« Papa ?! », appela la brunette à travers l'obscurité totale dans laquelle elle courait.

Courir, elle n'avait aucune idée de pourquoi elle courait, ni de comment elle était arrivée là, mais posée, au milieu de l'obscurité, une porte entrouverte attirait irrémédiablement l'adolescente qui, sans réfléchir à ce qui pouvait se tapir derrière, la franchit sans hésitation.
Aveuglée quelques instants par la fumée omniprésente, Leslie perçut avant tout des voix, paniquées pour certaines, presque amusées pour d'autres. Elle pensa un instant qu'elle était peut-être morte, ce qui expliquerait le sang sur son pantalon blanc et son maillot en lambeaux, mais si elle pouvait avoir si froid, pourquoi ne ressentait-elle aucune douleur ? Un hurlement d'une voix si familière retentit non loin.

« Papa ! », gueula-t-elle en retour avant de partir en courant, loin de la boutique dont elle venait de franchir le seuil.

Son père devait être mort lui aussi, pour être ici, dans cette version si sombre, sinistre et envahit par la brume du chemin de traverse. Sauf que l'adolescente avait quitté les rues qu'elle connaissait, s'engouffrant sans y faire attention dans l'allée des embrumes. Un sortilège siffla à son oreille, s'explosa dans une vitrine devant la brune qui vit son reflet fondre dans une flamme.

Tombant à plat dos, Leslie put apercevoir dans le ciel cette sinistre marque  verdâtre qui avait, pendant bien des années, terrorisée le monde sorcier. Elle était née après la guerre, mais la marque des ténèbres était connue de tous. Un frisson secoua la jeune sorcière, un nouvel éclair vert grésilla au dessus de sa tête. Un corps sans vie s'écroula aux pieds de la brune qui, l'espace d'un temps, n'osa  pas se lever. Les cheveux imbibés du sang qui couvrait les pavés, elle roula sur le côté et remonta sur ses pieds après que la robe noire du mage eut disparu au coin d'une ruelle.

L'odeur, entre autre, du quartier partiellement carbonisé rendait l'adolescente particulièrement nauséeuse. Courant d'une rue à l'autre, avec pour seul objectif de s'éloigner de cet endroit, la petite sorcière crasseuse et fatiguée tourna au coin d'une ruelle vide, trébucha, se releva. L'homme en noir devait être là avant elle. Une baguette pointée en sa direction, elle s'arrête net.

« Oh ... je t'attendais... aujourd'hui Leslie, tu vas mourir »

Un nouveau frisson secoua l'adolescente. N'était-elle pas déjà morte ? Comment cet homme encapuchonné pouvait-il connaître son nom ? Ils devaient se connaître, sans aucun doute, mais d'où ? Leslie n'avait jamais connu le moindre ancien mangemort. Qui était cet homme ? Elle n'en savait rien. En revanche, elle savait que malgré son instinct qui lui hurlait de s'enfuir au plus vite, elle n'arrivait plus à bouger. La peur, l'épuisement, le mystère que représentait cet inconnu, elle ne parvenait plus à poser un pied devant l'autre. Elle aurait dû : la menace de la baguette pointée sur elle était bien réelle.

La main sur sa baguette, l'adolescente papillonna des cils pour chasser une larme au coin de son œil. Cet homme ne devait pas savoir à quel point il lui faisait peur. Les doigts tremblant, le souffle court, Leslie n'avait jamais voulu mourir, encore moins de la main de l'un de ces mages noirs terrifiants supposés appartenir au passé. Réagir, il fallait qu'elle réagisse, qu'elle parte se cacher en vitesse ou qu'elle attaque la première, mais face à un mangemort, avait-elle vraiment une chance ? Ils étaient célèbres pour leurs tristes méfaits, une petite fillette de quatorze ans ne pouvait pas espérer faire face à l'un d'eux.

Le froid avait disparu au profit d'une chaleur humide et étouffante qui infiltrait le tissu de son polo déchiré et couvert de sang. Le sien ? Elle ne se sentait pas blessée, mais la simple idée d'être trempée du sang de quelqu'un d'autre la rendait malade. Et puis, à en croire l'inconnu en face d'elle, la question risquait de trouver sa réponse rapidement. Récupérant le contrôle de son corps, Leslie tendit une main devant elle, vaine tentative désespérée de pousser le mangemort à y réfléchir à deux fois.

