| Sujet: Sidney J. Pond - a fire as cold as ice. [Validée] Dim 13 Aoû - 5:47 État CivilNom : Pond Prénoms : Sidney, Juliette Origines : Sang-mêlé (de père sorcier, britannique, et de mère moldue, française) Date de Naissance : 23 avril 2001 Année souhaitée : Sixième année (redoublante) Animal de compagnie : Un chat noir nommé Croche
DescriptionPHYSIQUE Ce matin-là, Sidney s’était levée à contrecœur de son lit avant de se diriger d’un pas traînant vers la salle de bain, comme à son habitude. La tignasse emmêlée, les yeux mi-clos, elle avait grogné lorsque la porte était entrée en collision avec son genou. Nonchalamment, elle avait entrepris de se déshabiller afin de filer sous la douche, lorsque ses yeux rencontrèrent son reflet qu’elle avait pris soin d’éviter pendant près d’un an.
Ce simple fait suffit à casser sa routine matinale qui s’était installée depuis décembre dernier. Elle se figea l’espace d’une seconde, l’hésitation se peignant sur ses traits, avant de laisser tomber sa chemise au sol et de s’approcher de la glace.
Ce qu’elle y vit la frappa de plein fouet. Son reflet aux consonances amères la toisait sans la voir, d’un air las qui lui fit l’effet d’une gifle. Curieuse, elle s’avança davantage, semblant découvrir un visage jusqu’alors inconnu. C’était comme si, après tout ce temps à éviter ce maudit miroir, elle avait fini par oublier ce à quoi elle ressemblait. Le vague souvenir qu’elle pouvait avoir ne correspondait en rien à l’image qu’elle avait pu conserver d’elle-même, image à présent face à elle, prenant soudainement vie.
Sa longue chevelure rousse était devenue terne. Elle semblait pendre de son crâne, sans éclat aucun ; morose, elle lui allongeait le visage et accentuait son teint cireux. La surprise lui glaça le sang, et c’est à ce moment précis qu’elle prit conscience du cadavre qu’elle s’était laissé devenir.
Ses yeux cherchèrent pour un court instant autour d’elle, avant de finalement trouver une paire de ciseaux dont elle s’empara. Décidée, elle porta un premier coup. Sec. Tranchant. Aussi ferme que sa détermination. Elle continua, presqu’avec hargne, les cheveux tombant par mèches sur le carrelage froid de la salle de bain. Enfin, elle reposa l’arme du crime, osant se regarder à nouveau. Là, elle put voir ses épaules maigres aux os saillants à présent dégagées, semblant la rappeler à l’ordre. Pourtant, dans son souvenir, elle était svelte, mince et élancée. Comment diable avait-elle pu en arriver là ?
Elle s’approcha de la glace, contemplant ce visage désormais étranger. Ses prunelles bleu-gris avaient toujours la même couleur, toujours la même forme en amande – mais elles n’étaient plus les mêmes. L’étincelle qui y brillait autrefois n’était plus, et c’est un regard vide et voilé qui la sondait de l’autre côté du miroir. Même ses fins sourcils, pourtant si expressifs, semblaient juste posés là, à leur place, délestés de leur animosité légendaire. Mais son petit nez retroussé, souvent sujet aux moqueries notamment de la part de son parrain, lui donnait toujours ce petit air aristocratique et hautain que l’on lui trouvait.
A cette pensée, Sidney essaya de sourire. Ses lèvres rouillées, autrefois rouges, aujourd’hui pâles, s’étirèrent difficilement en un rictus tout sauf charmeur. Elle claqua la langue d’un air réprobateur, observant sa mâchoire déjà plutôt carrée, encore plus marquée par la douleur qui la dévastait de l’intérieur. Au moins, couplée à sa nouvelle coupe de cheveux, ça lui donnait un petit côté androgyne – maigre consolation.
Tournant finalement les talons, elle enfouit maladroitement son mètre soixante-dix – qui ne lui avait jamais paru aussi encombrant – sous la douche, en prenant soin de ne pas poser ses yeux là. Là, sur le flanc gauche, précisément l’endroit qu’elle avait décidé d’oublier. Il était impensable qu’elle montre cette horrible cicatrice à quiconque, pas même à son parrain ! Car une fois découverte, elle aurait alors dû lui expliquer. Parler. Raconter. Elle n’était pas encore prête.
