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Gardiens - Prologue

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Sujet: Gardiens - Prologue
Lun 14 Sep - 21:53
Bon, j'ai décidé de faire un test : je vais vous mettre ici le prologue de mon roman pour voir ce que les gens en pensent, si ça accroche bien ou pas notamment. Donc n'hésitez pas à donner vos avis, j'en ai fortement besoin !

Voilà.

Prologue

Esselt disait toujours qu'être aveugle n'était pas un problème pour elle. Lorsqu'elle connaissait le lieu où elle se trouvait, elle savait exactement comment se déplacer pour ne pas buter contre un meuble, où trouver le thé qu'elle venait de se servir. Et dans le cas où elle était dans un endroit inconnu, elle pouvait se reposer sur ses sens. Ses mains guidaient son chemin, et les sons qui lui parvenaient lui permettaient de repérer certains obstacles bien avant de les atteindre.
Toutefois, aujourd'hui la situation était différente.
Les mains d'Esselt ne parcouraient aucune route et les cris d'agonie étaient autant d'aiguilles plantées dans ses tympans. A chaque seconde une rage incommensurable montait en elle. Elle reconnaissait à peine la voix grave et profonde dont elle avait l'habitude. C'était un son discordant, irrégulier, qui mourrait pour reprendre de plus bel. Avoir à écouter ce chant de douleur l'inquiétait paradoxalement moins que le silence qui pourrait suivre. Esselt resserra la poigne de ses doigts ensanglantés autour de ses chaînes. Elle prêta à peine attention au pique de douleur qui se répandit dans ses poignets à la peau déchirée, pas plus qu'au froid insidieux qui paralysait progressivement ses membres. Elle banda les muscles et ses chaînes tintèrent. Elle se souleva du sol. Elle apprécia de sentit l'air sur ses pieds nus. Le bois de sa cage plia sous son poids pourtant léger. Elle se laissa redescendre presque aussitôt. Il ne fallait pas qu'elle gaspille ses forces.
Elle entendit des bruits de pas arriver. Le couinement régulier du cuir neuf trahissait le nouveau venu. Il était seul. C'était une erreur qui allait lui coûter la vie. Esselt inspira profondément lorsqu'elle entendit le cliquetis de la clef dans la serrure de la cage. Elle se tenait prête à agir.
- Dégage du chemin ! Cracha l'homme avec mépris. Ce n'est pas ton tour aujourd'hui, mais le sien.
Elle entendit la botte cogner contre la peau d'un prisonnier au sol. Il tomba dans un succion boueux. En deux jours la cage n'avait pas été nettoyée une seule fois. Et elle ne doutait pas que les autres prisonniers étaient présents depuis plus longtemps qu'elle. Le geôlier avança jusqu'à elle, prêt à la détacher. Elle le sentit passer à côté d'elle pour détacher la chaîne accrochée derrière. Elle murmura quelques mots.
- Qu'est-ce que tu dis là ? Demanda-t-il en se rapprochant.
Elle ne lui offrit aucune réponse. D'un geste vif, elle se raccrocha à ses chaînes et lui donna un coup de genoux. Il se plia en deux de douleur. Elle passa ses jambes autour de son cou. Un craquement sinistre retentit suivi d'une chute. De la pointe des pieds, elle fouilla le cadavre sans trouver les clefs.
- Plus à gauche... fit un jeune homme.
La voix brisée venait de sa droite. Elle suivit l'indication et trouva les clefs. Elle les agrippa et entremêla ses chaînes pour rapprocher ses mains. D'un mouvement souple, elle ramena ses pieds à ses mains. Elle se détacha pour tomber au sol. Elle essaya de se lever, sans succès, elle tremblait comme une feuille.
- Toi, fit-elle en direction de la voix de plus tôt.
- Oui ? Répondit-il dans un sursaut audible.
- Tu vas m'aider.
Elle avança sur ses genoux jusqu'à lui. Elle chercha à tâtons les serrures de ses chaînes et le libéra.
