Avec Lucas Young

On the way home

Quitter Poudlard m'inspire toujours des sentiments un peu contradictoires. D'un côté je suis contente, parce que je vais revoir papa, Bigbang et que je vais retrouver la maison, mais de l'autre, je quitte les dortoirs, les cours et le château. La première année, j'ai pleuré en repartant, parce que je savais que je devais retourner chez maman aussi, seulement là je sais que je n'irai pas pendant les vacances : papa m'a envoyé un hibou pour me dire que je ne suis pas obligée, si je n'ai pas envie. Et j'ai pas envie, donc l'été va être beau. Ainsi, je ne sais vraiment pas si je préférerais rester ou partir. Tant mieux qu'on prenne la décision à ma place. Je pourrais rester des heures assise sur mon lit à réfléchir à la meilleure chose à faire. Partir, rester ? Là, je n'ai pas le choix, je pars, ma valise est faite et n'attend que que je la descende et qu'on parte au train.
J'ai dû m'asseoir dessus et même sauter pour réussir à la fermer : pendant les visites de Pré-au-lard, j'ai acheté plein de choses un peu inutiles tout au long de l'année, alors ma valise a eu du mal à se fermer correctement. Je prends Symba dans mes bras, le pauvre, il était allongé si confortablement sur mon matelas, la tête dans les pattes. Il miaule légèrement en signe de protestation, alors je me sens un peu coupable. Lui, il n'a pas la moindre hésitation : il veut rester ! C'est vrai qu'il n'y a pas autant de chose à découvrir à la maison qu'au château, il va commencer à s'ennuyer de la maison. Mais ne t'inquiète pas mon gros ! On revient dans deux mois, précisément ! Il s'assit sur la valise et attend d'un air grognon qu'on parte de la.
Je tire ma grosse valise avec moi jusque dans les calèches, puis des calèches à la gare. La foule d'élèves m'empêche de voir qui que ce soit avec qui j'aurais envie de passer le trajet. En fait, je ne sais même pas avec qui je veux voyager. Je récupère mon chat dans mes bras, et je dépose ma valise dans le wagon spécial pour les valises. Je n'ai pas de panier à chat, Symba a toujours refusé d'entrer dans l'un d'eux. Je vois du coin de l’œil deux filles de septième année se prendre dans les bras en pleurant, je détourne la tête automatiquement : voir les gens pleurer, même des inconnus, me fait pleurer, par réflexe peut-être. Je n'aime pas ça, mais on me dit  parfois que c'est une qualité, l'empathie. Je vais le prendre comme tel. Je renifle sans grande classe et essuie rageusement les trois petites larmes qui ont fait le mur sur mes joues. Je serre tellement Symba qu'il se débat dans mes bras. Désolée mon bébé. Je le lâche par instinct, puisque je n'aime pas lui faire mal, mais il disparaît dans la foule. Mince ! Il va falloir le retrouver, et vite, je ne peux l'oublier ici après tout. Je suis le chemin que je l'ai vu emprunter avant qu'il ne disparaisse et finis par le voir, ronronnant aux pieds d'un gryffondor de mon année, Lucas. Enfin, plutôt ronronnant sur le chat de ce dernier. On dirait qu'ils sont amis. Je n'ai jamais été spécialement proche de Lucas, mais c'est là l'occasion d'aller lui parler. Je trottine dans la foule jusqu'à lui, me penche, rattrape mon chat puis adresse un sourire un peu contrit.

« Désolée, je l'ai perdu de vue un instant, et il a filé ! Il ne t'a pas ennuyé au moins ? »  

Je le connais ce gros chat ! Il fait les yeux doux à tout le monde, mais il peut être super embêtant !

Avec Lucas Young

On the way home

Symba me regarde vraiment avec ses petits yeux tous ronds, exactement comme s'il venait de faire une bêtise et qu'il ne voulait pas que je le gronde. Il pose les pattes avant sur mon épaule et vient ronronner dans mon cou, comme il fait pour se faire pardonner. Mais bon, je ne sais pas s'il a fait quelque chose de mal, je ne vais pas le gronder, alors je caresse le haut de sa tête pour l'apaiser, il se laisse tomber en sac de patate sur  mon épaule. Alors Lucas m'annonce que Symba ne l'a pas embêté. Tant mieux ! Ça aurait parfaitement été son style de faire ça, mais tous les chats sont joueurs, je ne peux pas lui en vouloir pour ça, et il perdrait beaucoup de son charme s'il arrêtait de miauler et de s'échapper tout le temps.
Pendant que je lui fais un bisous sur la tête, j'écoute Lucas annoncer qu'il va poser sa valise, et qu'il veut bien qu'on trouve un compartiment ensemble. Là, je suis vraiment contente, alors je souris, et je l'attends comme il a dit. Je ne vais pas partir sans lui de toute manière ; il a si gentiment accepter de passer le voyage avec moi ! J'aurais pu partir en avant pour chercher un wagon, mais peu d'élèves sont déjà dans le train, alors on aura pas de mal à trouver. Je papouille mon gros roux le temps que mon camarade revienne. Il me laisse monter la première dans le train, l'attention me fait sourire alors je souffle un petit « merci » presque inaudible en espérant qu'il l'entende malgré tout.
Une fois montés à bord du train, le bruit du quai de gare s'estompe un peu : les élèves sont encore presque tous dehors, à se dire au revoir les uns les autres, alors le train est presque vide, ça ne va pas être dur trouver un compartiment vide. Preuve en est, dès le deuxième, il y en a un vide. J'ouvre la porte et entre en première. Je l'aurais bien laissé passer d'abord, mais s'il m'a faite monter dans le train la première, il y a fort à parier que l'inviter à faire de même pour entrer dans le compartiment débouche sur  une guerre de politesse inutile. Bref, j'entre, et je m'assieds en tailleur sur un siège. J'attends que Lucas en fasse autant, je pose mon chat qui se blottit dans un coin de la banquette puis j'ouvre mon sac pour dévoiler les trésors qu'il contient: il est remplit de bonbons, de farces et attrapes, d'un jeu d'échecs version sorcier... Je renverse tout sur la banquette, sans ménagement.