Ce matin-là, Sidney s’était levée à contrecœur de son lit avant de se diriger d’un pas traînant vers la salle de bain, comme à son habitude. Mais, alors que l’eau brûlante lui martelait la nuque, elle se fit la promesse que ce matin-là serait différent des autres. Elle avait fini par incarner tout ce qu’elle méprisait, dans une enveloppe charnelle aux antipodes de ce à quoi elle aspirait à devenir. Elle s’était laissé faiblir, s’enfermant dans sa douleur. Un an était passé ; il était temps qu’elle se reprenne en main et, peut-être, de considérer la possibilité de reprendre ses études, comme l’avait maintes fois suggéré son parrain.
La réaction qu’eut ce dernier en la voyant quelques heures plus tard contribua à dérouiller ses lèvres.
« T’étais mieux en fille. »
PSYCHOLOGIQUE « Décrivez-moi Sidney Pond. »
Comment ça, « décrivez-moi Sidney Pond » ?
Qui pourrait la décrire ? A part elle-même, s’entend. Personne. Car si Sidney Pond arbore une certaine façade, sachez que ce n’est qu’illusion. Elle excelle dans l’art de changer de visage et joue avec les masques avec une facilité déconcertante, d’autant plus que les rôles qu’elle incarne au quotidien font tous, quelque part, partie d’elle-même. Sidney possède une palette de multiples facettes qui la caractérisent toutes dans le complexe de sa personnalité. Vous la penseriez narcissique ; je la dirais belle et consciente de ses charmes dont elle n’hésite pas à user contre les gens ou pour arriver à ses fins. Si elle en a honte ? Non. Elle trouve ça même plutôt drôle. Quoiqu’il en soit, laissez-moi donc essayer de vous la décrire plus en profondeur.
Sassy ? Oh oui, Sidney est insolente, impudente et impertinente, sans aucun doute. Elle vous toise du regard, et ses répliques tranchent l’air, impitoyables, semblant calculées à l’avance. Elle ne se défait jamais de son sarcasme souvent doublé d’un ton Ironic dans le seul but d’entrer en conflit avec son environnement. Lancer des piques pourrait presque être sa raison d’être, et ce passe-temps lui vaut bien des reproches. Mais elle ne s’en soucie guère, Disrespectful comme elle est. Elle se respecte elle-même, cela lui suffit ; pourquoi traiter les autres d’une certaine façon ? Les règles, les conventions, tout cela lui passe trois mètres au-dessus de la tête. Parfois, elle n’en saisira même pas l’utilité et ne comprendra pas ses torts, mais la plupart du temps, elle se jouera des codes par pure provocation. Après tout, les règles sont établies pour être contournées, n’est-il pas ? Enfant, elle était souvent, pour ne pas dire tout le temps, traitée de sale gosse infernale, de vilaine petite peste, et son statut de Naughty little girl la suit encore aujourd’hui, son insolence flagrante résonnant comme sa petite marque personnelle. Elle ne peut s’en empêcher, ses remarques cinglantes sortent d’elles-mêmes telles un automatisme. L’on pourrait penser d’elle qu’elle est Eccentric car ne rentrant pas dans la norme de par son dédain pour les convenances et autres codifications, mais elle ne fait, en réalité, qu’ignorer l’image qu’elle renvoie aux autres, n’y accordant que trop peu d’importance. Elle trouve qu’une vie n’est pas assez longue pour s’autocensurer au travers de codes absurdes, et entend bien profiter de la sienne jusqu’à pousser le vice, regorgeant de vitalité. Youthful.
