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L'ancienne et noble famille De Latour vous présente leur fille cadette, mademoiselle Elizéa De Latour.Un tonnerre d'applaudissement, à la fois distingué et joyeux, rugit dans la grande salle de bal du manoir. C'était le jour de la réunion annuelle organisée par plusieurs familles de noble. C'était l'occasion de présenter les jeunes hommes et femmes en âge d'avoir une éducation suffisante pour se tenir en société. Elizéa venait de fêter ses neufs ans cette année-là. Elle était une jeune fille extrêmement suivie par la noblesse, une perle unique comme on en connaît qu'une par génération. C'était en tout cas l'espoir que se faisait sa famille.
De Latour était une famille particulièrement ancienne et réputée pour ses vignobles de qualités, son implication dans la politique du pays ainsi que pour la fortune qu'elle avait amassé avec le temps. Peu de gens pouvaient se vanter d'appartenir à leur cercle d'amis proches, mais ceux qui en faisaient parti étaient juchés sur un piédestal. S'il fallait retenir quelque chose d'autre, c'était l'implication des familles de nobles dans la religion. Il semblait impossible de dissocier un terme de l'autre et malgré l'époque moderne dans laquelle nous vivons, la sorcellerie reste et restera toujours une hérésie à leurs yeux.
Imaginez-vous donc dans la peau d'une enfant qui sait au fond d'elle que quelque chose cloche. Qu'on ne devrait pas pouvoir faire voler son chien en peluche rien qu'en le souhaitant. Ou encore faire briller l'ampoule de sa lampe car on a peur d'un bruit sous son lit. Toutes ces choses qu'il faut cacher à sa famille, à ses amis et toujours sourire sans ciller. C'est ce que faisait Elizéa en ce moment même. Un sourire crispé sur son visage, les yeux dans le flou, passant de visage en visage sans jamais vraiment les regarder. Toutes ces personnes qui la fixaient mettaient ses nerfs à rude épreuve.
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Avance Eli, chuchota son père tout en posant une main rassurante dans son dos.
Je vais te présenter quelques personnes.Cette voix familière et douce rassura l'enfant qui prit une grande inspiration. Ses épaules s’affaissèrent légèrement, les muscles de ses joues se décontractèrent et sans jamais s'arrêter de sourire, elle se laissa présenter à bons nombre d'invités. Certains s'exprimaient dans une langue étrangère qu'elle ne put comprendre, elle qui ne parlait que français. Après plusieurs dizaines de minutes, elle fut enfin libre de ses mouvements. Elle pensait s'éclipser mais c'est à ce moment que sa mère la rejoint.
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Tiens toi droite, tu vas me faire honte.Le ton était tranchant, plus neutre que froid. Elisabeth De Latour était une femme d'âge moyen, au visage pur et à la tenue parfaite. Elle avait mit au monde trois enfants mais cela ne l'empêchait pas d'avoir un corps maigre, et sous ses habits, sa chair marquée par la vie et le seigneur. Oui, Elisabeth était une mère rude, qui ne montrait aucun signe d'affection à ses enfants. C'est ainsi que sa mère l'avait éduqué, comme la mère de sa mère auparavant et ça depuis des temps reculés. Dans un geste rituel, elle passa la main sur la petite croix d'or résidant entre ses deux clavicules. La même que portait chaque membre de sa famille.
Si Elizéa ne se sentait pas aussi impliquée que son frère et sa soeur dans ces croyances qui dirigeaient la famille, elle n'avait jamais osé dire mot devant qui que ce soit. On aurait pu croire, expliqué ainsi, qu'elle devait se sentir seule mais ce n'était pas le cas. Il fallait seulement être juste, obéissant et souriant, cela suffisait à la fillette.
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Est-ce-que je peux aller aux toilettes ? Demanda-t-elle après s'être redressée autant qu'elle put.
Elle lui lança un regard d'avertissement comme elle l'avait déjà fait toute la journée et acquiesça. Elle n'avait pas vraiment cette envie mais c'était la seule excuse valable aux yeux de sa mère. Alors qu'elle avançait gracieusement en direction de la grande porte, elle crispa sa mâchoire pour retenir un bâillement. C'était ce genre de petits détails qu'elle avait appris d'elle même, avec le temps, qui lui permettait d'être présentée à la noblesse ce soir. Elle appréciait ce côté élégant de la femme et elle se trouvait souvent à rêver de devenir aussi belle que certaines de ses cousines. Cependant, contrairement à elles, Elizéa se serait bien passée de toutes ces cérémonies en société.