"Tu peux prendre ce que tu veux! Sers-toi!" Puis je décide d'engager la conversation sur un sujet plutôt basique en fin d'année: "Tu as bien réussi tes exams'?" Je sais qu'il n'est pas l'élève le plus au travail, mais j'espère quand même que tout c'est bien passé pour lui!

Avec Lucas Young

On the way home

Les bruits du quai de déplacent peu à peu vers l'intérieur du train. Tout le monde se résigne finalement à quitter l'école et on peut distinguer toutes sortes de conversations, de la plus anodine sur l'été qui s'annonce radieux à la plus enthousiaste sur la Coupe du monde de Quidditch. Lucas lui, préfère lancer la conversation sur les chats, alors j'en profite pour caresser la tête de mon gros lard qui ne va pas tarder à s'endormir. Rien ne le perturbera jamais son sommeil. Et puis il faut bien l'avouer, les chats sont un sujet bien moins sensible que les examens généralement. Bonne idée griffon. Je lui fais un sourire pour calmer un peu ses inquiétudes.

« Ça dépend des fois, mais une fois qu'il s'est jeté dans les bras de Morphée, il n'aime pas trop en ressortir, donc on est tranquille pour un moment. Imperturbable le gros lard ! »

Après, ça aurait plus été mon genre d'embêter sa chatte, on ne va pas se mentir, parce que ses oreilles m'intriguent énormément. Ce n'est pas la race de chat qu'on croise le plus souvent, mais s'il est sûr à ce point que sa chatte va se mettre à courir partout et qu'il ne veut pas passer trois heures à lui courir après, je ne vais pas tendre la perche. Je me contente donc de ne tendre que la main pour lui faire une papouille, sans plus.
Mais peu importe les chats, maintenant qu'ils sont bien calés, qu'ils dorment et n'embêtent pas mon compagnon de route ! Personnellement, je trouve qu'ils mettent un peu d'animation quand on en a besoin, mais Lucas préfère parler Quidditch et famille. J'essaye d'imaginer ce que ça doit faire d'avoir une petite sœur qu'on n'a encore jamais vue. Je n'en aurai jamais, mais je réussis à imaginer comment Lucas doit se sentir.

« C'est génial ! » Je m'exclame. « Enfin, je veux dire, c'est pas génial de ne pas encore avoir vu ta petite sœur, ni de ne pas pouvoir aller à la coupe du monde, ça non, mais ça reste un événement magnifique un bébé non ? Ça montre que vous êtes une famille qui sait rester unie dans le temps, c'est beau ça ! Comment elle s'appelle ? Et vous êtes combien d'enfants dans ta famille ? » Je me calme soudainement et fronce un sourcil en lui adressant une moue désolée. « Pardon c'est pas mes affaires... j'ai le don pour poser des questions déplacées. »

Je dis ça parce que je m'aime pas qu'on me pose des questions sur ma famille, puisque je ne l'admettrai jamais à voix haute, mais une famille soudée vaut toutes les coupes du monde qui existent, donc j'imagine que ça doit le gêner aussi, les gens qui posent trop de questions. C'est sa vie après tout. Alors je reprends sur un sujet qui me semble moins glissant.

« J'y vais oui, à la coupe du monde, avec mon père, mais j'ai aussi plein de trucs de prévu puisque ça dure pas tout l'été non plus, j'ai prévu d'aller à la mer pour faire des balades avec mon poney et mon père m'a promis qu'il m'emmènerait aux championnats d'Europe de horse-ball ! »

Je dis ça avec des étoiles dans les yeux. Je fais du horse-ball depuis que je suis haute comme trois pommes (s'il vous plaît, aucune blague sur le fait que je fasse toujours trois pommes de haut), alors j'ai toujours rêvé de voir les championnats d'Europe, histoire de voir l'Angleterre mettre la pâtée aux français. Je n'ose pas trop lui demander ce qu'il va faire de son côté, puisque si sa petite sœur vient d'arriver, ça risque d'être défilé de famille pour recevoir les félicitations de tout le monde. Du coup, je ne sais pas trop si la question se pose.