Jaded. Sidney a beau être assez dynamique, c’est une expression souvent lasse qui se peint sur son visage. Blasée par la vie, blasée par la stupidité des gens qu’elle juge comme étant inférieurs à elle et indignes d’intérêt. Misanthropie, quand tu nous tiens… Mais si ce sentiment de supériorité peut en enflammer quelques uns, il est notamment dû à sa désillusion flagrante du sens de la vie. Ce qui lui vaut également son côté très Unaffectionate, à quelques exceptions près : elle ne se lie que très rarement d’amitié avec quelqu’un, car son détachement en refroidit plus d’un. Une je-m’en-foutiste de qualité, en somme, doublée d’une maladroite improbable en termes de relations humaines. Laconic, elle ne semble pas connaître la diplomatie, et se contente d’aller droit au but, sans lancer de fleurs à quiconque. L’idée de devoir tourner au tour du pot l’ennuie. Car oui, Sidney est particulièrement Impatient et ne sait ni tenir sa langue, ni rester tranquille. Elle ne se soucie guère de déranger les autres dans son impatience, car à ses yeux, rien ne compte plus que sa petite personne : Egocentric, elle voit rarement plus loin que le bout de son nez. Si un jour il lui arrive de faire passer vos besoins avant les siens, prenez ce geste comme une déclaration d’amour on ne peut plus romantique. Mais à quoi bon s’embêter avec de telles émotions ? Il ne s’agit que de futilités qui lui feraient perdre un temps précieux. Dans la même lignée, la simplicité lui monte vite à la tête, l’énervant presque ; et c’est avec passion qu’elle évite les conversations sans intérêt pour préférer se lancer dans des débats houleux, mais gare à celui qui osera lui tenir tête ! Elle est on ne peut plus Tenacious, et s’agrippera à son idée jusqu’à la fin. Obstinée, vous dites ? A peine. Elle ne lâchera pas l’affaire tant que vous n’abandonnerez pas – elle a l’échec en horreur. La compétition lui assure des frissons indescriptibles, et c’est avec détermination qu’elle fera tout pour en sortir Triumphant, quitte à tricher. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins, car la simple idée de perdre la hante ; et c’est une véritable mauvaise perdante qui se tiendra face à vous, trouvant malgré tout un moyen de gagner et d’afficher sa gloire, vous écrasant sans vergogne au passage. C’est d’ailleurs peut-être la seule façon que vous ayez pour pouvoir déchiffrer son visage habituellement fermé, car en dehors de toute concurrence qui lui procurerait un plaisir sans nom qu’elle ne peut dissimuler, ses traits sont calculés à la micro-expression près pour ne rien laisser paraître. Ni bonheur, ni faiblesse, ni intérêt quelconque. Montrer ses sentiments revient à être vulnérable, et donc, à perdre ; et il en est tout bonnement hors de question. Expressionless.
Proud ? C’est peu dire ! Sidney a une fierté inébranlable, et marche la tête haute, dardant un regard glacial à tout être osant la remettre en question. Mais si vous la trouvez dans un coin, sachez que c’est tout à fait normal ; elle est Observant, accumulant le maximum d’informations dont elle est capable sur absolument tout ce qu’il se passe autour d’elle. Elle enregistre, analyse, note dans un coin de sa tête tout ce que vous lui offrez. Et ce n’est pas forcément une bonne chose pour vous, car si vous osez la froisser, elle se servira de tout ce qu’elle sait pour vous faire connaître votre douleur. Nasty, oui, complètement ; ça lui arrive d’être pire que désagréable – si elle vous a dans le collimateur, elle en deviendra méchante. Et ce, jusqu’à ce que le message passe. Elle ne vous lâchera pas d’une semelle jusqu’à être sûre que vous ayez saisi, quitte à vous assener quelques piqûres de rappel de temps à autres. Determined.
Voilà le portrait que je suis en mesure de vous offrir de la petite Pond. Pas très alléchant, n’est-ce pas ? Mais j’en connais un qui la voit d’un tout autre jour, un qui l’a vue évoluer, qui a su fissurer sa carapace et se frayer un chemin jusqu’à son cœur – si toutefois elle se l’avoue. Si vous êtes curieux, comme moi, de découvrir Sidney sous un nouvel angle, je vous invite à poursuivre votre lecture afin d’en savoir un peu plus sur son passé, guère innocent dans la construction de sa personnalité.
Vous et les ÉtudesMatière préférée : Défense Contre les Forces du Mal - celui qui sait se défendre détient le pouvoir Matière exécrée : Etudes des Moldus - ce n'est pas parce que j'y ai de bonnes notes que j'aime ce cours pour autant ; au contraire, je m'y ennuie comme un rat mort. Après tout, j'ai vécu avec une moldue toute ma vie... Options choisies (à partir de la 3è année) : Etudes des Runes et Soins aux Créatures Magiques Notes aux BUSEs : Astronomie : P Botanique : A Défense Contre les Forces du Mal : O Etudes des Moldus : O Etudes des Runes : E Histoire de la Magie : T Métamorphose : A Potions : E Soins aux Créatures Magiques : A Sortilèges : E
Votre Histoire Cela faisait plusieurs semaines que j’errais seule dans cet appartement, ne sachant trop quoi faire de mes journées. J’étais venue à bout de toute la bibliothèque du hall, avais testé mille et une recettes improbables jusqu’à finir par maîtriser la cuisine sur le bout des ongles ; j’avais même mis au point une liste non-exhaustive de farces toutes aussi tordues les unes que les autres, mais je commençais à être sérieusement à court d’idées, et le temps me paraissait long. Ed’ m’avait abandonnée pour son boulot à Poudlard, en tant qu’assistant du prof’ de Défense Contre les Forces du Mal. Quand bien même il lui était arrivé de rentrer quelques week-ends parce que le confort de sa maison lui manquait – comprenez bien, son confort, c’est moi –, je m’ennuyais comme un rat mort. Quant à lui, il devait sans doute s’amuser comme un petit fou, entouré d’élèves pré-pubères à l’humour vaseux. En y repensant, il est vrai que suivre la matière dont il s’occupait me manquait quand même pas mal. Je n’avais personne à qui lancer des sorts ; c’était bien utile d’être majeure…
Ed’ rentrait demain. J’allais enfin avoir quelqu’un sur qui passer mes nerfs et tester quelques unes de mes malices. Du moins, c’est ce dont j’essayais de me convaincre, les yeux rivés sur le bout de parchemin devant moi. Car avec cette longue déclaration, les vacances de Noël promettaient d’être tout sauf plaisantes.
