Rage à l'âme

“La famille !... Impossible de vivre avec, et impossible de naître sans.”

Dimanche 13 mai 2018

La semaine précédente, il avait fait la une des journées et cette semaine Klaus était déjà au courant ! Même pas la peine de chercher qui a cafardé : c'était probablement Caleb ! Qui d'autre ? En attendant c'était fini les révisions avec Molly. Elle aussi avait à faire pour le reste de l'année... Puis t'façon les examens approchaient vraiment de trop. Niklaus s'était isolé seul dans la salle commune pour travailler, demandant à Alek & Albus de ne pas l'ennuyer car il devait absolument réviser. Pour clouer le bec à Klaus. Klaus le parfait. Klaus qui avait joué au grand frère un jour... UN JOUR ! Et après il se permettait de le juger ! De dire qu'il était intenable, qu'il faisait honte à la famille ! Eh bien qu'il ferme sa grande gueule de médicomage ! Puis il ne cessait de lui rappeler la réalité. Que Celian était là et qu'il avait intérêt à être un bon exemple blablabla, que s'il continuait ainsi il aurait pas de tournoi de quidditch! Et qu'Ulricht serait sans doute  envoyé dans la même école de Ludwig s'il continuait, voir aux Etats-Unis à Ilvermorny. Genre, ils avaient que ça à foutre : les séparer. Cela l'arrangeait lui, le grand Klaus asocial et brillant ! Et leurs avis ? On leur demandait leurs avis ? Et puis pourquoi c'était toujours LUI qui envoyait les réprimandes ? Leurs parents étaient pas fichus de le faire ?

« Oh puis ça m'saoule. » Froissant son devoir, le gamin le roula en boule avant de l'envoyer dans l'âtre non loin de la table. Relevant la tête, il croisa le regard d'un élève de troisième année qu'il ne connaissait que de nom : Lucas Young. Lui aussi il faisait perdre des points à Gryffondor, pourquoi on en parlait jamais ? « Qu'est-ce que tu r'gardes ? Parce qu'au cas où tu te poserai la question, les Dubois c'est de la merde. Quoi tu savais pas ? Parce que je crois que t'as pu le lire comme tout le monde dans le Spotted Hogwarts... J'suis bon pour la maison de correction pour jeunes sorciers alors m'emmerde pas ! »

En vrai, il n'avait rien contre le troisième année mais les actualités récentes et la lettre de son grand frère l'avait énervé. Attrapant un morceau de parchemin, le gamin commença à écrire la date avec rage avant d'écrire un « Cher Klaus, mêle-toi de tes affaires. Cordialement. Niklaus, ton petit frère qui ne compte pas devenir un crétin comme toi ! » Il plia ensuite le parchemin en deux. Il le mettrait dans une enveloppe plus tard et il l'enverrait à son frère. Et tant pis des conséquences ! Qu'ils assument ! S'il faisait honte à sa famille alors autant la renier non ? En attendant, il réalisait qu'il avait été vraiment pas cool avec son camarade de maison. Relevant la tête, le gamin grimaça légèrement de malaise avant de reprendre la parole d'une voix bien plus calme.

« Désolé. Ce n'était pas contre toi. Moi c'est Niklaus. Et toi c'est Lucas, Lucas Young, c'est ça ? »

Tendant la main au troisième année, il comptait repartir sur de meilleures bases.

Penaud, Niklaus venait de présenter ses excuses au troisième année qui ne lui avait rien fait. L'article de journal lui restait en travers tout comme la ''trahison'' d'Albus. En plus, il n'avait pas encore la réponse des parents de ses amis et craignait donc que le tournoi de quidditch tombe à l'eau (d'autant plus après la lettre de mister Klaus à la perfection). La réponse de Lucas lui arracha un rire nerveux. Il savait pas ce que ça faisait d'être d'une ''famille célèbre'' lui, Niklaus donnerait tout pour avoir une famille normale et anonyme. Tout le monde idéalisait la sienne. Certains journaux allemands les avait parfois pris en photo en compagnie des Potter. Les deux familles idéalisées... Alors que bon, pour les Dubois c'était genre the famille dysfonctionnelle par excellence mais ça...personne en dehors d'eux ne semblait s'en rendre compte... Seul Alek semblait le comprendre.

