ce n'était pas toujours le cas. Là, la préservation de son état mental primait. Et cette dernière passait avant tout par sa propre protection. Se cacher des moldus trop curieux, ne pas les approcher de trop près… Il y avait de quoi finir paranoïaque en suivant cette voie.

Jordan chercha une formulation correcte pour répondre à l'argumentaire de son amie avant de se lancer. « Tout ce que tu dis est vrai. » Mais, parce qu'il y a toujours un mais après ce genre de phrase. « Mais ce n'est pas que ça. » Et effectivement, il y avait une autre façon d'interpréter, pas tout à fait différente mais pas tout à fait pareil pour autant. « C'est plus simple ainsi. Je ne me sens pas prête à me battre pour ça. » Elle garda le silence quelques secondes avant de tout de même ajouter quelques mots. « Du moins pour le moment. Je ne dis pas que je réagirai de la même manière dans quelques années. » Peut-être serait-ce mieux, mais peut-être que la réaction sera bien pire. Allez savoir.

En tout cas pour l'instant, la fuite semblait plus abordable que l'improvisation et le talent. Mais de toute évidence, ça n'allait pas arriver dans les jours qui viennent. « On a le temps de toute façon, je ne pense pas croiser un moldu dans les environs du château d'ici à demain. » Le tout avec un grand sourire. C'était totalement vrai. Et encore heureux, il ne manquait plus que ses questions leurs ramènent de potentiels problèmes…

Une fois le débat sur la relation avec un moldu clos, Jordan se redressa. La nuit s'imposait gentiment dehors et certains élèves rendaient déjà les armes pour se rendre dans leur dortoir. La rousse n'était pas inquiète à ce sujet. Elle avait le temps. Tout le temps qu'elle voulait. Pouvant même attendre que la salle commune ne se vide pour reprendre sa lecture. Charlie semblait d'ailleurs intéressée par ce point. « C'est un bouquin d'astronomie. Et oui c'est pour demain. Encore que c'est facultatif. » Pas tout à fait. Certains chapitres devaient être lus, d'autres étaient conseillés et les derniers pouvaient passer à la trappe.

En constatant que la motivation de sa camarade pour son propre travail frôlait les pâquerettes, Jordan se permit un large sourire. « Je ne suis pas sûre de vouloir t'en faire la lecture. » Le tout dit avec humour. Puis sincèrement, la rousse doutait de l'efficacité d'une telle méthode. « Quoique, si je peux te servir de berceuse, j'en serais honorée. » Cette fois elle ne retint pas son rire. Se voyant jouer la scène et la trouvant tout bonnement ridicule. Une chose était sûre, c'est que les camarades de chambre de la brune n'allaient pas accepter. Du tout.

La rousse voulu se pencher pour tenter d'apercevoir le titre du livre de la septième année mais échoua lamentablement en se laissant retomber sans la moindre grâce sur son fauteuil. Certes elle n'avait rien fait de fou de sa journée, mais courir partout avec des premiers années ce n'est clairement pas de tout repos. Vive les journées d'intégrations. Mais heureusement pour la jeune fille, c'était l'avant-dernière. La demoiselle fit un signe de tête en direction du livre. « C'est quoi le titre de ton somnifère ? » Après tout Charlie était une née-moldue, tout comme Jo', selon le thème -et seulement si ce dernier était normal et accessible- elles pourraient peut-être s'en sortir pour résumer les grandes lignes du bouquin. Ce qui permettrait à la rousse de se passer de cette lecture l'année prochaine. Travaille et tu seras récompensée. Elle ne savait pas trop d'où elle tenait un tel proverbe, mais c'est exactement ce qu'elle allait faire. Un investissement pour l'avenir. Proche l'avenir, pas forcément ultra rentable si le bouquin n'est plus au programme l'année suivante, mais tant pis. Advienne que pourra.

Jordan n'eut pas le cœur d'avouer à son ami que c'était précisément pour l'endormir qu'elle voulait lui faire la lecture. Pas qu'elle veuille mettre la septième année dans une mauvaise position. Plutôt se moquer gentiment d'elle le lendemain. Et elle avouait sans problème qu'une bataille d'oreillers, même si c'était pas dans son dortoir, était plus qu'envisageable.

Quand la demoiselle eut enfin accès à la couverture du livre elle poussa un soupir. Ne sachant pas elle-même si c'était plutôt bien ou non. Tout en se saisissant du livre que lui tendait Charlie, la rousse se renfonça dans son fauteuil. « Ouais, les classiques quoi. Personnellement je peux ajouter Macbeth à la liste. » Bien sûr que ses parents avaient Shakespeare dans leur bibliothèque. Et forcément la demoiselle s'était déjà penchée dessus. Oh elle était bien trop jeune pour saisir toute la complexité des lignes qu'elle avait vu défiler devant ses yeux à ce moment-là. Mais elle se rappelait des grandes lignes.