Je saisis ma lettre et me levai, résignée, chassant de mon esprit les conséquences de ce que j’étais en train de faire. En me livrant ainsi, je signais mon arrêt de mort : Ed’ n’allait pas me lâcher, voulant à tout prix discuter de toutes les informations que je lui offrais sur un plateau. Le bougre allait encore plus s’inquiéter pour moi alors qu’il devrait plutôt se faire du souci pour la salière que je prévoyais de vider dans son dîner. Mais ma décision était prise, et je comptais sur lui pour faire toutes les démarches administratives à ma place ; après tout, non seulement il bossait au collège, mais en plus, il était mon parrain, alors pourquoi m’embêter avec la paperasse ?
Evidemment, ce crétin allait en profiter pour essayer de me faire parler pendant des heures ; mais quelque part, je ne pouvais pas lui en vouloir. Cela faisait bien cinq mois à présent que j’avais élu domicile chez lui, en réussissant avec brio à éviter tout sujet contraignant qui m’obligerait à faire l’étalage de mes états d’âme. Comme si j’avais besoin de me confier ! Ce bouffon avait même émis l’hypothèse de m’emmener chez un psy ; et puis quoi encore ? Je savais très bien me gérer toute seule, merci bien. La preuve : j’avais bien fini par prendre une décision, et c’est avec détermination que je franchis la porte de sa chambre pour y déposer l’ultime attestation de ma capacité à m’occuper de moi-même.
La pièce immaculée semblait briller de propreté, tellement que cela m’arrachait les yeux. Pour ceux qui n’auraient pas compris, la chambre d’Eddy était un capharnaüm sans nom. Mon côté maniaque me soufflait de la ranger une fois pour toutes, mais il était hors de question que je m’abaisse à une tâche pareille pour quelqu’un. Comment pouvait-on être aussi bordélique, surtout à cet âge ? Autant, je ne disais rien lorsqu’il me racontait l’état de son dortoir à l’époque où il était encore élève, mais là… D’ailleurs, le désordre semblait être, si j’en croyais les dires de mon cher parrain, commun à tous les Gryffondors. Ré-pu-gnant.
Je levai les yeux au ciel et continuai mon périple en prenant soin de regarder où je fourrais les pieds, peu désireuse de tomber sur un trésor caché – ou pire, sur une invention tordue de mon idiot de parrain pour protéger sa chambre de toute intrusion sidneyenne. Mon regard se posa sur un piège à souris, et je laissai échapper un rictus empli de mépris. Il pensait sérieusement m’avoir comme ça ? Il serait grand temps qu’il innove…
BOUM ! A peine le pied posé sur une chaussette qui traînait par terre qu’une Bombabouse surgit de nulle part et m’explosa en pleine face, se répandant sur mon visage. Soupirant, je sortis ma baguette de ma poche et lançai un Récurvite, suivi d’un sortilège de Têtenbulle pour me permettre de respirer dans cet air pollué. Innovation, qu’on disait…
Et j’avais une fois de plus parlé beaucoup trop vite. L’odeur pestilentielle semblait se dégager directement de mes narines, et j’étais contrainte et forcée de la humer malgré ma protection. Protection que j’annulai aussitôt devant son inutilité flagrante, fronçant le nez et ouvrant la bouche à la place. Ed’ avait visiblement piégé sa chambre de Bombabouses faites maison, plus élaborées et donc plus difficiles à contrer. J’aurai sa peau, parole de Pond.
Je fis donc de mon mieux pour atteindre mon ultime objectif, soit la table de chevet. Celle-ci était, à l’image de la pièce, complètement sans dessus-dessous, jonchée de babioles en tout genre que j’eus du mal à identifier. J’en balayais quelques unes du revers de la main pour faire un peu de place, lorsque mon regard se posa sur une épaisse enveloppe ornée d’un unique mot écrit à l’encre bleue.