- Je... D'accord. Merci. Que voulez-vous que je fasse ?
- Mets les vêtements de ce garde. Tu vas me mener à travers le camp, jusqu'à l'endroit où sont retenus mes amis.
Il y eut un bref moment de silence.
- Pourquoi ne pas juste... s'enfuir ?
Si Esselt avait eut un regard avec lequel le fusiller, il serait mort sur place.
- Le sens du mot ami t'est-il réellement obscur ? Répondit-elle avec un calme froid. Si tu décides de fuir, libre à toi, mais alors aide-moi à revêtir les vêtements de ce garde.
- C'est... hésita-t-il avant de se résigner. Non. Je viens.
- Merci, conclut-elle.
Pendant qu'il changeait d'habits, elle détacha les autres prisonniers. Qu'ils restent ici ou qu'ils fuient, ils risquaient tout autant de donner l'alerte. Elle savait grâce à la température qui avait baissé qu'il faisait sans doute nuit, il faudrait donc un certain temps avant que leur échappée soit repérée dans tous les cas. Et au pire, cela leur permettrait de gagner du temps. Les gardes seraient trop occupés à courir après eux. Certains des prisonniers filèrent rapidement, d'autres plus lentement suivant leurs états.
Elle récupéra ses chaînes et entoura ses poignets avec. Le froid du fer mordit ses articulations meurtris et elle grimaça. Elle avait toutefois besoin que sa prétendue détention soit crédible, cette douleur était donc un mal pour un bien. Elle tendit le bout de la chaîne au garçon quand elle eut fini. Il ne mit pas longtemps à s'en saisir.
- Si tu es prêt, nous pouvons y aller.
- C'est bon. Je dois vous mener où exactement ? Demanda-t-il attivement.
- Dans la direction des hurlements, répondit Esselt en serrant la mâchoire.
Elle ne le vit pas hocher la tête et ils se mirent en route.
Esselt avançait difficilement, elle était affaiblie par la détention. L'absence de nourriture, d'eau, d'hygiène et la position dans laquelle elle avait été retenue y étaient pour beaucoup. Ils allaient devoir passer près de deux hommes postés non loin. Elle pouvait sentir son cœur battre contre ses tempes en se rapprochant. S'ils les arrêtaient pour poser des questions, elle ignorait si le garçon avec elle saurait garder son sang froid. Ils passèrent entre les deux gardes immobiles. Le bruit des chaînes attira sans doute leur attention, car la discussion cessa. Esselt baissa la tête sans rien dire, et son comparse dût l'imiter car les deux autres n'avaient pas l'air préoccupés par leur passage, et reprirent même leur discussion. Le campement était sans doute trop grand pour que les soldats se reconnaissent entre eux.
Ils avancèrent jusqu'à un emplacement non loin, un peu à l'écart des autres tentes. Esselt entendait le brouhaha de la vie du camp plus loin alors que les cris d'agonie se rapprochaient. Ils étaient tout à la fois plus forts et plus faibles de minute en minute. C'était sans doute la raison pour laquelle on avait envoyé quelqu'un la chercher.
- As-tu une épée avec cet équipement ?
- Oui, répondit-il simplement. J'ai un poignard aussi.
- Bien, avant d'entrer dans la tente, tu vas suivre mes instructions.
Si le garçon était perplexe, il ne dit rien et obéit. Ils se cachèrent dans l'ombre de caisses vides pour effectuer ces derniers préparatifs. Après avoir défait l'équivalent de deux petites plaques des caisses, elle lui fit tracer sur le bois des symboles cabalistiques qu'il ne connaissait pas. Elle vérifia du bout des doigts qu'ils étaient bien formés et hocha la tête en approbation. Elle les lui rendit et serra les doigts rugueux du garçon autour de la plaque.
- Parfait. N'hésite pas à me malmener en entrant, nous devrons le prendre par surprise.
- Vous êtes sûre ? Demanda-t-il nerveusement.
- Oui. Allons-y, fit-elle avec détermination.