Secouant la tête, Niklaus allait abandonner et tourner les talons pour laisser Lucas à son ignorance lorsque ce dernier repris la parole. Il avait beau être cru dans ses paroles, lui au moins était honnête et il prétendait s'en ficher du journal. De plus, la fin de ses propos le rassura un peu (même si le fait qu'il l'ait qualifié de chiant lui restait au travers de la gorge). Lâchant un triste sourire à son condisciple, Niklaus haussa doucement les épaules à la question de Lucas avant de commencer à chipoter à ses manches, mal à l'aise.

« Faut croire que ma famille est pas si idéale. Mon frère aîné m'a encore envoyé une lettre de réprimande parce qu'un grand a dû lui balancer l'article. C'est chiant, t'imagines même pas. Parce que ouais les Dubois sont célèbres mais mes parents ils sont jamais là pour nous puis bon Klaus... s'il pouvait nous effacer d'un coup de baguette il le f'rait. J'te jure, j'préférerai mille fois être orphelin des fois. »

C'était sinistre mais il n'imaginait pas réellement ce que cela faisait d'être orphelin et dépourvu de famille. Il ne voyait que le moyen d'être tranquille, sans pression et sans jugement. A cet instant, il ne pensait même pas à tous les bons souvenirs qu'il avait avec eux... Il voyait seulement qu'il faisait d'énormes efforts pour essayer de rattraper sa moyenne et que malgré tout, on lui tombait encore dessus pour des histoires qui n'auraient même pas dû quitter l'enceinte du château et il trouvait ça tellement injuste qu'il se disait qu'au moins s'il n'avait pas de famille, on lui ficherait la paix. C'était radical mais efficace. En attendant, c'était loin d'être le cas.

Haussant les épaules à la réflexion de Lucas, Niklaus secoua sa tête négativement. « Qu'est-ce que t'en sais d'abord ? C'est encore une de ses règles hypocrites de la société ? » Mais son aîné sembla préféré continuer sur sa lancée de réprimandes. Décidément, il ne valait pas mieux que les autres. C'était un pourri lui aussi. Un pourri qui le jugeait sans le connaître. N'importe qui serait aussi énervé que lui à sa place : n'importe qui ! Serrant les poings, le jeune allemand se contenta de lancer un regard noir à son aîné. Finalement, il aurait jamais dû s'excuser auprès de ce dernier. En plus il pensait que Harry Potter était un exemple... Rigolant doucement dans une espèce de ricanement envenimé, Niklaus secoua à nouveau la tête vigoureusement. « Tu le connais pas et tu portes des jugements sur ce qu'il pense. C'est ça qui est nul chez vous tous. Il en parle pas si mal des Dursley tu sais. Puis ses parents n'étaient pas les miens. Tu aurais les miens, tu comprendrais. T'aurais mes frères aussi... » Semblant rebondir sur ses propos, Lucas parla alors de chance d'avoir des frères et du fait qu'il allait lui-même devenir grand frère.

Soupirant, Niklaus secoua la tête à nouveau avant de le toiser. « Content pour toi. » lui lâcha t-il d'une voix sans émotion, convaincu qu'il ne servirait à rien de chercher à lui faire comprendre qu'avoir des frères pouvait vraiment être une malchance. « En attendant c'est moi droit de penser que j'aurai mieux été si j'avais été réellement seul. Quoiqu'il en soit je vois que ça sert à rien d'essayer de t'expliquer. T'es comme les autres : tu peux pas comprendre. Alors tu m'excusera, j'ai d'autres choses à faire. » Comme aller récupérer ses affaires et se carapater dans son dortoir. Le seul lieu de paix dans ce château, avec les gradins du terrain de quidditch...mais la drache qui tombait dehors ne l'invitait pas à s'y réfugier.

Attrapant son sac, Niklaus y fourra en vrac ses plumes, son encre et ses livres de cours avant de foncer vers son dortoir en ignorant Lucas. Il aurait voulu à cet instant disparaître du monde. Et qu'on lui fiche la paix.