Elle poussa la porte d'une salle qu'elle savait vide. Ouf, elle pouvait enfin un peu souffler. Elle poussa la porte sans prendre la peine de la refermer complètement derrière elle. Là, de larges canapés chargés de motifs colorés décoraient le salon. Elle sauta sur le plus proche et s'enfonça dans les lourds coussins qui le recouvraient. Les ombres de la pièce dessinaient des formes familières et la fillette s'imaginait déjà dans un monde lointain ou dragons et licornes vivaient librement dans de grandes plaines d'herbes vertes. Ses paupières se faisaient lourdes et elle luttait désespérément pour ne pas sombrer, la voix de sa mère résonnant dans ses oreilles.
Le pompon du coussin, sur lequel elle avait posé sa tête, glissa pour venir lui chatouiller le front. Ses yeux bleus fixèrent l'intrus et elle tenta de le chasser en soufflant. Visiblement, ça ne fonctionnait pas très bien. Cette fois-ci elle se concentra comme elle faisait la nuit dans sa chambre. Il n'y avait aucun risque puisqu'elle était seule. Elle sentit que doucement, les fils glissaient vers l'arrière de son crâne. Elle se releva, satisfaite d'elle.
La peur mêlée à de l'adrénaline s'éprit de ses entrailles, c'était une sensation aussi désagréable que agréable. Elle ne risquait rien à s'essayer un peu plus, elle qui faisait si attention d'habitude. Après avoir pesée le pour et le contre encore quelques instants, elle se concentra sur le coussin qui l'avait taquiné précédemment. Dans un silence pesant, le coussin de couleurs rouge et verte, aux broderies dorées et aux pompons de la même couleur, se mit à léviter à plusieurs centimètres du canapé.
C'était plutôt facile, l'important était d'en avoir vraiment envie. Un léger sourire se dessina sur le visage de la petite. Dans d'autres circonstances, une histoire fantastique peut-être, on aurait pu y voir là un être magique et envoûtant. Un chérubin innocent ou une charmante fée, tout dépendait du scénario, seul la lumière enchanteresse venue des cieux manquait à l'appel. Trop souvent la réalité vient briser les rêves et c'est à cet instant que la porte s'ouvrit sur la mère d'Elizéa. Cette dernière ne fut alerter que lorsque la silhouette entra totalement dans son champ de vision, suivit de près d'un cri d'horreur. Le coussin retomba d'abord mollement puis glissa jusqu'au sol, de même que la femme dont les jambes avaient perdu toute leur force.
Peut-être était-ce l'innocence de l'âge mais des larmes se mirent à rouler sur les joues de la petite fille. Elle comprendrait bientôt les implications de son acte; pour le moment, seul comptait la peur qu'elle pouvait lire dans les yeux de sa mère. Jamais elle ne pourrait oublier cette image.
~~~~~~ Ce qui devait arriver ~~~~~~
La fête fut écourtée et la reine de la soirée, ramenée en lieu sûr dans sa maison. Enfin, sa maison... Plus pour longtemps. On l'avait amené dans la plus grande discrétion chez différents médecins réputés de France. Leur diagnostique étant sans appel et l'aversion des membres de la famille sans fin, il fut décider de l'envoyer vivre chez une tante éloignée. La petite avait été confinée dans sa chambre ou se trouvait toujours sous bonne garde. De ses propres mots, elle se sentait telle une enfant du diable. Elle s'était doucement convaincue que sans ce don, elle aurait continué à vivre avec sa famille, dans leur amour et sans cette solitude qui s'était installée.
Cette tante habitait en Angleterre, dans un village isolé du Yorkshire où l'on pouvait y trouver plus d'animaux que d'humains. C'était une femme qui n'était jamais invitée aux repas de famille et aux cérémonies, non pas qu'elle ait déshonoré sa famille mais elle avait toujours détesté ce contexte de vie. Elle se plaisait à vivre simplement avec son potager. Il n'était pas si mal de quitter le nid français rempli de tensions, enfin en apparence. On avait prétendu à une soudaine maladie grave qui obligeait la plus jeune de la famille à quitter la ville pour s'isoler en campagne et profiter de l'air frais.
