La journée s’était annoncée difficile et particulièrement lente, les heures s’étaient transformées en jours et les discours incessants des professeurs n’avaient été que piaillements d’oiseaux à mes oreilles distraites. Les vacances de noël approchaient à grands pas et je ne pouvais m’empêcher de songer à ma mère qui m’attendait dans notre petite maison au toit abîmé. Elle me manquait et l’idée de pouvait l’aider pendant deux longues semaines réchauffait mon cœur. Elle avait enduré trop de malheurs pour faciliter mon bonheur, je me devais de lui rendre la pareille. De plus, Evangeline m’accompagnait cette fois-ci, j’espérais qu’elle ne fasse aucun commentaire sur les conditions de vie ou même sur le confort des matelas.

Je fis abstraction des commentaires de mes camarades durant la journée et me contentait de la compagnie de mes songes. Mes parchemins étaient étouffés par des dessins rapidement faits et des phrases sans aucun sens qui se réfugiaient sur le papier. Si on venait à m’interroger sur mes occupations, j’étais bon pour  me ridiculiser devant toute la classe, chose que je souhaitais à tout prix éviter ces derniers temps. Mon professeur de métamorphose avait une sévère dent contre moi et je ne supportais plus ses remarques. Je n’étais pas un pitre, bien au contraire, je ne cessais de donner le meilleur de moi-même pour accéder à mes rêves, pourtant tout ceci restait invisible aux yeux de tous.

Je ne m’attardai pas à table lors du dîner, préférant rapidement me réfugier dans la salle commune. Evangeline était occupée cette nuit, j’étais incapable de connaître le nom de celui qui avait accaparé toute son attention. Mais depuis peu de temps, ma meilleure amie restait discrète sur ses aventures, ce qui avait le don de m’intriguer et de me blesser. Elle ne s’était jamais fermée à moi, même dans les situations les plus inappropriées. Je saluai quelques-uns de mes camarades avant de me glisser dans les dortoirs pour chaparder deux bouteilles de bière que j’avais cachée là. Aussi discret qu’un chat et avec Poussière sur mon épaule, je revins m’affaler dans un fauteuil.

Lunettes sur le nez, je lisais un livre qu’il me tardait de terminer. Mon lapin gambadait joyeusement sur le tapis, je le surveillai du coin de l’œil avant de soupirer. Je ne pouvais me concentrer sur ma lecture, mon esprit ne cessait de partir à droite à gauche pour entamer de nouvelles conversations avec mes pensées. L’ouvrage fut posé sur l’accoudoir et je me frottai les paupières pour mieux contempler l’heure qu’affichait ma montre magique. Il était déjà si tard et je ne ressentais aucune envie de rejoindre la chaleur rassurante de mes draps. J’ouvris une bière à l’aide de ma baguette et goûta son goût si particulier.

Un bruit dans les escaliers me fit sursauter et je m’empressai de cacher mon précieux trésor sous un coussin légèrement abîmé. Je levai un regard alerte vers la personne qui arrivait des dortoirs. Un sourire rassuré naquit ostentatoirement sur mes lèvres. Je n’avais rien à craindre, il s’agissait de mon très cher ami ; Absolan Lestrange. Que faisait-il à cette heure-ci ? Je ne saurais dire, mais sa présence me rassurait à défaut de mettre la main sur Evangeline. « Absol ! Content de te voir ! Tu viens lire avec moi ? » Plaisantais-je, récupérant ma bouteille de bière. « T’aurais pas vu Eva par hasard ? »