« Papa s'il te plaît... »

Elle n'eut pas le temps de finir cette phrase au début déjà si insensé. Cet homme ne pouvait pas être son père, mais Leslie avait un autre problème pour le moment, et d'autre mesure, puisqu'un sortilège fusa dans la ruelle, effondrant par la même occasion un pan de mur entre le mangemort et la brunette. Celle-ci se prit à espérer que le mur avait écrasé, tué et réduit en poussière l'homme en noir, mais profita de la confusion ponctuelle pour faire demi-tour et se cacher dans la ruelle d'où elle venait. Elle aurait dû courir, s'enfuir loin  de cet homme qui voulait sa peau, mais elle n'arrivait pas à s'y résigner. S'enfuir serait vain, tourner le dos à quelqu'un qui veut vous tuer stupide. Elle ne savait absolument pas comment réagir à la situation mais était persuadée d'une chose : ce qui est mort ne saurait mourir.

La brunette inspira un grand coup en entendant des pas s'approcher. Peut-être ne pouvait-elle pas mourir, mais elle préférait ne pas prendre de risque. Elle prit des jambes à son cou, détalant au plus vite dans les rues dévastées.

« Lacarnum Inflamare ! » s'exclama-t-elle en pointant sa baguette dans son dos.

Ce n'était pas grand chose, mais si ça pouvait lui donner une seconde d'avance sur le mangemort, ça ne lui coûtait rien en échange.

Ses propres flammes manquèrent de lui bouffer le visage. La chaleur destructrice à ses trousses, le mangemort semblait s'être pris dedans, et il n'y avait derrière la jeune fille que les flammes brûlantes de son sortilège... et un sort crépitant à son oreille. Le premier d'une longue série. La chaleur l'étouffait, la fumée l'aveuglait, les sorts et rires sinistres des mangemorts continuaient de fuser de toutes parts à travers les ruelles. Elle était désormais incapable de retrouver son chemin. Le sol, si chaud, semblait coller à ses bottes et fondre un peu plus à chacun de ses pas. Rien n'importait plus que de se tirer d'ici, au plus vite. Le décor autour d'elle était ce qui correspondait au mieux à l'idée qu'elle avait de l'enfer.
Leslie hurla (doux euphémisme) en sentant une main étonnement glacée attraper son bras et la tirer dans une ruelle affluente. Elle secoua son bras tant qu'elle put, essayant vainement de se débarrasser de cet agresseur trop fort pour elle. Tout le monde était trop fort pour elle de toute façon. Elle manqua même d'envoyer son poing dans la figure de l'autre, avant de reconnaître la blondeur caractéristique (étrangement pâle malgré la rougeur omniprésente) d'Effy Rees. Elle aurait pleuré de bonheur, si la chaleur n’asséchait pas ses yeux, et si le bonheur pouvait exister ici bas. Mais oui, Effy était un bonheur au même titre qu'une fontaine d'eau fraîche au milieu de ce brasier :

« Mais alors toi, t'es complètement malade de foutre le feu à la ruelle sans regarder ! J'ETAIS DERRIERE TOI DEBILE ! Bon bref, on s'en fout, t'as rien, tu peux marcher ? Enfin tu peux courir ? Mais bordel, c'est quoi ce merdier ? Où on peut aller ? T'as ta baguette ? Bon allez, on bouge. »

Leslie se contenta de hocher la tête. Les questions n'appelaient pas de réponse dans tous les cas. Effy se répéta avant d'écraser le poignet de la brunette dans entre ses doigts comme pour s'assurer qu'elle ne glisserait pas. Leslie fut cependant incapable de bouger un pied. Elle n'était pourtant pas engluée dans le sol, ni attachée, mais avancer lui semblait sur le  moment aussi difficile que de déplacer une montagne. Mais Effy semblait si déterminée à courir toujours plus loin sans s'arrêter, Leslie ne pouvait simplement plus courir. Elle ne savait pas pourquoi, mettre un pied devant l'autre n'est pas compliqué, mais alors pourquoi donc n'était-elle pas foutue de faire fonctionner ses jambes ? La jeune fille tomba à genoux dans la ruelle.