Sidney.
Fronçant les sourcils, je m’en saisis et m’assis lentement sur le lit, ignorant le couinement suspect que produit l’impact de mon corps sur le matelas. Ma curiosité piquée au vif, j’ouvris délicatement l’enveloppe avant d’en sortir son contenu. Un tas conséquent de parchemins vieillis s’y trouvait, et je ne tardai pas à y reconnaître mon écriture.
Dites-moi que c’est une blague. Ed’ avait gardé l’ensemble de mes lettres dans une enveloppe ? Dans une enveloppe, sur sa table de chevet ? Mais quel mordu ! J’ai toujours su qu’il était, au fond, complètement amoureux de moi – aha, hilarant.
Je feuilletai les parchemins sans réellement les regarder, constatant plutôt rapidement qu’ils étaient triés par ordre de réception. Ainsi, au-dessus de la pile figurait ma toute dernière lettre, courte, directe, entièrement dénuée d’émotions et pourtant si importante.
Edric,
Je sais pas si tu es chez toi mais débrouille-toi pour y être ce week-end. Maman se barre en vrille ; je boucle mes valises et j’arrive.
Sid.
Ces quelques mots écrits à la hâte suffirent à me faire basculer cinq mois en arrière, alors que j’avais pris la décision de fuir l’atmosphère pesante qui s’était installée dans ma maison en France pour traverser la Manche et poser mes bagages chez mon parrain. Je fronçai les sourcils, ne me rendant compte qu’à présent de l’impact qu’avait dû avoir cette missive sur Ed’. Plusieurs de ses lettres étaient restées sans réponse, car j’avais obstinément refusé de lui écrire depuis décembre dernier ; et après des mois de silence, il avait fini par recevoir cette petite phrase, quelques jours avant de recevoir mon chat, mes valises et moi. Oh, tant pis ; il s’en était remis sans mal.
Je posai le parchemin à mes côtés pour lire le suivant, soit le dernier signe qu’Eddy avait eu de moi avant que je ne disparaisse de la circulation pendant des mois entiers.
Chère enflure,
Sache que la prochaine fois que tu me traites d’égocentrique, je te fourre ta baguette là où je pense. C’est pas parce que je m’éternise pas sur tes aventures pourtant indignes d’intérêt que je ne te porte pas d’attention ; je t’envoie des lettres, par Merlin, tu te rends compte de l’effort que ça me demande ? Estime-toi heureux que je daigne te répondre ! Enfin bref, assez parlé de tes petites émotions fragiles malmenées par mon soi-disant égoïsme. Je te disais donc la dernière fois que j’avais on ne peut plus hâte d’être au printemps, parce que je pourrai enfin passer mon permis de transplanage ! Je serai majeure d’ici là, à moi la liberté !
Vu qu’on ne se voit pas, cette année, je passerai peut-être te voir cet été, du coup. Sans les parents, histoire de bien pouvoir t’embêter comme il se doit, sans que personne n’essaye de m’en empêcher – pas que ça change grand-chose, mais tout de même. Ne pas avoir ces deux cinglés sur le dos pour les vacances va être rafraichissant, mais ce n’est rien comparé à ce qui t’attend ! D’autant plus que j’aurai officiellement le droit d’utiliser la magie en dehors de l’école. Tu vas prendre la raclée de ta vie. Enfin, si toutefois j’ai envie de te voir. Te lire me tape assez sur le système pour que je veuille supporter ta présence en chair et en os.
Amicalement vôtre,
Ton Gremlin préféré
Un sourire amer se dessina sur mes lèvres. Ledit Gremlin – l’un des deux surnoms qu’Ed’ préférait me donner, l’autre étant « la vipère » – avait lamentablement échoué son permis de transplanage au vu des événements. Quant aux vacances d’été, j’étais en effet allée le voir sans les parents, et je n’étais plus repartie depuis.
Je poussai un soupir à fendre l’âme et feuilletai les nombreuses lettres, avant d’éclater de rire, mes doigts se refermant sur l’une d’elles. Je la sortis du tas et la relus entièrement, mon vieux sourire en coin refaisant surface.
Mon petit Bouffondor,
Tu es vraiment stupide. Y a que toi pour te faire choper aussi bêtement. A ta place, j’aurais laissé ton adversaire de duel se rendre seul à votre lieu de rendez-vous, et j’y serais pas allée. J’aurais même cafardé pour qu’il se prenne la colle de sa vie, ça lui aurait appris à oser me défier ! Et puis, c’est bien plus drôle que d’aller lancer des sorts pendant mes précieuses heures de sommeil.