Esselt fut propulsée contre le sol à peine entrée dans la tente. Le sol était dur et elle lâcha un gémissement douloureux. Cela fit écho au cri de douleur mourant dans la gorge de l'homme torturé. Elle pouvait entendre de là où elle se tenait son souffle difficile et chaotique. Un sifflement au fond de l'espace indiqua la présence d'une autre personne, à peine en vie. Une odeur de de boue, de sang et de sueur envahissait l'espace. Elle entendit du métal cognant contre le métal puis les bruits de pas de quelqu'un qui s'approchait. On tira sur ses cheveux pour la faire se relever. Elle sentit un souffle étonnamment frais contre sa peau.
- J'espère que tu parleras plus que ton ami. A moins que tu veuilles que je te fasses hurler comme une truie. Mais je me présente, Jay.
La voix douce ne trompait pas Esselt. Elle cracha au visage de l'homme qui la repoussa au sol.
- Ess... commença une voix rapidement couverte.
- Tu te décides seulement maintenant à parler ? Dommage pour toi, ton temps est écoulé. Toi, fit-il en s'adressant au faux soldat, détache-le.
Esselt sentit son cœur couler en entendant la voix brisée de son amie. C'était la première fois en deux jours qu'elle ressemblait à quelque chose d'humain. Toute la peine qu'elle pouvait ressentir pour lui était submergée par la colère qu'elle ressentait contre son bourreau. Mais elle ne pu la laisser éclater. Elle devait essayer de penser clairement. Elle profita qu'il se soit détourné d'elle pour glisser ses mains de ses chaînes. Il était occupé à laver ses mains dans un seau d'eau, alors elle se concentra sur sa tâche et tendit l'oreille.
- On m'a dit de te donner ça, entendit-elle le garçon murmurer pendant qu'il défaisait les liens de cuir.
Elle entendit la plaque changer de main, et le corps glisser au sol, vidé de presque toute son énergie. Elle espérait qu'il resterait chez lui l'étincelle de vie, d'espoir, suffisante à ce qu'il puisse...
Un vent chaud souffla dans la pièce. La vague de chaleur soudaine gonfla la toile de la tente dans un bruissement, la souleva délicatement pour la laisser ensuite retomber. Le sol s'assécha sous elle et se durcit. Cela interpella sans doute l'attention de Jay qui avança rapidement vers la source de tout cela.
- Toi là, qu'as-tu fait ?! Que lui as-tu donné ? Interpella-t-il le garçon en le soulevant du sol par le col.
- Moi ? J-je... bafouilla-t-il.
Esselt se redressa fièrement. Ses chaînes tombèrent au sol dans un fracas.
- Sa liberté.
Elle s'avança d'un pas assuré jusqu'aux deux hommes et sortit de son fourreau l'épée à portée. D'un coup sec, elle l'enfonça dans l'estomac du tortionnaire. Ce fut à ce moment qu'une cloche résonna, assourdissante. Ils avaient dû découvrir l'évasion des prisonniers. Elle nettoya le fil de l'épée sur les habits de Jay et la rengaina. Elle posa ses mains sur les épaules du garçon.
- Comment t'appelles-tu ?
- K-Keran, fit-il.
Il était perturbé par tout ce qu'il était en train de se passer. Esselt pouvait sentir contre sa joue la puissance du feu qui consumait son ami augmenter. Elle le secoua brièvement pour avoir son attention.
- Keran, j'ai besoin que tu prennes la fille là-bas avec toi, et que tu partes, loin, jusque Talariel. Avec Iriel nous retiendrons leur attention. Tu étais avec nous, n'est-ce pas ? Tu faisais parti de notre expédition. Alors tu sais de quoi il retourne. Et tu sais pourquoi nous devons rester.
- Mais...
Elle chercha à tâtons la main d'Iriel qui dégageait toujours une énergie pure. Elle retira de sa main l'une des plaques et la donna à Keran.
- Pars, maintenant.
Elle le sentit hésiter mais il finit par refermer la main sur le morceau de bois désormais noircit par la chaleur. Il s'éloigna ensuite et elle pu l'entendre passer le bras du corps inerte autour de son épaule et partir avec. Elle se tourna vers Iriel et passa sa main sur le visage de l'homme qui irradiait toujours. Un sourire doucereux gagna les lèvres d'Esselt. Elle s'agenouilla et murmura à son oreille.
- Nous avons tant à faire. Lève-toi.
Elle déposa un baiser sur sa joue.
Ensemble ils se levèrent.
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Sujet: Re: Gardiens - Prologue
Dim 20 Sep - 15:22
Quelques remarques pendant que je lis:

"un succion boueux" m'a fait sourciller... On dit 'un bruit de succion' plutôt non? Et 'succion' seul est féminin il me semble.
"Le froid du fer mordit ses articulations meurtries"
" Demanda-t-il attivement" tu veux sans doute dire "hâtivement", non? ^^
"Esselt baissa la tête sans rien dire, et son comparse dût l'imiter" au passé simple c'est "dut"
"Une odeur de de boue"
"la voix brisée de son amie" si j'ai bien compris, c'est un homme qui s'est fait torturer non?
"Mais elle ne pu la laisser éclater" => put
"Esselt se redressa fièrement. Ses chaînes tombèrent au sol dans un fracas.
- Sa liberté.
Elle s'avança d'un pas assuré jusqu'aux deux hommes et sortit de son fourreau l'épée à portée." Alors déjà pour "dans un fracas", soit tu complètes avec un adjectif, soit c'est juste "avec fracas". Esnuite... Okay, ton perso est super badass, mais elle a quand même passé de nombreux jours maltraitée et en prison non? Vu comment c'est décrit là, on dirait qu'elle est au mieux de sa forme...
"Il s'éloigna ensuite et elle pu l'entendre passer le bras" => put

Maintenant que j'ai fini de lire, petite appréciation générale:

C'était pas mal du tout, c'est bien écrit et surtout très bien rythmé! Quelques petites remarques maintenant:

- Au niveau de ton personnage principal. Le fait qu'elle soit aveugle est très intéressant, mais j'aimerais que tu assumes ce choix de narration jusqu'au bout. Déjà, le narrateur est-il intra ou extra-diégétique? Au début du texte j'avais plutôt l'impression que la focalisation était interne, mais dans ce cas-là "le visage de l'homme qui irradiait toujours" ne va pas trop puisque on entend "irradier" comme quelque chose de surtout visuel. Peut-être revoir la formulation ici...? Ton perso semble très à l'aise une fois dans la tente avec Jay et compagnie, on dirait même qu'elle n'est pas aveugle. Même si elle gère très bien ce handicap, il doit quand même se ressentir davantage sur sa perception des choses. Donc soit c'est vraiment important à l'intrigue (ce qui semble être le cas puisque c'est ce dont tu parles en premier) et là il faut que le lecteur soit, lui aussi, aveugle, soit c'est pas si important que ça et dans ce cas on laisse tomber Smile

- La scène avec Jay est vraiment confuse, je trouve que ça perd beaucoup le lecteur :/
"Un sifflement au fond de l'espace indiqua la présence d'une autre personne, à peine en vie." J'ai pas compris si cette personne avait un rôle à jouer dans la scène ou pas...
"Esselt sentit son cœur couler en entendant la voix brisée de son amie. C'était la première fois en deux jours qu'elle ressemblait à quelque chose d'humain." Là je sais pas du tout à quoi elle fait référence: Esselt, son amie ou la voix?
"Toute la peine qu'elle pouvait ressentir pour lui" lui qui?
"Esselt pouvait sentir contre sa joue la puissance du feu qui consumait son ami augmenter." là aussi, perdue. Elle a la joue contre celle de son ami ou...?
"Keran, j'ai besoin que tu prennes la fille là-bas avec toi" comment sait-elle que c'est une fille?

- Dernière remarque: tu commences avec une scène d'action, c'est bien pour accrocher le lecteur. Le problème selon moi, c'est que tu n'en dis pas assez, et on est perdus vers la fin, ce qui facilite le décrochage. Quand tu commences ce chapitre, on a l'impression qu'elle est emprisonnée depuis des lustres, et finalement plus loin tu parles de "deux jours". Pourquoi d'ailleurs Esselt dit-elle que Keran faisait partie de l'expédition? Je sais que c'est bien de ménager le suspens toutefois je serais d'avis que tu distilles un peu plus histoire de l'attiser davantage Wink

Sinon j'attends la suite avec impatience! Very Happy
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Gardiens - Prologue

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