« Effy ! » Appela -t-elle en toussant pour que son amie ne s'éloigne pas

Elle était déjà assez perdue comme ça, sans avoir besoin d'en rajouter encore d'avantage en perdant son amie à peine retrouvée. Qu'était-il arrivé au monde pour que tout le monde se retrouve ainsi piégé dans cet enfer perfide ? Et si elles pouvaient mourir ici, qu'y avait-il après l'enfer ? Était-ce seulement possible d'en sortir, ou était-ce un jeu sordide dont un sadique immoral tirait les ficelles ? Des règles du jeu, elles devaient certainement en avoir à suivre, mais Leslie n'avait pas la moindre idée de ce qu'elles pouvaient être.

« Entrez, vite ! »

Passer la porte qu'on les invitait à franchir revenait soit à se jeter dans la gueule du loup, soit à tricher, mais la brune n'en avait plus rien à faire de respecter quelconque enfoiré qui les aurait balancées ici. Quitte à se faire exploser la cervelle à l'intérieur, Leslie voulait bien prendre le risque. Elle espérait seulement qu'Effy soit partante aussi. S'aidant de la main de son amie pour se relever, la plus jeune la tira à l'intérieur. Il semblait donc qu'elle aie retrouvé l'usage de ses jambes.

« On doit essayer... » marmonna-t-elle dans sa barbe pour se convaincre elle-même que c'était une bonne idée plus que pour le dire à Effy.

Isolée du chaos, l'intérieur de la maison était trop calme, trop frais, trop différent de l'extérieur rougeoyant et brûlant pour être réel. Trop parfait. Quelque chose clochait sans que Leslie ne puisse dire quoi. La personne qui leur avait ouvert sa porte avait disparue, comme si elle n'avait jamais existé. Leslie s'accrocha au bras d'Effy comme une enfant dans les jupes de sa mère. La maison ne lui inspirait rien de bon. Où était celui qui leur avait ouvert la porte ? Pourquoi tout semblait soudain isolé du monde, trop froid même, comme si les griffes de la Mort  s'étaient refermées sur elles.

« C'était une idée pitoyable Effy... Sortons d'ici et vite ! »

La brunette jeta un regard en arrière. La porte avait disparue. Elles étaient condamnées à rester prisonnières, à rôtir dans cette baraque quand les flammes se rendraient compte qu'elles n'étaient pas encore passé par ici. Un frisson lui agita l'échine, elle n'avait même pas le courage de regarder autour d'elle, trop effrayée de ce qu'elle pourrait découvrir dans cette maison. La tête cachée dans le bras de son aînée, elle n'osa plus bouger jusqu'à ce qu'un rire sinistre, sadique et froid, à vous glacer le sang, ne retentisse. Si près, juste à l'oreille de la jeune Poufsouffle. A moins d'être à la place d'Effy, il était impossible que le rire soit assez près. Leslie pouvait sentir le souffle froid du mangemort à son oreille. Relevant la tête lentement, tremblotante, la jeune fille recroisa le regard si perçant du mangemort. Hurlant à en faire pâlir la grosse Dame de jalousie, elle appela son amie en gueulant pendant que l'autre lui arrachait sa baguette avec une facilité déconcertante. Seule et sans baguette, elle ne pouvait même plus mettre un mur de flamme en entre eux. Au moins Effy avait pu s'en tirer.