Enfin bref. Ta vie devient aussi passionnante que la mienne, on dirait. Au cas où ton petit cerveau retardé n’aurait pas percuté, c’était de l’ironie. On se fait tellement chier ici… Ce que j’aurais voulu aller à Poudlard. Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais les Français écorchent tous mon nom de famille ; ils ne prononcent pas le « d », à croire que ça leur coûte un bras.
Les filles de Beauxbâtons sont toutes des cruches sans cervelle, je ne sais pas comment j’ai fait pour survivre jusque là. Et dans ma classe, c’est les pires ! A glousser dès qu’un garçon passe et à jouer aux commères. L’autre jour, en cours de Sortilèges, j’ai foutu le feu aux cheveux d’une blondasse qui passe littéralement une heure devant le miroir tous les matins. Je te raconte pas sa tête quand elle s’est retrouvée chauve ! La semaine dernière, déjà, je lui avais lancé un sort censé donner une odeur de boule puante à ses cheveux, mais ça a foiré – le résultat était quand même incroyablement drôle : à défaut de schlinguer, ses cheveux étaient devenus verdâtres. Le cri qu’elle a poussé était hi-la-rant. Sauf que, quand elle s’est retrouvée chauve, elle m’a tout de suite pointée du doigt, cette espèce de … ; mais j’ai feint l’innocence avec mes grands yeux de biche et le prof’ a carrément marché.
Diaboliquement vôtre,
La meilleure de toutes
Messieurs dames, laissez-moi vous présenter Sidney Pond en troisième année, dans toute sa splendeur ! Il était néanmoins vrai que, malgré le caractère on ne peut plus immature – pour ne pas dire complètement stupide – de mes actes, mes méchantes farces réussissaient plutôt bien. Et le plus drôle dans tout cela était que je savais frapper là où ça faisait mal. Tout au long de ma scolarité, j’avais ainsi pu me délecter à maintes reprises des visages déformés par l’horreur de mes victimes, et réussir par la même occasion à les faire punir à ma place. Je ne savais pas d’où me venaient toutes ces idées, et je mesurais malgré tout l’idiotie ainsi que le côté on ne peut plus puéril de ces blagues, mais à Beauxbâtons, c’était le seul moyen que j’avais pour éviter de mourir d’ennui.
J’étais incommensurablement envieuse de la chance qu’avait Ed’ de vivre au Royaume-Uni. Visiblement, avoir un père britannique ne suffisait pas à garantir une inscription dès la naissance au célèbre collège Poudlard, aussi mon destin semblait être tout tracé. Tout cela parce que ledit père avait décidé de suivre ma mère française dans son pays d’origine. Tout à fait logique, quand on sait que mon parrain, fils du meilleur ami de mon père et de trois ans mon aîné, vivait en Angleterre et fréquentait l’école par laquelle étaient passés nos géniteurs respectifs. Bravo Papa, c’était un choix très judicieux, je te remercie de m’avoir embarquée dans cette galère !
Mais si Eddy avait été à Gryffondor, mon père était, lui, un Serpentard, et c’est au sein du collège qu’il avait fait la connaissance de son meilleur ami – le père d’Eddy, vous suivez ? Quant à ma mère, et bien, en tant que moldue, on ne lui demandera pas son avis.
Quoiqu’il en soit, je décidai de lire une dernière lettre, datant de mes dix ans. Ed’ était tout naturellement déjà à Poudlard, je le voyais donc beaucoup moins souvent que pendant notre enfance ; c’est notamment à partir de sa première rentrée que l’on avait commencé à s’échanger des lettres, étant donné que je lui manquais bien évidemment énormément, et que je m’ennuyais ferme de mon côté.
Woody Darkwood Pecker (le jeu de mots du siècle ! J’en suis fière)
Je n’arrive pas à croire que tu fasses une fixette pareille sur de stupides Bombabouses. Tu devrais prendre exemple sur moi. Tu me parles tout le temps de ce fameux couloir des armures. Piques-en une, transforme-la en robe (juste l’apparence), et fous-la dans les affaires d’une de tes victimes. Elle pigera pas pourquoi elle fatiguée au bout de deux minutes de marche, et encore moins pourquoi elle grince à chaque pas. C’est tellement plus intéressant que tes farces à deux sous cinquante.
En espérant que tu te fasses prendre tellement tu es nul,
La vipère
Si jeune et pourtant déjà si méchante et emplie de ressources ! Je ne finirais décidément jamais de m’étonner moi-même. Mon génie était surprenant ; aussi je notai dans un coin de ma tête qu’à présent que j’avais la chance de rejoindre Poudlard, je pourrais mettre en œuvre cette machiavélique idée. Bien qu’en réalité, ces futilités avaient fini par me lasser, et je pensais avoir passé l’âge.