Les premiers jours furent les plus compliqués qu'elle eut vécu jusque là dans sa courte vie. Elle avait l'impression que le temps était toujours maussade. Gris était la couleur du ciel, humides étaient les herbes hautes qui s'étalaient derrière le portail de bois du fond du jardin et rance était l'odeur des petites pièces de cette maisonnette. Sa tante n'avait pas posé de questions, elle n'avait pas dit mot à son arrivée, se contentant de lui afficher un sourire doux et affectueux. Ce qu'elle pouvait détester ça. Son monde s'effondrait et elle ne semblait pas s'en préoccupée. Elle avait envie de lui crier au visage, de la secouer, elle se sentait bouillir. Et elle n'avait aucunes nouvelles de sa famille.
Son attitude contrastait pourtant tant avec ce qu'elle ressentait à l'intérieur. Elle avait passé ses journées enfermées dans l'unique autre chambre de la maison, à regarder la pluie descendre du ciel. Son visage était de marbre mais elle ruminait intérieurement les derniers événements. Elle se sentait si stupide de l'attitude imprudente qu'elle avait eut.
C'était un matin comme les autres ou presque. Le premier rayon de soleil dépassait de la grisaille apparente. Était-ce cette atmosphère qui influait sur son humeur ou le temps qui passait mais, ce matin, Elizéa se sentait plus légère. Elle avala quelques cuillères de plus de sa bouillie de lait et se prit même à observer sa tante quelques secondes. Il ne faisait pas vraiment froid dehors mais l'humidité régnait sur le jardin. Il y avait dans le coin gauche une jolie serre qui abritait les cultures de sa parente, de l'autre, de simples buissons décoratifs. La jeune fille respira un bon coup. Cela sentait l'herbe fraîche, la rosée du matin, l'odeur de la campagne.
On pouvait presque croire que cela l'amusait de marcher sur les dalles sans jamais se tremper. Elle se pencha vers le sol lorsque son regard rencontra un trèfle à trois feuilles. Délicatement, elle approcha sa main d'enfant pour jouer avec les gouttes qui stagnaient sur les feuilles. C'est lorsque l'une de celle-ci resta entre ses doigts qu'un accès de colère la pris. De ses petites mains, elle se mit à arracher tout ce qui dépassait devant elle, trempant allègrement ses genoux de fines rosées.
Elle ne comprenait pas, pourquoi elle ? Pourquoi cela devait-il tomber sur elle ? Des pouvoirs magiques, mais quelle bêtise ! Tous ses sentiments qu'elle gardait en elle depuis des mois explosèrent. Après plusieurs minutes et sentant les picotements dans ses mains, elle se calma enfin. Les plus petites coupures sont les plus douloureuses.
Quelque chose pesait sur ses épaules, elle le sentit et détourna la tête vers la maison. Là, sa tante la regardait d'un air doux, adossée à l'encadrement de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. Elle se sentit honteuse de s'être donnée en spectacle et baissa la tête en entendant :
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Il était temps que ça sorte.~~~~~~ Rien qu'une lettre ~~~~~~
Les jours se succédèrent tout comme les années et elle s'habitua à cet environnement. Ce qui la blessait le plus, c'était le manque de nouvelles de ses parents, voir l’inexistence. N'aimait-il pas leur fille avant ? Pour une enfant comme pour un adulte, la compréhension de ce comportement semblait difficile.
Elle avait rejoint une école du coin et elle s'était faite très peu d'amis. Son coeur ne se sentait plus d'être partagé puis écrasé telle une vieille carpette. Elle avait du mal à accorder sa confiance à quiconque, de peur qu'on la traite comme sa famille l'avait fait: de revoir cette peur qu'elle avait lu dans les yeux de sa mère. Son manque de sociabilité et de participation étaient bien les seules choses que ses professeurs avaient pu lui reprocher. C'était une enfant intelligente, voir même très intelligente. Elle était toujours en quête de nouvelles choses à apprendre; enfin c'est ce que ceux-ci s'évertuaient à répéter.
Elle avait mûri, c'était certain, et seul la patience et les libertés accordées par sa tante lui assuraient un peu d'affection. Celle-ci était centrée sur l'apprentissage des propriétés des plantes dont s'occupait sa tante. Elizéa retrouvait beaucoup de plaisir à apprendre la botanique, matière qu'elle n'avait pas connu avant. Les plantes la fascinaient autant qu'elle l'apaisait et pendant son temps libre, elle restait aux côtés de son aînée et écoutait attentivement chaque mot qui sortait de sa bouche. Après avoir été confiné dans un monde de convention où ce genre de frivolité était réservée aux domestiques, le regard de l'enfant semblait s'éclairer de nouveaux horizons.