Le mangemort avait disparu. Il avait embarqué la baguette de l'adolescente et disparu. Quel était le but derrière tout ça ? Pourquoi chercher ainsi à la piéger si il abandonnait la seconde d'après à la tuer ? La mort devait être un supplice trop doux aux yeux sadiques du mangemort. Persuadée que l'attendait bien pire qu'un simple éclair verdâtre, Leslie n'osait pas bouger. Un bruit léger et discontinu s'échappait de la pièce d'à côté. Aucune porte ou aucun rideau ne séparait les deux espaces, mais il était strictement impossible de voir ce qu'il se passait de l'autre côté. Comme si l'autre pièce était uniquement remplie de ténèbres. Cette pièce ci était vide. Devait-elle avancer,  rester sur place, attendre son heure ou attendre Effy ? Non, Effy devait s'être enfuie, ça aurait été une réaction plus que logique. Ou peut-être était partie chercher de l'aide. Sans grand espoir non plus, Leslie gardait dans un coin de sa tête la possibilité de voir son amie débarquer telle une héroïne et la sauver de cette mauvaise passe.
Mais l'endroit était si froid que Leslie en venait à expirer de la buée, si froid que le mangemort devait les avoir faits transplaner pour arriver ici, si froid que toute notion de chaleur ne semblait être qu'un lointain concept. Si elle restait sur place, elle mourrait avant que qui que ce soi ne puisse venir l'aider. Si quelqu'un venait, et déjà ça, rien n'était moins sûr. Elle n'avait jamais envisager la cryogénie, elle préférait ne pas tester aujourd'hui. Même si le premier pas sembla lui coûter jusqu'à la dernière parcelle d'énergie qu'il lui restait, les autres furent sensiblement plus fluide, de plus en plus, à tel point que la brunette avait l'impression de glisser sur le sol, ou de voler ras pâquerettes. Ne plus sentir ses jambes bouger aurait dû l'inquiéter, mais elle ne pouvait pas s'inquiéter d'avantage : elle n'avait plus qu'à avancer dans l'autre pièce. Si la situation ne la stressait pas autant, Leslie aurait pu se croire dans un jeu vidéo
Drôle de jeu vidéo cependant, pas le genre duquel on veut se retrouver coincer dedans, plutôt celui auquel on préfère ne jouer qu'avec les amis sous peine de ne pas réussir à dormir. Et elle n'avait même pas envie de jouer. Le mangemort en revanche devait s'amuser comme un petit fou. Qui n'avait jamais envoyé un personnage de jeu volontairement vers la mort, pour observer son destin tragique et découvrir, pop-corn à la main, la manière précise dont il allait mourir ? A cet instant précis, Leslie se sentait comme un sims dans une piscine qui découvre que l'échelle vient d'être enlevée.

Les ténèbres de la deuxième pièce engourdissaient tous les sens, anéantissait tous les repères mais s’éclaircissait à mesure que la brunette plongeait dedans, la libérant de l'entrave qu'elles auraient pu représenter. C'était trop facile. Si les ténèbres et cette sensation de vide absolu n'était plus un problème, que pouvait bien préparer le mangemort d'encore plus maléfique ? Il y avait forcément un piège, elle ne devait pas mordre à l'hameçon si facilement. Analyser, analyser bon sang ! Un semblant de clarté revenait, et Leslie arrivait à voir près d'elle. Du sang un peu partout, pour ne pas changer, la dégouttait autant par l'odeur que par la large rivière qui courait sur les sol. Littéralement, la rivière de sang rampait comme un énorme serpent.
A l'autre bout de la pièce cependant, une silhouette se détachait d'un mur, une silhouette si familière aux yeux de Leslie. Pourtant, malgré toute la bonne volonté de l'univers, impossible de la reconnaître. Assis à même le sol si sale, la tête penchée sur le côté, l'adolescente s’apprêtait à parier que l'autre était mort. Si le sang par terre était à lui, il ne faisait aucun toute qu'il n'en restait plus une goutte dans son corps. S'approchant à pas de loup, sans faire de mouvements brusques pour ne pas déclencher quelconque fourberie digne des Hunger Games, elle tentait d'atteindre cette autre personne quand son cœur loupa un battement.

« PAPA ! », hurla-t-elle en abandonnant son calme pour se précipiter vers son père.

