Eliott avançait tranquillement dans le couloir du quatrième étage. Il suivait Abby O’Brien, une grande Poufsouffle, qui marchait devant lui. Quelques heures plus tôt, le jeune garçon avait reçu une lettre de son père, Russell, dans laquelle celui-ci lui apprenait qu’il pouvait voir une récompense accordée à sa mère lorsqu’elle avait été à Poudlard. En effet, Elia avait été batteuse dans l’équipe de Quidditch de Serpentard et avait aidé à gagner la coupe deux années.

Malheureusement, Eliott ne savait pas où se trouvait la salle où était exposée la récompense de sa mère. Les autres premières années présents dans la salle commune n’étaient pas plus au courant que lui, ce qui ne l’avançait pas beaucoup. Mais coup de chance pour lui, Abby O’Brien, une septième année, était dans la salle commune au moment où il demandait où se trouvait la salle des trophées. Comme il restait uniquement une heure avant le dîner, elle lui avait proposé de l’accompagner pour qu’il ne se perde pas en chemin.

-Merci, Abby. C’est super sympa.

Entre le moment où ils avaient quitté la salle commune et celui où ils étaient arrivés au troisième étage, le temps s’était clairement assombri. Il pleuvait à verse, de grosses gouttes frappant fort contre les vitres et le vent soufflant en faisant beaucoup de bruit. Lorsqu’Eliott tourna la tête vers la fenêtre, un éclair zébra le ciel, rapidement suivit par le son sourd du tonnerre. Il sursauta avant de pouffer. C’était idiot d’avoir peur de la météo.

-This is Halloween, everybody make a scene…Trick or treat till the neighbors gonna die of fright…It's our town, everybody scream…In this town of Halloween.

Malgré tout, il n’était pas rassuré, alors chanter une chanson sur Halloween (c’était le mois parfait pour ça), c’était probablement une bonne idée. Son grand père moldu était fan du dessin animé dont était tirée la chanson et la regardait au moins une fois par an avec ses petits-enfants. La salle des trophées était déjà fermée alors ils s’étaient dirigés au quatrième étage pour aller à la bibliothèque où Eliott pourrait peut-être trouver un registre qui parlerait des anciennes équipes de Quidditch de l’école.

-This is Halloween, this is Halloween…Halloween! Halloween! Halloween! Halloween!..In this town we call home…Everyone hail to the pumpkin song.

Le temps n’allait pas mieux, mais le fait de chanter et d’effectuer quelques pas de danse rassurait le gamin. Et puis il ne craignait pas grand-chose avec Abby qui avait bientôt fini ses études et qui devait connaitre Poudlard comme sa poche.

Au détour du couloir, la lumière se fit de plus en plus rare, il faisait quasiment nuit, les rares moments où le couloir était bien éclairé étaient lorsqu’un éclair apparaissait dans le ciel. Et c’est ainsi qu’Eliott manqua de rentrer de plein fouet dans un adulte qu’il n’avait pas vu avant dans le couloir. Il y eut un peu de bousculade et il vit enfin correctement l’adulte. C’était mademoiselle Harper, la professeur de potions. Celle-ci avait l’air hagard, le regard perdu dans le vide. Eliott était un peu inquiet. Si cela se trouvait, le petit choc avait blessé la professeur ou bien l’avait étourdi.

Oh mon Dieu, mais c’était du sang qu’il voyait sur le sol ?

Oh non, il avait blessé un professeur ! Il avait blessé un professeur !

Il recula de plusieurs pas pour laisser de la place à la professeur pour se remettre du choc. Un nouvel éclair zébra le ciel et Eliott pu voir entièrement Mademoiselle Harper. Alors il recula encore, jusqu’à se cogner contre Abby. Mademoiselle Harper avait du sang tout autour de la bouche et Eliott savait bien que ce n’était pas lui qui avait pu faire ça. Mademoiselle Harper portait également une serviette nouée autour du cou, serviette portant de nombreuses traces sanglantes. Dans une main, elle tenait une fourchette et dans l’autre, elle tenait un couteau qui goutait du liquide rouge.

Eliott devint blanc comme un linge lorsque la professeur de potions découvrit ses dents blanches et rouge vif par endroit. Son cœur battait à tout rompre et cela ne s’arrangea pas quand la professeur pointa son couteau vers lui et avança peu à peu dans sa direction.

-Manger ! Manger ! Scandait-elle à chaque pas en direction des deux étudiants.

Eliott était tétanisé et ne parvenait pas à faire le moindre pas pour s’enfuir. Il était tétanisé et ne parvenait qu’à regarder, terrorisé, la professeur qui se rapprochait de lui à chaque pas.

-A…A…Abby ! Je….J….J’ai pe….peur ! Parvint-il à balbutier.

Eliott avait à peine dit qu’il avait peur qu’Abby l’entrainait avec elle dans les couloirs, en le tenant par la main. Le petit n’était pas très sportif, mais la peur avait arrêté de le pétrifier et maintenant, il courrait aussi vite qu’un gagnant de la médaille aux jeux olympiques. Dommage qu’il n’y ait personne pour le voir.

Mais sa rapidité ne dura pas et il retrouva bien vite avec un point de côté, à suer à grosse gouttes (autant à cause de l’effort qu’à cause de la peur). Fort heureusement, Abby et lui réussirent à se cacher derrière une grosse statue. Ils ne seraient pas en sécurité bien longtemps ici, mais au moins, ça leur laissait un moment de répit. Eliott avait du mal à respirer et il respirait bruyamment.

