Le soleil perça difficilement les lourds nuages qui surplombaient Londres pour venir se perdre contre les façades des maisons, jusqu’aux fenêtres aux rideaux tirés tout ça pour se faufiler jusqu’au visage endormi d’une femme. Elle fronça les sourcils et dans son réveille resserra sa prise sur sa fille endormie.
Emilia Sanchez n’était pas une grosse dormeuse, mais quand sa fille entrait dans sa période où elle faisait des mauvais rêves et avait peur des monstres sous son lit, alors les choses devenaient plus compliquées. Elle devait alors prendre soin de sa fille au milieu de la nuit – parfois changer les draps et laver le matelas, moment où elle était reconnaissante d’avoir de la magie – et dormir avec elle.
Et s’il s’agissait de tâches fatigantes, elle n’en aimait pas moins sa Sélène.

Lorsqu’Emilia comprit que le soleil n’allait pas disparaître tout de suite, elle redressa la tête et lentement s’extirpa du lit pour ne pas réveiller la petite, non sans déposer un baiser contre ses cheveux. Elle entamait alors sa routine habituelle des vacances d’hiver : elle se préparait un thé accompagné de lait et de sucre et un chocolat chaud et un quartier d’orange pour sa fille, le tout avec un œuf et un toast pour elle, et la même chose mais en moindre quantité pour sa fille, et avec l’œuf brouillé.
Il ne fallut bien sûr pas longtemps pour que la bonne odeur réveille le petit monstre qui – toute endormie – vint serrer sa jambe avant qu’Emilia ne la soulève pour la serrer dans ses bras.
« [color=#983565]Hola mi angelito,[color] » murmura-t-elle en déposant un baiser contre sa tempe. « Tu as bien dormi ? »
Sélène hocha la tête lentement en serrant son doudou contre elle. Emilia sourit doucement et la reposa après l’avoir un peu bercée.
« Vas t’asseoir à table, je t’apporte le petit déjeuner. » Et aussitôt dit, aussitôt fait, Sélène alla s’asseoir et sa mère lui apporta à manger. Elles mangèrent tranquillement et Emilia expliqua le programme de la journée à sa fille. Aujourd’hui c’était Charlie qui allait venir s’occuper d’elle : Emilia devait aller travailler à la boutique, elle n’avait donc pas eu le choix. Et puis elle savait que Charlie n’avait pas vu Sélène depuis un moment et elle manquait à la petite.

Une fois le petit déjeuner finit il fallait se préparer. Sélène savait déjà se laver seule et Emilia avait accepté qu’elle le fasse à condition qu’elle ne soit pas seule dans la salle de bain, ainsi en général Emilia en profitait pour se maquiller et se coiffer après une rapide toilette puisqu’elle se douchait le soir. Ainsi si la petite avait besoin d’aide elle pouvait toujours demander et si un accident arrivait sa mère était là pour l’entendre.
C’est lorsque la petite sortie de la douche que quelqu’un frappa à la porte. L’oiseau enchanté arriva alors dans la salle de bain pour chanter le fait que quelqu’un était à la porte, projetant une image de l’invité. Sélène reconnut immédiatement de qui il s’agissait et courut vers la porte, seulement vêtue d’une pauvre serviette qui servait plus de cape qu’autre chose et d’un collant pour lutter contre le froid même sous un pantalon.
Elle ouvrit la porte en grand et sauta dans les bras de Charlie. Emilia suivit, encore dans son pyjama – un large t-shirt et un caleçon, tous les deux trop grands pour elle.
« Charlie ! Entre donc ! » Même si ce n’était pas une instruction très utile puisque Sélène avait déjà à moitié traîné Charlie à l’intérieur. Emilia les rejoignit et vint l’étreindre brièvement. Charlie était une amie de la famille et elle était donc accueillit comme si elle en faisait partie. « Tu veux quelque chose à boire ? »

« Oh, tu sais ce que c’est quand il faut s’occuper de la petite. Et puis j’aime bien pouvoir discuter avec toi avant de devoir partir. Ça faisait longtemps après tout. »
Emilia offrit un sourire chaleureux à Charlie et elle récupéra la serviette de sa fille qui était désormais par terre suite au rattrapage in extremis de Charlie. Elle la posa sur son bras comme le ferait un serveur avec une serviette blanche, puis elle passa une main dans les cheveux de sa fille lorsqu’elle reçut la peluche.
« Qu’est-ce qu’on dit ma chérie ? »
« Graciaaaaaas Chaaaaa ! » fit-elle avec un grand sourire en entourant les jambes de Charlie à deux bras, exposant une dent perdue récemment.

Emilia prit à son tour son cadeau, les yeux brillants en voyant le chocolat. Gourmande comme elle était, elle était très heureuse quand on lui offrait des sucreries, bien qu’elle savait qu’elle devait faire attention et se restreindre : elle avait suffisamment eu de mal à perdre son ventre de grossesse comme ça.
« Merci beaucoup ! Je vais te faire un thé. Fais comme chez toi en attendant. »
« Viens, viens ! » fit Sélène en prenant la main de Charlie.
« T-t-t-t, toi tu vas finir de t’habiller d’abord. »
Sélène fit une moue adorable mais obéit lorsqu’Emilia leva les sourcils pour insister. Sélène disparut dans la salle de bain où le reste de ses vêtements l’attendaient patiemment. Pour sa part Emilia se rendit dans la cuisine pour faire bouillir de l’eau, laissant Charlie retrouver le salon.

Dans celui-ci on pouvait trouver un canapé d’angle confortable avec une table basse, la moquette offrant un aspect plus chaleureux encore à la pièce. Sous les fenêtres une partie du mur était couvert par un tableau de craie où Sélène avait posé son œuvre, complété par des dessins accrochés aux murs.
Emilia arriva avec la théière et deux tasses dans un plateau, accompagnés de la sucrière et du pot de lait. Le thé était en train d’infuser et pour le moment elle ne le servait donc pas. Elle avait posé dans une assiette quelques-uns des chocolats que venait de lui offrir Charlie, ainsi que des scones.
« Alors, comment vas-tu ces temps-ci ? »