Puis la rousse ouvrit le bouquin et lut en diagonale le premier sonnet. Ce dernier lui disait vaguement quelque chose. Pourtant elle ne se souvenait avoir lu ce livre. En feuilletant le bouquin, elle prit une autre page au hasard et la parcouru elle aussi en diagonale. Celui-là aussi lui disait quelque chose. Un espèce d'été éternel pour parler de la beauté.

À cet instant la septième année interrompit sa réflexion pour lui demander si elle connaissait. Jordan prit le temps de la réflexion avant de lui donner une réponse. Elle secoua négativement la tête. « Je ne me souviens pas l'avoir déjà lu. » Elle referma le livre et le rendit à son amie. « En revanche, les deux sonnets que je viens de survoler me disent quelque chose. » La jeune femme se gratta délicatement la joue. Elle se fit la réflexion qu'elle devait avoir une moue boudeuse, comme à chaque fois qu'elle effectuait ce geste. « Je soupçonne qu'ils ont fait partie des lectures que me faisait ma grand-mère avant que je ne vienne à Poudlard. » Elle chassa de nouveau cette mouche inexistante avant de reprendre. « De ce que je me souviens, ça parlait surtout de beauté et d'amour. » En vérité elle soupçonnait sa grand-mère de n'avoir toujours choisi que des histoires qui ne parlent pas de malheur ou de choses mauvaises qui n'étaient pas de son âge à l'époque. Si seulement elle avait su que Jordan le faisait toute seule dans son coin quand le sujet l'intéressait.

Tandis que Jordan rendait son livre à son amie cette dernière étouffait un nouveau bâillement. Elle avait conscience que ce n'était pas courant pour une petite fille d'avoir ce genre d'histoire. Mais sa grand-mère se trouvait être une fan inconditionnelle des grands auteurs et elle n'avait pas pu échapper à la poésie. Bien que cette dernière ne la dérangeait pas au contraire. « C'est vrai que ce n'est pas commun. » Puis en haussant les épaules la rousse poursuivit. « J'avais mon papa pour les histoires de princesses et de preux chevaliers. » Jordan affectionnait d'autant plus ses moments que maintenant elle n'avait plus la chance de les vivre.

Un résumé ? La sixième année ne s'en privera pas alors. « Je t'en prie. » Avant de pouffer et d'ajouter. « Ne t'en fais pas ô courageuse guerrière, je partirai en quête de vengeance si cet infâme… chose, vient à bout de ton royal cerveau ! » La rousse venait de balayer les-dits malheurs de sa camarade d'une parole encourageante. Du moins, c'était l'effet qu'elle voulait faire passer avec sa tirade.

En s'étirant la rousse étouffa également un bâillement. Il semblait qu'il était l'heure pour elle d'aller se coucher. Ses projets pour la soirée ne semblaient plus d'actualité et puis la demoiselle avait envie de dormir. Elle sentait aussi que si elle restait trop avec Charlie, la septième année aurait des problème pour son résumé. Elle savait parfaitement que c'est une grande fille mais elle savait aussi qu'elle même n'appréciait pas toujours être dérangée dans les moments de travail intensif. Et son esprit commençait doucement à se mettre à l'arrêt pour plonger dans les bras de Morphée. Ce qui serait un comble si la jeune femme s'endormait dans la salle commune. Paie tes courbatures le lendemain… N'oublions pas de plaindre le malheureux qui se dévouerait à venir réveiller le monstre au saut du lit. Non vraiment ça n'avait rien d'un bon plan.

Finalement Jordan se leva et sans oublier de ramasser son livre qui gisait tristement à terre, elle se tourna vers la brune. « Je t'abandonne ici. Mon lit me réclame et je ne voudrais pas te faire perdre encore plus de temps. » En jetant un coup d'œil à l'horloge, elle se dit que oui, il valait mieux pour elle de choisir cette option. « Bon courage et bonne nuit. » La rousse fit un petit signe de la main avant de se tourner et de monter les marches qui la mèneraient à son dortoir. Un petit tour par la salle de bain pour une brève toilette du soir et un pyjama plus tard, l'adolescente s'effondrait sur son lit. Elle eut une pensée pour Charlie en se disant qu'elle était bien courageuse et qu'à sa place elle aurait laissé tomber le devoir pour profiter d'une bonne nuit de sommeil.