Comprenant, peut-être un peu tard, que le bruit risquait de les faire repérer, il se força à respirer plus normalement, ce qui n’était pas facile et était même plutôt douloureux. Il avait très mal à la gorge et il sentait que parler lui serait compliqué pendant quelques heures. Il aurait sûrement une voix très rauque qu’un gros fumeur n’aurait sûrement pas reniée. En plus, maintenant qu’ils ne courraient plus, Eliott entendaient parfaitement des voix adultes répéter inlassablement « Manger ! Manger ! ». Pourquoi les professeurs avaient-ils tant envie de transformer leurs élèves en délicieux casse-croutes ? De ce qu’ils entendaient, Mademoiselle Harper et Monsieur Morrison étaient en train de discuter pour savoir lequel aurait l’honneur de gouter aux chairs tendres de leurs élèves.

Abby et lui s’enfuirent. Eliott qui n’était déjà pas bien dans son assiette, le fut encore moins lorsqu’Abby lui dit avoir peur. Si même les grands avaient peur, il ne savait pas bien ce qu’ils pouvaient faire pour se sortir de ce cauchemar.

Cauchemar qui s’amplifia lorsque d’autres professeurs apparurent devant eux alors que les deux autres étaient toujours derrière. Ils étaient dans de beaux draps. Et en plus, maintenant, ils étaient trois à l’être car une grande fille rousse était apparue, appelée apparemment Molly. La rouquine lança d’ailleurs un sortilège, ce qui rappela à Eliott qu’il tenait la sienne à la main, non qu’il la cramponnait. Il devait lancer un sort lui aussi, mais n’étant qu’en première année, il n’en connaissait évidemment pas autant que les deux jeunes filles.

-Petrificus Totalus ! Cria-t ’il en pointant sa baguette en direction des professeurs qui venaient d’apparaitre dans le couloir.

Il avait suffisamment vu Ethan lancer ce sort pour savoir qu’il ne l’avait pas bien réussi. Le professeur qu’il avait visé n’avait pas été entièrement pétrifié, mais avançait maintenant plus difficilement, ce qui provoqua, semble-t-il,  une sorte de bouchon dans le groupe des enseignants.

-Protego ! S’empressa-t-il de dire.

Il ne l'avait encore jamais lancé dans une situation où il était vraiment indispensable et craignait qu’il ne fonctionne pas bien. Il ne savait pas si Abby serait prise dans le champ de protection de son sortilège.

Après avoir entendu Molly leur crier de s’enfuir, Eliott ne s’était pas fait prier. Hors de question qu’il reste dans le couloir alors que les professeurs cherchaient à les dévorer. Il ne savait pas pourquoi les adultes agissaient de cette manière et commençait même à se demander s’il n’était pas tout simplement en train de cauchemarder. Peut-être était-il tout simplement endormi bien au chaud dans son lit et que rien de tout ceci n’était réel ?

Pourtant, même s’il avait beaucoup d’imagination, il ne pensait pas être capable de créer quelque chose dans ce goût-là. Et puis il y avait Abby et Molly. Certes, il connaissait bien Abby, mais pas Molly. Il n’avait fait que l’apercevoir et n’était même pas sûr de connaitre le son de sa voix. Et pourtant, elle venait de crier.

Il se retourna en entendant un bruit de chute. Molly venait de trébucher et était maintenant seule face à quatre professeurs affamés ! Malgré sa peur, Eliott savait que sa conscience ne le laisserait jamais en paix s’il laissait la Gryffondor dans une si mauvaise posture.

-Totalus Petrificus, Hurla-t-il en direction du professeur le plus proche de Molly. C’était le seul sort offensif qu’il connaissait.

(Si 1, ça réussit. Si 2, ça rate)

Il avait réussi ! Le professeur était totalement immobilisé et cela laissait une chance à Molly de s’échapper vers eux. Mais les autres professeurs étaient encore autour d’elle et il lui serait difficile de partir. Prenant son courage à deux mains (et profitant d’un surplus d’adrénaline), il décida de tenter le tout pour le tout. Il se mit à courir en direction de Molly et lorsqu’il fut proche d’elle, se jeter contre le dos d’un des professeurs, s’accrochant de toutes ses forces à son cou. L’attention des professeurs était à présent tournée contre Eliott, laissant une véritable chance à Molly.

Et l’adrénaline descendit d’un coup.

Il était accroché à un professeur qui voulait le manger. Et deux autres attendaient leur tour, pas patiemment du tout. Il s’agitait, tentant de se dégager, mais l’adulte lui maintenait le bras, l’empêchant de faire de grands mouvements.

Et l’adulte planta ses dents dans le bras du gamin qui hurla de douleur. Il parait que si on a mal dans un rêve, ce n’est probablement pas un rêve. Donc ça voulait dire que tout ceci était bien réel et qu’il était en danger et en passe de finir dans l’estomac d’un prof.

A force de mouvement, il parvint à se libérer et réussi à se poster derrière le professeur immobilisé. Il avait mal au bras qui présentait une entaille dégoulinante de sang et de salive mêlé, ce qui dégoutait l’enfant. Mais bon, ce n’était que des dents, pas un couteau de cuisine. Le professeur était lourd, mais en le soulevant un peu, il formait une sorte de bouclier humain. Si les profs voulaient le manger, ils devraient manger leur collègue avant.

Eliott n’était pas persuadé que cela les arrêteraient.