C'était bien son père cette fois ci, par le mangemort corrompu par la magie noire qui avait tenté de la tuer dans une ruelle cinq minutes auparavant. Non, son vrai père, son papa comme elle continuait à l'appeler. Celui avec qui elle avait été adopter Capone à la fin des vacances. Une larme coula sur sa joue. Si son père était dans cet Enfer avec elle, il était mort lui aussi, comme Effy, mais leur  mort n'avait pas signifié la fin de ce calvaire. La preuve : le mangemort l'avait enfermée dans cette maison étrange, glacée malgré les flammes, et terrifiante, sans baguette, pour la mettre en face de ses pires peurs sans qu'elle puisse les affronter. La perte de son père était,  en effet, la pire peur de Leslie. Si lui n'avait pas été capable de défaire le mangemort, elle n'avait qu'à abandonner. Pourtant quelque chose, l'instinct peut-être, lui soufflait qu'elle n'avait pas le choix.
Agenouillée près de son père, la jeune fille commençait à perdre le peu de sang froid qu'il pouvait encore lui rester. Les larmes envahissaient ses yeux, coulaient sans retenue sur ses joues. Son père était tellement blessé, disloqué même. Sa mort n'avait rien de naturelle et avait sans nul doute été planifiée pièce pour pièce par le mangemort sadique, mais l'effet était là : sans son père, Leslie n'avait pas de raison de continuer. Il n'y aurait plus personne pour l'amener au Poudlard Express, ou lui envoyer une beuglante quand elle ferait trop de bêtises. Mine de rien, elle les aimait bien ces beuglantes. Aucune volonté pour se relever et continuer. Il n'y avait pas d'issue dans tous les cas. Elle allait mourir de froid, si la fin ne la tuait pas avant, et le mangemort pourrait observer le paroxysme de son œuvre. Avec un peu de chance, il viendrait l'achever.

Les yeux clos, le souffle lent, Leslie attendait. Quoi ? Excellente question, mais elle attendait. Le silence fut cependant coupé par un bruit de respiration et un nouveau rire sadique. Le mangemort était revenu finir son jeu, ou justement la forcer à se relever, mais une petite voix (celle d'Effy étonnement) lui souffla que ce rire n'appartenait pas à un homme. Un rire féminin. Et si justement, Effy n'avait jamais été là, mais bien un second mangemort sous polynectar ? Tout n'avait donc était écrit que pour la tourmenter ? C'était presque trop. Les mangemorts étaient une espèce en voix de disparition, pourtant ils étaient si nombreux au chemin de Traverse ! Ça ne pouvait être ainsi. Mais tout ça était si réel, que Leslie ne pouvait qu'y croire. Et si le mangemort avait pu prendre un cheveux d'Effy, il devait l'avoir entière, en morceaux peut-être ? Elle n'avait rien pu faire pour son papa, mais si Effy était vivante, elle allait la retrouver, la sauver des griffes des mangemorts. Mais d'abord, il fallait qu'elle dégage l'autre. La baguette de son père était au sol : elle l'attrapa de sa main tremblotante et la serra comme si elle était plus précieuse que tout au monde. Elle l'était dans le fond : la dernière partie de l'âme de son père, et elle allait l'aider à dégommer ces adeptes de la magie noire.
Le visage du mangemort n'était pas celui d'Effy, mais un encore plus familier. Sa mère. Elle qui s'était toujours affichée anti-sorcier, la voilà partie intégrante de la pire branche de la sorcellerie. Sa mère avait sans doute toujours eu ses pouvoirs. Elle avait passé sa vie à mentir et à les détester, ça n'avait rien d'étonnant. Leslie détestait sa mère, cette... il n'y avait pas de mot pour la décrire. La méchanceté suintait par tous les pores de sa peau. Leslie allait la tuer pour avoir tuer son père, et avec la propre baguette de ce dernier. La boucle serait bouclée.

« LESLIE, DRAGON! »