Remettant l’ensemble des parchemins à sa place, mes yeux parcoururent une dernière fois l’ultime lettre que j’avais fini par apprendre par cœur. Oui, l’ultime lettre, vous savez ? Mon arrêt de mort. Le contraste entre celle-ci et les précédentes me frappa de plein fouet, et je me félicitai de la maturité dont j’avais, à contrecœur, su faire preuve. Pour une fois, j’avais assumé mes responsabilités et n’avais pas fui derrière quelque excuse savamment trouvée destinée à me blanchir. Il n’y avait qu’Ed’ pour me faire faire une chose pareille. Après tout, si je devais quelque chose à quelqu’un, ce serait bien à lui, et à personne d’autre. C’était la première fois que j’acceptais consciemment de voir les choses en face sans décamper, prête à en recevoir les conséquences du mieux que je pourrais. Mais n’en faisons pas une habitude, voulez-vous ? C’était la première fois, oui, mais c’était également la dernière. Parole de Pond.
Cher Parrain à l’angoisse maladive,
Sache que je peux voir d’ici tes sourcils froncés ; j’entends même les rouages de ton petit cerveau s’actionner à toute allure. « Mais pourquoi m’écrit-elle une lettre alors que je suis sous le même toit qu’elle ? A-t-elle prévu de s’en aller sans me le dire ? Ou pire, de mettre fin à ses jours ?! Que deviendra ma vie sans ma Sidney adorée ? »
Oui, j’entends tes pensées d’ici. Alors laisse-moi te rassurer, andouille : je n’ai pas l’intention de m’enfuir, bien que la tentation soit réelle. Je n’ai pas non plus l’intention de mettre fin à mes jours, mon existence est bien trop précieuse. Maintenant qu’on a évité l’infarctus, je vais t’expliquer la raison de cette lettre, que je regrette déjà.
Ca fait un sacré bout de temps maintenant que je squatte chez toi. J’ai débarqué cet été, sans te laisser le choix, et moi qui pensais retourner à Beauxbâtons à la rentrée, mon séjour s’est éternisé sans que je ne m’en rende vraiment compte.
Alors oui, tu savais. Tu savais que Papa était mort en décembre, et tu savais que Maman partait en vrille. Mais je doute fort que tu aies conscience des détails de cette histoire sordide, de ce que qui m’a empêché de reprendre les cours normalement, et aussi du fait que, oups, j’ai raté ma sixième année.
Non, je n’ai pas voulu t’en parler. Je voyais bien que tu passais tes journées à t’inquiéter, et m’obstinais à éviter tes questions incessantes. Je n’étais tout simplement pas prête à parler, je n’en avais pas envie, et n’en ressentais pas le besoin. Je voulais juste qu’on me foute la paix, et qu’on me laisse maudire tout ce qui m’entourait tranquillement.
J’ai passé des mois rongée par la haine et la culpabilité. La culpabilité, parce qu’après avoir souhaité la mort de mon père pendant tant d’années, j’ai eu l’impression idiote que c’était à cause de moi que ça avait fini par arriver. J’avais beau le détester pour tout ce qu’il nous avait fait subir, à Maman et à moi, prier Merlin pour que ça s’arrête et qu’il aille au Diable, souhaiter du fond de mon âme qu’il crève et qu’il disparaisse à jamais, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que mes prières avaient été entendues ; sauf qu’au lieu d’une délivrance, je n’ai eu que des remords devant la dépression dans laquelle sombrait ma mère petit à petit.
Elle culpabilisait, elle aussi. Elle pensait que c’était sa faute, parce qu’elle était une moldue. Je ne sais pas si tu le sais, mais quand mon père avait la merveilleuse idée de se descendre une bouteille de Whisky Pur Feu tout seul, il devenait complètement fou. Il jetait des sorts à tout va, cassait tout ce qui se trouvait sur son passage, répétait des trucs incompréhensibles. Alors j’ai pris l’habitude de lui piquer sa baguette et de la planquer jusqu’au lendemain matin, mais je n’étais pas toujours là, et je ne sais pas comment ça se passait lorsque j’étais au collège.