Cette année là, l'été fut plus doux qu'à l'habituelle et il pleuvait peu. Il était bientôt 16h et le soleil venait de se cacher derrière un gros cumulus qui avançait nonchalamment dans le ciel. Trois coups distincts furent frapper à la porte d'entrée. Il était inhabituel que la maisonnette reçoive des visiteurs mais par chance, ses occupantes se trouvaient dans la cuisine au même moment. Elizéa fronça les sourcils avant de relâcher ce qu'elle tenait en main.
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J'y vais.Devant la porte se tenait un homme vêtu d'une longue cape verte émeraude et d'un large couvre chef noir. Il ne se fondait pas vraiment dans le décor se disait la fillette.
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Puis-je parler à ta tante ?Le ton était neutre et le sourire faux. Elle n'aimait pas cet homme mais c'était le moindre de ses soucis. Un coup d'oeil à sa tante qui se tenait adossée à l'encadrement de la cuisine, s'essuyant négligemment les mains dans le torchon de vaisselle à carreaux bleus et blancs, elle se poussa pour laisser entrer l'inconnu.
Les secondes qui suivirent parurent être aussi longues que des heures. S'installant dans le petit salon, chacun prit une chaise, un pouf ou un canapé, écoutant ce que cet homme avait à dire. Si elle n'avait pas eu une si bonne éducation, la mâchoire de la jeune fille aurait pendu dans le vide durant tout le monologue. Aucunes d'elles ne laissèrent entrevoir leur surprise mais les nouvelles furent aberrantes.
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Je présume que vous vous êtes rendu compte de vos pouvoirs magiques mademoiselle.C'était une question stupide. Evidemment qu'elle l'avait remarqué et elle haïssait ceux-ci. A chaque débordement interne d'émotions, et Dieu seul sait que bon nombre il y en eut, quelque chose d'étrange se produisait. Elle faisait griller des ampoules par la pensée, éventrait et réparait son ours en peluche à tout moment et, ce qu'elle méprisait encore plus que la magie elle-même, c'était de faire mourir les plantes qu'elle chérissait. C'était déjà arrivé bien plus de fois qu'elle ne l'aurait souhaité. Cependant, jamais sa tante n'avait fait la remarque de ces étrangetés. Sa réaction du jour indiquait bien qu'elle avait déjà remarqué le don de sa nièce.
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Et si je ne veux pas y aller, dit-elle en plantant ses yeux bleus dans ceux vides de son interlocuteur.
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Vous n'avez pas le choix, j'ai déjà eu l'accord de vos parents.Le choc fut brutal. Elle ne s'attendait pas à cela.
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De plus, il vous donne un accès libre à un compte moldu, assena-t-il innocemment en lui tendant une carte de crédit noire.
Vous aurez la chance d'aller sur le chemin de Traverse dans quelques jours afin de vous acheter toutes vos fournitures scolaires...Elle n'écoutait plus tant son estomac contracté prenait de place dans son esprit. Il avait parlé à ses parents. Sa mère et surtout son père, ces personnes dont elles n'avaient plus de nouvelles, avaient accepté sans rechigner qu'elle entre dans cette école pour les fous et la seule chose qu'ils faisaient, c'était de lui donner de l'argent. Oubliant les bonnes manières, elle quitta la pièce dans une rage folle, laissant ses deux interlocuteurs un peu pantois.
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Bien, il n'y a donc aucun soucis. Je repasserai dans quelques jours pour que nous allions acheter ce qu'il faut pour l'école.Il serra rapidement la main de la femme avant de s'éclipser comme par magie.
Dans sa chambre, Elizéa tournait en rond. Elle était entrée dans une fureur terrible qui contrastait tant avec son attitude habituelle que sa tante n'osa pas pousser sa porte entrouverte. Cependant, petit à petit, elle se calma; en apparence. Son cerveau d'enfant tournait à plein régime et ses pensées fusaient. Il y avait donc tout un monde qui s'ouvrait à elle. Un monde caché, magique ou des familles de sorciers vivaient en paix et harmonie. C'était de leur faute, de la faute de la magie si elle se retrouvait dans cette situation. Tout en fixant ses mains avec une lueur qui aurait pâlir quiconque, elle se jura de mettre à mal ce monde. Il fallait que tout le monde connaisse la vérité. Que la Terre découvre sa face cachée, la magie.
