Repos & Friandises

Les copies s’espaçaient, le beau temps s’installait pour de bon, et Olivia retrouvait enfin du temps pour elle. Elle avait l’impression tenace d’être une élève à la fin des examens, et ne se serait jamais doutée que son sens (inexistant) de l’organisation aurait été mis à si rude épreuve. Enfin, tout cela serait bientôt derrière elle pour... deux mois. Qu’importe, cela suffisait déjà à la réjouir durablement.

A la fin de sa journée, comme pour se récompenser elle-même du travail qu’elle venait de fournir, Harper s’était donc accordée une virée à Pré-au-Lard en solitaire. Elle aurait pu sans doute proposer à un ou une collègue de l’accompagner, mais elle n’en ressentait ni la nécessité, ni l’envie. Et puis, en fin d’après-midi comme maintenant, elle avait peu de chance de croiser quelqu’un dans les couloirs. Elle put donc s’échapper du Château en toute discrétion, goûtant un peu au calme salutaire. Son premier réflexe aurait été de se rendre aux Trois Balais, mais sa dernière discussion avec Liana lui en passait un peu l’envie. Elle n’avait décidément rien contre la serveuse, mais la gêne s’était quelque peu installée. Ses pas la conduisirent donc jusqu’au magasin de confiseries, Honeydukes. Olivia retint un petit sourire en passant le pas de la porte. Plus jeune, encore élève à Poudlard, elle aimait y passer à chacune des sorties à Pré-au-lard, et si elle s’était écoutée, elle aurait fini le nez collé contre les bocaux de bonbons, à baver comme si elle n’avait jamais eu la moindre dignité.

Perdue dans ses pensées, Olivia ne faisait pas attention le moins du monde à l’endroit où elle mettait les pieds. Et ce qui devait arriver arriva : elle percuta quelqu’un, et recula d’un pas, surprise. Relevant les yeux vers le visage de l’homme, elle se confondit en excuses. -Oh je suis vraiment désolée ! Je ne regardais pas où j’allais, il n’y a pas de mal j’espère ? Balbutia -t- elle nerveusement. Cela ne lui ressemblait pas. Mais en vérité, elle avait cru reconnaître le visage qui s’offrait à sa vue, bien que cette sensation s’était évaporée dès qu’elle avait cherché à y mettre un nom. Cela avait toutefois eu le mérite de la déstabiliser, d’où le lamentable bafouillage.

Repos & Friandises

L'homme ramassa le sachet de friandises qu'il avait failli laisser tomber, et Olivia profita de ce court laps de temps pour rattraper son propre sac débordant de feuilles et de morceaux de parchemins couverts de notes en tout genre. Elle s'accroupit pour récupérer les quelques feuilles volantes qui avaient eu l'audace de se faire la malle, et tandis que l'homme la rassurait quant à l'incident, elle lui lança un sourire distrait avant de se plonger dans l'inventaire angoissé de ses affaires. Ouf, rien n'avait été perdu. Et ce ne fut qu'à ce constat qu'Olivia se rendit compte qu'en plus de se montrer maladroite, elle avait été incroyablement grossière. -Oh, encore pardon, visiblement j'ai oublié mes bonnes manières au Château... Vos fils, dites-vous ? Ils sont à Poudlard? S'exclama la jeune professeure d'un air affolé, plus par politesse qu'autre chose.

Puis l'information la fit tiquer. -Crivey ? Vous êtes euh... le père de Miles et Desmond Crivey ? C'est bien ça? Olivia ne faisait pas partie de ces professeurs exemplaires qui retenaient le nom de leurs élèves en moins d'un mois, et qui étaient capables de demander de leurs nouvelles lorsqu'ils les croisaient, eux ou leurs parents. Non, elle était trop distraite, toujours à courir entre deux cours, et certainement trop obnubilée par sa matière pour songer à apprendre quelque chose d'aussi bassement matériel qu'une liste de noms. Cependant, outre les quelques élèves des année supérieures assez doués ou exécrables pour retenir son attention, les premières années savaient faire exception, instinct maternel oblige. Elle était plutôt du genre à s'attacher à ces chères têtes blondes et leur prêtait une attention toute particulière. Miles et Desmond n'échappaient pas à cette règle, d'autant que leur état de santé était connu du corps professoral, qui gardait ainsi un œil attentif sur eux. Pauvres gosses. -Olivia Harper, j'enseigne les Potions à Poudlard, enchantée! Lança -t- elle immédiatement, ravie de rencontrer un parent d'élève de manière aussi fortuite. D'un geste autrement plus assuré, elle lui tendit une main chaleureuse pour la lui serrer.

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