L’hiver dernier, donc, j’étais de retour à la maison pour les vacances de Noël. Il y a un an, maintenant. Sa baguette était planquée chez moi. Il voulait absolument sortir, aller je ne sais où pour acheter je ne sais quoi, ou alors continuer à boire jusqu’à tomber. J’ai fui dans ma chambre, comme à mon habitude, et Maman a essayé de s’interposer, mais il l’a poussée. Vu qu’il ne trouvait pas sa baguette, j’ai eu peur et me suis enfermée à double-tour. Je pensais qu’il allait entrer dans une colère noire en comprenant que c’était qui l’avais, mais non. Il devait être trop ivre pour ça. A la place, il est sorti et, vu qu’il ne pouvait pas transplaner sans sa baguette, je ne sais quelle idée tordue lui est passée par la tête mais il a pris la voiture de Maman. Je ne l’en ai pas empêché. Il a démarré et est parti. Il n’est jamais revenu. Quelle idée aussi, d’aller prendre une voiture moldue !
A l’annonce de sa mort, je n’ai rien ressenti. Je n’ai pas réagi non plus. J’ai été dans cette espèce de léthargie pendant des mois ; je suis retournée au collège sans conviction, je séchais la plupart de mes cours, j’ai foiré mon permis de transplanage et j’ai raté mes examens de fin d’année. En rentrant cet été, je n’ai pas reconnu ma mère, qui s’était mise à boire et à répéter sans cesse que tout était de sa faute.
J’ai tellement haï mon père, Ed’. C’était un être abject. Et je culpabilisais, comme la con que je suis. Ce qui m’a réveillée, quelque part, c’est quand j’ai pris le temps de regarder la cicatrice que je ne t’ai jamais montrée. Un soir de colère noire où l’alcool coulait à flot, il a cassé une vitre devant moi et le verre m’a déchiré le flanc. Je la regardais, ces derniers jours, et je me disais que c’était bien fait pour sa gueule ; qu’au final, il ne méritait pas de vivre, et qu’il méritait encore moins que je me foute dans des états pareils pour lui.
Je n’ai jamais faibli, Eddy. Et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer.
Alors oui, tu m’as rabâché les oreilles pendant des mois pour que je reprenne les cours, à me dire que si je ne souhaitais pas retourner en France, je pouvais me faire transférer à Poudlard, etc. Mais à quoi bon ? Je me disais. A quoi bon retourner dans un collège, peu importe lequel, reprendre les mêmes cours chiants, voir des visages stupides, et me faire chier de la sorte. Toute motivation m’avait quittée, parce qu’une fois la culpabilité effacée, c’était la haine qui avait pris le dessus – de la haine envers mon père, de la haine envers moi-même de m’être retrouvée dans cet état là. Puis je me suis rappelé de mon amour pour la Défense Contre les Forces du Mal, pour les Sortilèges. Je me suis rappelé que j’étais maîtresse de mon propre destin. Je me suis rappelé que ce n’était pas en évitant l’école que j’allais accomplir mes ambitions et devenir Auror. Et, surtout, que rien ni personne ne méritait ma douleur.
Ma décision est prise, Eddy. Je vais reprendre les cours, cette fois pour de bon. Je sais qu’arriver en milieu d’année n’est pas la meilleure des choses, mais j’avais besoin de temps. Et puis, j’ai bien suivi mon premier semestre l’an dernier, et mes notes étaient plutôt bonnes, je pense pouvoir suivre la suite sans trop de problèmes. Du coup je compte sur toi, t’as deux semaines pour t’occuper de tout pour m’inscrire à Poudlard. Après les vacances, j’irai avec toi.
Ne profite pas de toutes ces révélations pour m’attaquer de questions, je ne te dirai rien de plus. Contente-toi des informations que je t’ai données, et de faire ce que je t’ai dit ; ça sera amplement suffisant.
Je vais te faire vivre un semestre que tu n’es pas près d’oublier, mon petit Bouffondor.
Cordialement,
Ta vipère.
Prenant une dernière inspiration, je déposai la lettre sur l’enveloppe et me levai pour quitter la pièce. Bon sang, j’allais passer des vacances de merde. Dans quelle galère m’étais-je encore fourrée ?
Avec un peu de chance, peut-être que j’allais réussir à trouver une passion soudaine m’obligeant à quitter les lieux tous les jours. Comme ça, je pourrais éviter la confrontation.
…Ou pas.
Hors RPPrénom : Maël Âge : 20 ans Personne sur votre avatar : Rachel Hurd-Wood (six/sept ans en arrière) À l'avenir, accepteriez-vous que le prénom de votre personnage soit doublé ? : Seulement si c'est un garçon ! Je plaisante ; no soucy Où nous avez-vous trouvés ? Topsite
Dernière édition par Sidney J. Pond le Ven 18 Aoû - 23:50, édité 6 fois |