~~~~~~ Poudlard ~~~~~~
Rien ne traversait l'esprit de la petite fille alors qu'elle regardait, les yeux vitreux, le paysage défiler à travers la vitre de la petite voiture rouge de sa tante. Après une simple main rassurante dans son dos, la même sensation que celle de son père lors de cette soirée maudite, et elle se retrouvait seule devant la gare de Londres. Une nouvelle aventure commençait mais rien ne laissait prévoir que des événements étranges et mystérieux puissent changer son ressentiment envers la magie. Fronçant les sourcils, d'un pas lourd, Elizéa s'avança vers la gare.
On lui avait donné les indications exactes pour rejoindre le train qui la mènerait dans sa nouvelle école. Après avoir constaté que d'autres personnes fonçaient dans un mur pour y disparaître, elle se rendit devant la colonne entre les voix neuf et dix. Un regard à droite : une famille de quatre personnes s'entretenait avec une femme élégante qui se penchait à travers la fenêtre du train. Un regard à gauche : quelques personnes éparpillées dont une jeune fille portant un magnifique béret bleu roi sur de long cheveux roux, ses yeux bruns fixant délibérément un homme qui se dirigeait en sa direction. Personne ne semblait s'intéresser à elle. Elizéa se demanda comment cela était possible avant de mettre cette question dans un coin de son esprit; elle y répondrait plus tard.
Elle s'élança vers ce mur qui ne la heurta pas bien qu'elle ait fermé les yeux. Le bruit environnant avait changé et de l'autre côté se trouvait également un train. Elle ne put malheureusement trouver aucune cabine de libre et passa le voyage en face d'une fille aux longs cheveux blonds qui lisait paisiblement un livre dans une langue inconnue. Elizéa avait rapidement appris les bases de l'anglais et elle était persuadée que le titre qu'elle lisait n'en était pas. Elle n'avait cependant aucune envie de sympathiser et elle se contenta de fixer le paysage durant le reste du voyage.
Tout comme les autres enfants de son âge, elle ne put s'empêcher de s'extasier à la vue du château illuminé par les étoiles alors qu'elle se trouvait dans une petite barque au milieu d'un lac noir. Elle avait été réticente à monter dans celle-ci, la trouvant trop dangereuse. Sa réaction fut plus maîtrisée en arrivant dans la Grande Salle de Poudlard. Certes, les bougies flottantes, le plafond étoilé et le monde environnant l'intimidaient, mais elle savait se tenir en société. Elle plaqua son sourire commercial sur son visage et entama son entrée dans le monde des sorciers.
Les premiers jours furent compliqués car elle se devait de paraître agréable mais réservée. Ses professeurs avaient cru revoir en elle une nouvelle Hermione Granger mais Elizéa n'étalait pas son savoir, elle absorbait telle une éponge infinie chaque information qu'on lui prodiguait. Elle divisait son temps libre entre ses devoirs et lire les livres que contenait la bibliothèque de Poudlard. Elle n'était proche de personnes mais ses camarades semblaient lui accorder leur confiance car elle devait connaître les potins de tous. C'était devenu un automatisme, elle écoutait d'une partie de son cerveau et analysait l'information de l'autre sans jamais dire mot.
Jusque là, personne ne s'était rendue compte qu'elle ne donnait jamais d'informations importantes sur sa vie. Elle souriait intérieurement de leur naïveté. Lors du premier repas, elle avait écouté ces personnes parler de leur petite vie sans soucis, agréable et paisible. Elle avait eu envie de sortir de table en entendant que d'autres étaient nés de parents Moldus et que ceux-ci avaient accepté leur condition sans problèmes aucuns. Elle les détestait tous d'avoir une telle relation avec leur parent.
Son seul bonheur avait été de découvrir la matière consacrée aux plantes, la botanique. Lorsque son moral était au plus bas, seul ce cours réussissait à lui faire oublier sa tristesse. Elle n'avait pas oublier ses envies de vengeance et, rien durant ces premiers mois, ne l'avait fait changer d'avis. Il fallait que le monde sache, qu'il découvre la vérité sur la magie.