Ça en revanche, c'était bel et bien la voix d'Effy. Venant de l'extérieur. Il y avait donc bien moyen de retourner à l'extérieur ! Mais d'abord, Leslie tuerait sa mère, elle se l'était promis, elle vengerait son père. Elle n'avait rien compris à cette histoire de dragon, et pour l'instant ne voulait pas y réfléchir, toutes ses capacités de raisonnement étaient bien trop loin derrière la rage qu'elle éprouvait pour véritablement y prêter attention.
Le bâtiment s'effondra d'un coup, dans un rugissement strident. Dragon ! Effy l'avait avertie, mais elle n'y avait pas prêté attention. Il était trop tard maintenant, le toit était éventré, les poutres et les briques  lui tombaient sur la tête. Une griffe manqua de lui épiler un sourcil et elle se retrouva très vite ensevelie sous une épaisse tonne de toit et de murs. Sa mère devait y être aussi, elle ne devait pas se laisser écraser par ce poids oppressant avant d'avoir atteint son but. Rampant tant bien que mal à travers les débris en entendant Effy appeler après elle, elle finit par trouver ce qui ressemblait à une échappatoire vers l'extérieur. La chaleur était revenue, plus étouffante que jamais, mais Leslie s'en foutait. Sa mère ne devait pas s'échapper.
Son cœur faillit la lâcher de nouveau lorsqu'elle s’aperçut qu'Effy n'était pas seule. Elle semblait chercher quelqu'un sous le bâtiment effondré, elle sans doute, mais Effy n'était pas la cause de sa soudaine tension. Sa mère, aussi propre que si elle venait de s'habiller. Pas de poussière, ni de sang, contrairement à sa fille qui s'était finalement largement blessée dans l'intervention du dragon. Elle disparaissait dans la foule de mangemorts. Boitillante, le bras gauche complètement déboîté, la brune restait cramponnée à la baguette de son père comme s'il s'agissait de la Vorpaline. Elle sait ce qu'elle veut, il suffit de s'y accrocher. Elle devait suivre sa mère, lui jeter un sort. Nan, il fallait qu'elle lui jette Le sort. Elle n'avait pas le courage cependant.

« Stupéfix ! » Hurla-t-elle à la place.

Le sortilège n'atteignit même pas sa mère, mais un mangemort qui s'approchait bien trop d'Effy. A la voir ainsi, à soulever des pierres pour la trouver elle, Leslie préférait sauver son amie que venger son père. Elle aurait d'autre occasion, alors que si Effy mourrait, elle ne pourrait plus jamais lui sauver la vie. Elle continua sa route pour retrouver son amie.

« Fais-en un truc de ces briques Effy ! Jette leur dessus au moins ! »

Quitte à les avoir faites léviter, autant en faire un truc. La brune sauta de poutre en brique vers la blonde et lui attrapa le poignet. Il fallait partir, encore et toujours. Juste contre sa mère, les deux filles auraient eu leur chances, mais les partisans du seigneur des Ténèbres semblaient de plus en plus nombreux secondes après secondes. Leur nombre était anormal. Sans parler du dragon. Cette énorme bestiole ne crachait même pas de feu : il était dangereux et inutile ! Quelle idée d'avoir ramener un dragon, et surtout ; où l'avait-elle trouvé ?! Un rugissement retentit alors que le dragon miniature gardait la gueule fermée. Parce qu'il y en avait plusieurs en plus de ça ? Ces horreurs auraient leur peau avant les mangemorts !

« Effy ? » demanda-t-elle, un brin paniquée. « Tu sais buter ce truc rassure moi ?! »

Elle lançait des sortilèges de stupéfixion en rafale, trois sur quatre ne quittant même pas sa baguette. Les mangemorts étaient toujours plus nombreux, leurs rangs semblaient grossir dans les rues comme des blancs en neige dans un bol. Et il en arrivait de partout. Les deux filles étaient encerclées par ces saloperies, un dragon venimeux bouchant leur potentielle « issue de secours », un autre au dessus de leur tête.

« Effy ! » Hurla-t-elle.

Cette idée était pourrie, définitivement pourrie. Certes, il y avait assez de place pour caler deux adolescentes sur le dos du gros dragon qui commençait déjà à tout cramer, mais elles ne pouvaient pas faire du dragon comme ça ! C'était pas un gros poney non plus ! Il fallait qu'elles prennent de la hauteur, mais monter sur un dragon ? Non, elles monteraient sur un toit à la rigueur, mais pas sur le dragon. Pour l'instant il semblait plus intéressé par les plus gros tas d'humains, bouffant un mangemort à droite à gauche comme des biscuits apéro. Et même s''il semblait à terre, ses griffes faisaient quand même la taille de l'avant bras de Leslie. Beaucoup plus inquiète du dragon à terre que du reste, peut-être à tord, Leslie attrapa dans une grimace de douleur la taille de son amie, sa baguette tendue vers le toit le plus proche et s'écria :

« Ascensio ! »

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